La catégorie des immeubles forestiers permet aux municipalités de diminuer le taux de taxation des immeubles forestiers afin d’encourager la mise en valeur des forêts privées. Dans sa plus récente étude, la FPFQ a estimé pour chaque municipalité le coût d’implantation de cette mesure, puis a quantifié le soutien potentiel accordé aux producteurs forestiers. Le coût d’implantation est généralement assez faible, mais peu de municipalités s’en prévalent.
Étude – Mettre à profit la catégorie des immeubles forestiers
Un levier fiscal au potentiel inexploité
La catégorie des immeubles forestiers permet aux municipalités de diminuer le taux de taxation des immeubles forestiers afin d’encourager la mise en valeur des forêts privées. Dans sa plus récente étude, la Fédération des producteurs forestiers du Québec a estimé pour chaque municipalité le coût d’implantation de cette mesure, puis a quantifié le soutien potentiel accordé aux producteurs forestiers. Le coût d’implantation est généralement assez faible, mais peu de municipalités s’en prévalent. En 2023, seules 42 municipalités ont diminué en moyenne de 18 % le taux de taxation des immeubles forestiers sur leur territoire.
Un impact limité sur les municipalités pour des gains significatifs aux producteurs
Si toutes les municipalités du Québec appliquaient cette mesure à son plein potentiel, les producteurs forestiers économiseraient 9,9 M$ de taxes foncières, en moyenne 295 $ par producteur forestier reconnu, par année. Cependant, l’impact sur les recettes fiscales des municipalités serait limité puisqu’une baisse de taxation de la catégorie des immeubles forestiers se traduirait par une diminution de moins de 1 % des recettes fiscales pour plus de 600 municipalités.
Consultez l’étude Mettre à profit la catégorie des immeubles forestiers.
Les producteurs doivent-ils s’inquiéter d’une vague de fermetures?
Le début du printemps n’a pas été clément pour l’industrie forestière. Plusieurs grands industriels forestiers nord-américains ont essuyé des pertes financières importantes au cours du premier trimestre. L’industrie forestière dans son ensemble a vu ses revenus fondre de 6,0 % sur un an et ses marges bénéficiaires s’effondrer.
Conséquemment, nous avons assisté à une vague de fermetures dans le secteur forestier. Ces suspensions des opérations résultent d’une confluence de facteurs économiques, environnementaux et structurels.
Récapitulatif des fermetures au Québec
Depuis la fin du mois d’avril, six usines ont annoncé publiquement l’arrêt de leurs opérations. Plus précisément, quatre scieries, une usine de placage et une usine de pâte dissolvante ferment leurs portes. Quatre de ces usines cessent indéfiniment leurs opérations. La région la plus touchée est l’Abitibi-Témiscamingue avec trois fermetures dans la même MRC, affectant profondément la communauté et mettant en péril l’activité économique. Voici un aperçu des fermetures que nous avons recensées :

La combinaison de la faiblesse du marché de la construction, l’augmentation des coûts de production, la rareté ou des coûts élevés d’approvisionnement en bois rond, l’incertitude économique et l’impact des incendies de forêt a créé un environnement hostile pour le secteur forestier. Voyons ici en détail comment chacun de ces facteurs a eu raison des usines de transformation du bois précédentes :
1. Ralentissement de la demande : Le marché de la construction continue de montrer des signes de faiblesse, avec un rythme de mise en chantier modéré en ce début d’année 2024. L’inflation persistante pousse les banques centrales à maintenir des taux d’intérêt élevés, ce qui retarde la construction et freine la demande de matériaux en bois (consultez notre texte sur la reprise du bois d’œuvre qui se fait attendre).
2. Hausse des coûts de production : Les coûts énergétiques en augmentation, les frais de financement élevés et un contexte économique difficile ont mis les usines sous pression financière. Les hausses salariales, les frais de transport propulsés par le prix du carburant et les enjeux de logistiques ainsi que l’augmentation significative des coûts d’approvisionnement en équipement exercent aussi une pression supplémentaire sur les marges des entreprises.
3. Manque de fibre : En raison de la sévérité des feux de forêt de l’été dernier, le Forestier en chef a recommandé une diminution de la possibilité forestière en forêt publique de l’ordre de 619 400 m³ sur la période 2023-2028. Ces diminutions sont limitées aux trois régions incendiées, soit l’Abitibi-Témiscamingue, la Mauricie et le Nord-du-Québec, mais c’est cette dernière qui assumera 84 % de la baisse. La disponibilité limitée du bois conduira vraisemblablement à une baisse des garanties d’approvisionnement des usines de ces territoires. Notons que quatre des six usines ayant annoncé leurs fermetures s’y trouvent justement.
Par ailleurs, les feux ont conduit à des ajustements dans les stratégies d’approvisionnement, avec un déplacement vers des secteurs où la récupération et le transport du bois sont plus coûteux, ce qui a probablement rendu certaines opérations financièrement non viables, malgré le soutien du ministère des Ressources naturelles et des Forêts, par le biais de programmes de récupération des bois et une dévaluation de la valeur marchande de bois sur pied.
Cette situation n’est pas isolée au Québec. En Colombie-Britannique, le géant Canfor prévoit des fermetures et des désinvestissements en raison du manque de fibre lié aux feux de forêt et à l’infestation du dendroctone du pin.
4. Hausse des coûts d’approvisionnement : Le coût de la matière première, notamment le bois rond, a augmenté ces dernières années. Une concurrence plus élevée pour la fibre en période de marché haussier, conjuguée à la hausse du coût du camionnage explique en grande partie ce phénomène. Tout comme la hausse des coûts de récolte. Le coût d’exploitation des entrepreneurs forestiers a progressé de 12 % en 2022 puis de 3,5 % en 2023 selon l’Association québécoise des entrepreneurs forestiers (AQEF).
En 2023, le prix moyen du bois mis en marché en forêt privée a chuté, mais il demeure au-dessus des prix observés avant la pandémie. Au même moment, le prix moyen des ventes du Bureau de mise en marché des bois (BMMB) a atteint 17,43 $/m³, son deuxième plus haut niveau en cinq ans. Ce résultat est particulièrement notable, car de nombreuses ventes ont été réalisées à des prix très bas pour écouler le bois des feux de forêt. Malgré ces ventes à rabais, la moyenne est restée élevée, particulièrement dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec.
5. Incertitude : L’incertitude fragilise le secteur forestier. Les tensions commerciales, notamment le conflit du bois d’œuvre, ajoutent une couche supplémentaire de scepticisme. La volonté du gouvernement de créer des aires protégées sur 30 % du territoire fait craindre le pire pour les approvisionnements de certains industriels. Quant au projet pilote annoncé pour protéger l’habitat du caribou forestier, il semble avoir dissipé certaines craintes. À cela, ajoutons les enjeux de gouvernance et de planification en forêt publique évoqués dans le cadre de la réflexion sur l’avenir des forêts. Ces défis, combinés aux évolutions réglementaires, compliquent davantage la planification à long terme des entreprises forestières, rendant l’environnement commercial encore plus imprévisible et difficile à naviguer.
Impact de ces fermetures pour les producteurs forestiers
La fermeture des usines a un impact en cascade sur toute l’industrie forestière, fragilisant les entreprises et autres acteurs en amont, tels que les transporteurs de bois, les entrepreneurs forestiers, les producteurs de bois et les fournisseurs d’équipements et de services. Une interrelation évidente existe même entre les usines qui ont annoncé des fermetures. Par exemple, la scierie Béarn acheminait ses copeaux inutilisés à l’usine RYAM à Témiscamingue. Lorsque l’une tombe, la seconde est immédiatement fragilisée.
Pour l’instant, les fermetures annoncées affecteront peu la forêt privée. Ces usines consomment moins de 2 % du volume de bois mis en marché dans les forêts privées des régions concernées. Fortement dépendantes d’un approvisionnement en forêt publique, c’est plutôt cette chaîne logistique qui subira le premier coup de ces fermetures. Toutefois, de manière indirecte, les producteurs forestiers pourraient observer la fragilisation de certains de leurs clients. Nous pourrions également observer une redirection des volumes de bois libérés en forêt publique vers d’autres acheteurs, et ce, au risque de grignoter certaines parts de marché des producteurs.
L’incertitude persiste quant à la direction que prendra le secteur forestier. Les conditions économiques seront déterminantes pour savoir si la tendance actuelle se poursuivra ou si une reprise est envisageable. Les décisions gouvernementales constitueront aussi un point focal; les tables sur l’avenir de la forêt et les discussions visant à dépoussiérer le régime forestier actuel auront probablement une incidence sur la trajectoire du secteur.
Congrès de la FPFQ – Les producteurs forestiers réunis à Saint-Georges pour discuter de bioéconomie
Saint-Georges, le 7 juin 2024. – Réunis sous le thème Producteurs forestiers bioénergiques!, plus d’une centaine de participants, délégués, observateurs et décideurs de la forêt privée ont participé au congrès de la Fédération des producteurs forestiers (FPFQ) les 6 et 7 juin derniers à St-Georges.
Cet évènement a été une opportunité unique d’aborder avec énergie le dossier de la bioéconomie en forêt privée. Les conférenciers ont entretenu l’audience sur différentes thématiques telles que la construction en bois, le biochar, les biocombustibles forestiers et la place de la foresterie dans la lutte aux changements climatiques. Selon M. Gaétan Boudreault, président de la Fédération, « ce fût une occasion unique pour approfondir collectivement notre connaissance afin de permettre aux producteurs forestiers de mettre en valeur une ressource renouvelable et donner naissance à une économie verte et circulaire ».
Organisé en partenariat avec l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce, le congrès a permis à cette dernière de mettre en lumière un projet d’usine de bioénergie et de biochar de façon à s’attaquer directement à la problématique généralisée du bois sans preneur en forêt privée. « L’Association a travaillé très fort au cours des dernières années pour trouver des solutions pour valoriser l’ensemble du bois des producteurs de Chaudière-Appalaches. Je suis confiant qu’il s’agira d’une solution intéressante et novatrice pouvant intéresser des producteurs de partout au Québec souhaitant valoriser les 2 Mm³ de bois toujours disponibles en forêt privée » a enchaîné M. Boudreault.
Martin J. Côté, lauréat 2024 du prix Henri-Paul-Gagnon
Martin J. Côté, qui a dédié sa carrière au service des producteurs forestiers, a reçu le prix Henri-Paul-Gagnon lors du banquet du congrès. Il a été récompensé pour avoir œuvré pendant 23 ans en syndicalisme forestier, tout d’abord comme administrateur, puis comme président du Syndicat des propriétaires forestiers de la région de Québec. Tout au long de sa carrière, il a défendu l’intérêt des producteurs de façon éloquente. Il a toujours favorisé l’unité de ses collègues au sein du conseil d’administration et a contribué à la cohésion des syndicats et à leur unité au sein de la Fédération des producteurs forestiers du Québec.
Il a été administrateur du Syndicat des propriétaires forestiers de la région de Québec à partir de 1990, puis en a assuré la présidence de 2001 à 2013. Il est également maire de Saint-Lazare-de-Bellechasse depuis 2005 et siège comme administrateur au sein de l’Agence de mise en valeur des forêts privées des Appalaches. Parmi ses réalisations, notons ses ardentes représentations auprès des MRC de Bellechasse et de Lévis afin que les producteurs forestiers soient consultés dans l’élaboration des règlements sur l’abattage d’arbres.
Encore aujourd’hui, même s’il n’est plus administrateur du Syndicat, il demeure un membre actif de l’organisation et s’entretient régulièrement avec les producteurs forestiers de sa région. Il les représente encore fièrement auprès du syndicat local de l’Union des producteurs agricoles dans sa région.
À propos du prix Henri-Paul-Gagnon
Le prix Henri-Paul-Gagnon est décerné annuellement à une personne ayant contribué de façon exceptionnelle à la vie syndicale dans le secteur de la forêt privée. Institué en 2010, le prix est attribué à la mémoire de M. Henri Paul Gagnon, originaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, président fondateur de la fédération en 1970.
À propos du congrès
La FPFQ a une structure démocratique et l’on y retrouve diverses instances de consultation des propriétaires et des producteurs forestiers, aux échelles locales, régionales et provinciales. Les syndicats et offices de producteurs de bois organisent des assemblées de secteur pour les producteurs et une assemblée annuelle pour l’ensemble de leur territoire. Enfin, la FPFQ tient une assemblée générale annuelle. Afin d’égaliser le poids politique des producteurs lors des votes sur des orientations, une formule de représentation par délégués est utilisée. Environ une centaine de délégués en provenance des 13 plans conjoints de producteurs forestiers participent annuellement au congrès.
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Renseignements : Vincent Miville, ing.f., M. Sc.
Directeur général
Fédération des producteurs forestiers du Québec
450 679-0540, poste 8201
vmiville@upa.qc.ca foretprivee.ca
Stabilisation des budgets de mise en valeur des forêts privées
La mise en valeur des forêts privées repose principalement sur une collaboration entre l’État et les propriétaires forestiers. Au Québec, le gouvernement intervient en forêt privée depuis plus de 60 ans afin d’inciter les propriétaires à protéger et mettre en valeur leurs boisés et ainsi accroître les retombées économiques de cette activité pour les communautés rurales. En 2023-2024, les sommes disponibles pour la réalisation de travaux sylvicoles ont, en tout et pour tout, atteint 81,6 M$, en hausse de 8,7 M$ par rapport à l’année précédente. Lors de son dernier budget, le Gouvernement du Québec a cherché à stabiliser le financement des mesures de soutien à la forêt privée jusqu’en 2028-2029.
Bois d’œuvre : Une reprise attendue d’ici la fin de l’année?
Le marché du bois d’œuvre est tombé abruptement de son nuage en 2023. L’euphorie et les records ont rapidement laissé place à la déception. La demande nord-américaine a glissé de 1,9 % alors que le marché immobilier subissait le choc d’une hausse des taux d’intérêt. Il n’en fallait pas plus pour que le prix du bois d’œuvre s’effondre de 44 %.
À première vue, le marché amorce l’année 2024 comme il a terminé 2023 : au ralenti et dans l’espoir de jours meilleurs. Il faut dire que l’inflation persistante en ce début d’année exerce une influence significative sur les décisions de la Réserve fédérale et de la Banque du Canada de maintenir les taux d’intérêt élevés. Les Nord-Américains attendent avec impatience des baisses de taux maintes fois annoncées par les prévisionnistes, mais sans cesse repoussées par les banques centrales. Comment peuvent-elles faire autrement?
L’économie américaine s’active au-delà de son potentiel et l’inflation demeure au-dessus du niveau désiré (bien qu’elle soit sur la bonne trajectoire descendante). Pendant ce temps, la Banque du Canada est forcée de retarder son action par crainte de créer un trop grand écart de taux avec nos voisins américains.
L’attentisme caractérise le marché de la construction. Après un trimestre en 2024, le rythme de mises en chantiers aux États-Unis a atteint 1,49 M d’unités, en hausse de 2,8 % sur un an, mais encore en deçà du niveau de construction réalisé au cœur de la pandémie. Ce rythme demeure encore loin des 2,0 M d’unités nécessaires pour loger les nouveaux ménages formés chaque année et remplacer les logements obsolètes. D’après un consensus de prévisions, il manque au moins 2 M de maisons unifamiliales aux États-Unis et probablement 0,6 M de résidences multifamiliales pour loger l’ensemble des ménages. Il faut dire que le surplus de construction ayant causé la crise immobilière en 2008 a depuis longtemps été éliminé, car le rythme de mises en chantiers est toujours demeuré inférieur à celui de formation de ménages depuis.

La rareté croissante de logements devra se traduire par une hausse de la construction. Les constructeurs n’attendent qu’un retour en masse des acheteurs pour accélérer les mises en chantiers. Retour qui sera précipité par une baisse éventuelle de taux, encore qu’elle soit significative. Les banques centrales demeurent nébuleuses sur leurs intentions, mais les économistes anticipent une première baisse de taux en septembre ou novembre 2024. Toutefois, il y a fort à parier que les baisses seront lentes et graduelles afin d’éviter de tomber dans une spirale inflationniste.
On prévoit d’ailleurs que les mises en chantier américaines stagneront en 2024, puis progresseront de presque 4 % en 2025. Le segment des unifamiliales, si important pour la demande de matériaux en bois, fera toutefois mieux puisqu’il augmentera de 4,7 % en 2024 puis de 4,2 % en 2025.
Il reste à voir si cette embellie se traduira aussi par une amélioration de la construction résidentielle au Canada. En l’absence d’une baisse de taux pouvant stimuler l’activité immobilière, le gouvernement Trudeau a profité de son plus récent budget pour multiplier les annonces dans l’optique de résorber la crise du logement. Est-ce que ce sera suffisant pour stimuler la construction et incidemment la demande en matériau de bois?
Nous anticipons aussi une hausse des projets de rénovation qui ont représenté plus de 40 % de la consommation de bois d’œuvre ces dernières années. La demande en bois d’œuvre devrait donc s’améliorer suffisamment dès cette année pour rattraper la glissade de l’an dernier. Les prévisionnistes travaillent sur une croissance de la consommation de bois d’œuvre de 3,0 % en 2024, suivi d’une hausse de 4,5 % en 2025.
Une demande atone et une saison de feux de forêt catastrophique au Canada ont ralenti la production des scieries l’année dernière (-2,0 % en 2023). La baisse a été plus marquée au Canada (-4,2 %) qu’aux États-Unis (-0,8 %). En particulier, le Québec (-7,8 %) a enregistré la plus forte diminution de production, principalement en raison des incendies de forêt qui ont perturbé les opérations. Les scieries s’approvisionnant principalement en forêt privée ont néanmoins été épargnées de ces déboires. En effet, le volume de bois de sciage de sapin-épinette mis en marché par les producteurs forestiers du Québec a stagné (+0,1 %) au cours de cette période.
Le début de 2024 semble marquer une reprise de la production de bois d’œuvre, mais serait-il un leurre ? Après 2 mois, la production québécoise a rebondi de 14%, cependant les inventaires atteignent un niveau inégalé en une décennie. Ces données préliminaires indiquent-elles un ralentissement des ventes contrairement aux attentes ? Pendant ce temps, la production canadienne a augmenté de 5,2%, tandis que celle des États-Unis s’est atténuée de 1,0%.
Les contraintes d’approvisionnement et la hausse des coûts de production ont poussé de nombreuses scieries à opérer à perte depuis un certain temps, comme en témoignent les nombreuses fermetures observées récemment. Il est légitime de craindre une reprise tardive qui provoquerait d’autres fermetures dans les mois à venir. Nonobstant, les prévisionnistes projettent une hausse de la production de bois d’œuvre de 1,4% en 2024 et d’environ 5% en 2025, bien que les incendies de forêt demeurent une menace pour l’été 2024.

Le prix du bois d’œuvre a chuté brutalement en 2023 (-44 %). Nous anticipons que le renforcement de la demande en raison d’un déficit structurel de logements soutiendra les prix dans les années à venir. Loin des records, il s’agira néanmoins d’une transition vers la croissance après une année 2023 décevante. Ce déclenchement sera tributaire d’une normalisation des taux d’intérêt. Malgré tout, pour l’instant, diverses prévisions permettent d’anticiper une hausse moyenne des prix de 7,8 % en 2024. Si la tendance se maintient, les prix pourraient même progresser de 8,1 % en 2025.
La revue Forêts de chez nous – mai 2024 : Des perspectives de relance pour la forêt privée
- Éditorial du président – L’avenir de nos boisés est entre nos mains
- Actualités
- Les tiques, la « hantise » des travailleurs forestiers
- Bilan 2023 de la mise en marché du bois de la forêt privée
- Des perspectives de relance pour la forêt privée
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Au sujet de la revue
Notre revue Forêts de chez nous aborde des sujets d’intérêt pour les propriétaires forestiers soucieux de voir grandir leur patrimoine forestier. Elle porte un regard différent sur l’actualité forestière notamment par le biais des éditoriaux et des reportages.
La revue Forêts de chez nous est produite quatre fois par année en collaboration avec les Producteurs et productrices acéricoles du Québec.
Pour nous faire part d’un commentaire ou pour nous suggérer un sujet d’article, écrivez-nous!
L’avenir de nos boisés est entre nos mains
Le secteur forestier s’est mobilisé récemment afin de réfléchir sur l’avenir de la forêt. La scène d’une forêt qui brûle et de communautés en danger a servi de catalyseur pour amorcer cette discussion. Il faut dire que depuis belle lurette, plusieurs acteurs aux intérêts historiquement divergents convergeaient dans leur souhait de renouveler le système de gouvernance des forêts (publiques).
Force est de constater que les forêts du Québec en général, et les forêts privées en particulier, font face à des défis persistants. En ce sens, les tables de réflexion sur l’avenir de la forêt mises sur pied par la ministre auront permis à toutes les clientèles intéressées d’y aller de leurs recommandations pour préserver notre patrimoine.
Comme dans tous les débats visant la forêt, il nous faut d’abord extirper les enjeux de tenure privée de ceux du territoire public. Puis reconnaître les producteurs forestiers comme les seuls acteurs incontournables au regard de la protection et de la mise en valeur des forêts privées.
Les producteurs forestiers constituent un heureux mélange entre les mémoires de l’héritage et une vision claire de l’avenir. On ne saurait trouver des solutions durables sans d’abord écouter puis s’allier aux gestionnaires d’expérience de ce territoire.
Au cours des dernières semaines, les producteurs forestiers de toutes les régions ont proposé une vision d’avenir des forêts. Une forêt saine, luxuriante, aménagée et contribuant autant à l’économie des régions qu’à l’environnement des communautés. Ils ont aussi soumis plusieurs pistes de solutions pour accomplir cette vision.
Je retiens tout d’abord l’accroissement du soutien pour différentes initiatives en forêt privée telles que l’aménagement responsable de la biodiversité, la sylviculture d’adaptation des écosystèmes forestiers aux changements climatiques et la production de bois répondant aux attentes de la société pour des matériaux verts et renouvelables.
De plus, il est nécessaire de régionaliser davantage les programmes proposés afin de permettre aux producteurs de s’attaquer aux menaces locales et de saisir des opportunités qui se présentent. D’autre part, les producteurs ne pourront pas façonner la forêt de l’avenir si l’environnement réglementaire ne leur accorde aucune marge de manœuvre pour réaliser les interventions forestières indispensables à l’atteinte des objectifs. La cloche de verre ne peut, à elle seule, être garante du futur de nos boisés.
Quoi qu’il en soit, il sera nécessaire de veiller à ce que les décisions prises contribuent à améliorer l’environnement d’affaires des producteurs forestiers puisqu’en définitive, il est primordial de soutenir les acteurs au centre de ce changement. La perspective de prospérité est un argument convaincant pour intéresser davantage de propriétaires à mettre en valeur leurs boisés. En ce sens, le resserrement du principe de résidualité, en le corroborant à la reconnaissance du coût de production en forêt privée, permettrait de s’assurer que les producteurs opèrent de manière rentable. Le développement d’une économie forestière verte, moderne, prospère et solidaire de toute sa filière aussi.
L’avenir de nos boisés est entre nos mains. À nous d’être porteurs de solutions.
Gaétan Boudreault
Producteur et président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec
Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de mai 2024.
Chute des mises en chantier aux États-Unis en mars
Généralement, et ce fût encore le cas cette année, les feux sont davantage associés aux forêts résineuses nordiques, et donc principalement situées en territoire public (Lac-St-Jean, Côte-Nord, Abitibi-Témiscamingue, Nord-du-Québec et nord de la Mauricie). La vallée du St-Laurent et les Appalaches, dominées par les peuplements feuillus et mixtes, sont généralement moins susceptibles d’être perturbées par le feu, les incendies qui s’y développent demeurent limités pour deux raisons. Premièrement, les feuillus constituent des murs anti-feux efficaces en raison du contenu en humidité de leurs feuilles. Deuxièmement, la proximité des forêts privées et des infrastructures publiques accélère l’urgence et le temps de réponse des responsables de la sécurité publique (principalement la SOPFEU et les pompiers municipaux).
Sur le plan macroéconomique, les feux de forêts ont provoqué la fermeture de plusieurs usines de transformation du bois dans les régions nordiques. Cette baisse de l’offre de produits forestiers a eu lieu alors que la demande pour les produits du bois est chancelante. En effet, l’impact de la hausse des taux d’intérêt provoque un ralentissement du secteur immobilier. L’effet de la contraction de l’offre sur les marchés fût somme toute limité, comme en témoigne l’évolution du prix du bois d’œuvre.

La baisse des mises en chantier de logements aux États-Unis en mars souligne les défis persistants auxquels est confronté le marché immobilier. Les décisions de la Réserve fédérale de maintenir les taux d’intérêt élevés pour contrer l’inflation, les coûts de construction élevés et un marché immobilier hors de prix sont autant de facteurs qui influencent ce niveau d’activité. L’indice de prix des maisons aux États-Unis, le S&P CoreLogic Case-Shiller, a enregistré une augmentation annuelle de 6,0 % en janvier. Sur une base ajustée en fonction des variations saisonnières, les prix des maisons ont surpassé le niveau record établi l’année dernière.
Néanmoins, à mesure que la Réserve fédérale modérera son taux directeur, les mises en chantier devraient s’accélérer. D’après la National Association of Home Builder, les mises en chantiers de résidences unifamiliales devraient terminer l’année sur une hausse de 4,7 %, puis augmenter encore de 4,2 % en 2025. Du côté des résidences multifamiliales, on prévoit que les mises en chantier devraient fortement régresser en 2024 (-20 %), en raison de la difficulté d’accès du financement, puis se redresser légèrement en 2025 (+2.3 %). Malgré tous ces écueils, les prévisionnistes anticipent une croissance continue des prix des maisons d’environ 2,4 % en 2024.
Réflexion collective sur l’avenir des forêts privées
Les forêts du Québec font face à des défis multiples et persistants. Les changements climatiques érodent sa résilience, les perturbations naturelles deviennent plus fréquentes ainsi que violentes et la crise de biodiversité s’y manifeste. Ces changements globaux affectent toutes les forêts, autant publiques que privées.
Le secteur forestier est aussi confronté à des défis, alors que la récolte de bois se bute à la volonté de protéger les écosystèmes forestiers, de préserver l’habitat du caribou forestier ou de concilier les besoins de tous les usagers de la forêt. Il doit aussi faire partie de la solution si l’on souhaite aménager la forêt de l’avenir et soutenir la production du matériau vert qu’est le bois.
Une remise en question des idées s’avère nécessaire pour résoudre ces enjeux et aménager la forêt de l’avenir : verdoyante, en santé, multifonctionnelle, productive et pérenne.
L’avenir de la production de bois nécessitera de mobiliser davantage de propriétaires forestiers à aménager leurs forêts en améliorant et en diversifiant les mesures de soutien offertes aux producteurs, puis en protégeant mieux leurs marchés afin qu’ils puissent financer des stratégies d’aménagement forestier adaptées.
L’avenir des écosystèmes forestiers passera par une sylviculture réactive aux nombreux défis que posent les changements climatiques en encourageant la recomposition des peuplements forestiers afin d’améliorer leur résistance et leur résilience.
L’avenir de la biodiversité en forêt privée dépendra de mesures de conservation logiques et adaptées au contexte de l’activité forestière en forêt privée. L’adoption de plans d’aménagement forestier bonifié des éléments sensibles et de la biodiversité et une rétribution pour services environnementaux rendus permettrait de soutenir les producteurs qui répondent aux objectifs de conservation de la biodiversité.
Pour ce faire, il faudra que les producteurs obtiennent la souplesse réglementaire nécessaire pour intervenir dans leurs forêts afin d’appliquer les stratégies d’aménagement préconisées.
La mise en application de cette vision de la forêt de l’avenir nécessitera des propriétaires forestiers mobilisés, des acteurs du secteur forestier engagés et un gouvernement suffisamment convaincu pour insérer la gestion des forêts privées au cœur du régime forestier, plutôt qu’en périphérie ou en opposition à la forêt publique. Un nouveau sommet sur la forêt privée pourrait être requis pour accomplir cette vision.
Mémoire déposé au ministère des Ressources naturelles et des Forêts dans le cadre de la Démarche de réflexion sur l’avenir de la forêt
Avril 2024
