Les décisions menant à l’amélioration ou la détérioration de l’environnement d’affaires des producteurs forestiers reposent sur les épaules de bien peu de gens.

Éditorial FCN
Malgré les milliers d’employés des ministères qui nous concernent, seule une poignée de ministres et hauts fonctionnaires demeurent à convaincre du bien-fondé de nos revendications. Paradoxalement, plus ces personnes détiennent le pouvoir de régler un dossier, moins elles disposent de temps pour en comprendre les détails et faire les suivis qui s’imposent.

Une augmentation des allocations de bois des forêts publiques sur les marchés? Une baisse ou une croissance des budgets des programmes d’aide à la mise en valeur des forêts privées? Une amélioration des crédits d’impôt ou une hausse de taxes? La simplification administrative ou une nouvelle contrainte réglementaire? Tout dépend de la compréhension de ces quelques personnes sur la nature des enjeux qui nous tiennent à cœur. Cette compréhension dépend, quant à elle, de l’expérience antérieure du décideur, des pressions politiques, de la couverture médiatique, de la sympathie que suscite notre cause et parfois aussi, simplement du hasard. Sauf exception, ces autorités connaissent peu la réalité quotidienne des petits et grands producteurs forestiers pourtant affectés par leurs décisions.

Qu’arrive-t-il lorsqu’un remaniement ministériel ou du haut fonctionnariat vient brasser les cartes? La plupart du temps, cela signifie de repartir à zéro avec nos arguments, mais surtout d’inviter nos membres, découragés, à la patience.

Au moment d’écrire ces lignes, la rumeur d’un tel remaniement court à Québec et un nouveau gouvernement a été formé à Ottawa, ce qui pourrait nous forcer à reprendre notre bâton de pèlerin pour expliquer, encore une fois, que l’amélioration de l’environnement d’affaires des producteurs créera davantage de richesses économiques.

J’espère que les nouveaux ministres comprendront qu’une récente nomination ne transforme pas les vieux dossiers en nouveaux, car plusieurs revendications des acteurs de la forêt privée datent de décennies! Comme quoi un producteur de bois ne doit pas seulement être patient pour faire pousser sa forêt, mais également pour voir l’aboutissement des dossiers qui le touchent directement.

Pierre-Maurice Gagnon
Producteur et Président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

. Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de février 2016