Éditorial FCN

Ce n’est pas tant les mesures fiscales à l’intention des propriétaires forestiers du dernier budget Leitao qui me réjouissent, mais la reconnaissance par le gouvernement du rôle que peuvent jouer les producteurs de bois en forêt privée dans le développement économique des régions du Québec.

Au cours des dernières années, les producteurs forestiers ont traversé des moments difficiles avec les fermetures d’usines, les réductions du prix du bois et les restrictions budgétaires dans les programmes de soutien à la sylviculture, mais le dernier budget pourrait représenter un renversement si le gouvernement perçoit davantage la forêt privée comme une solution à la création d’emplois, l’approvisionnement des usines de produits forestiers et la revitalisation des milieux ruraux. Ce n’est pas banal et je tiens à féliciter tous les individus qui ont contribué à convaincre les autorités gouvernementales ainsi que le ministre Lessard qui a martelé depuis sa nomination l’importance de la forêt privée.

Concrètement, le budget du Québec prévoit une série de mesures visant à accroître la contribution de la forêt privée à la production forestière québécoise, soit :

  1. la hausse à 65 000 $ du seuil d’exemption de la taxe sur les opérations forestières;
  2. la bonification du programme de remboursement des taxes foncières accordé aux producteurs forestiers;
  3. l’étalement du revenu tiré de la vente de bois;
  4. la bonification du Programme d’aide à la mise en valeur des forêts privées.

Cela ne règlera pas tous les problèmes et le travail est loin d’être terminé, car l’environnement d’affaires des producteurs forestiers devra encore s’améliorer si l’on souhaite mettre à profit leur actif. Cela nécessitera notamment une meilleure coordination des ventes de bois des forêts privées et des forêts publiques, l’établissement de réglementations environnementales respectant mieux les sciences forestières et une utilisation plus judicieuse de la fiscalité foncière pour encourager les propriétaires à s’engager dans des travaux sylvicoles. Toutefois, le signal envoyé par le gouvernement montre, je l’espère, qu’il est prêt à s’attaquer à cet enjeu de compétitivité des producteurs forestiers.

Pierre-Maurice Gagnon
Producteur et Président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

. Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de mai 2016