La revue Forêts de chez nous – novembre 2024 : Bois d’œuvre : un marché fragile

• Éditorial du président – Peut-on enfin renforcer le principe de résidualité pour éviter la saturation des marchés?
• Actualités
• Des cadeaux de Noël pour les amoureux de la forêt
• Une coupe novatrice pour favoriser la biodiversité
• Bois d’œuvre : le pire est-il derrière nous?

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Au sujet de la revue
Notre revue Forêts de chez nous aborde des sujets d’intérêt pour les propriétaires forestiers soucieux de voir grandir leur patrimoine forestier. Elle porte un regard différent sur l’actualité forestière notamment par le biais des éditoriaux et des reportages.

La revue Forêts de chez nous est produite quatre fois par année en collaboration avec les Producteurs et productrices acéricoles du Québec.

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Peut-on enfin renforcer le principe de résidualité pour éviter la saturation des marchés?


Pour différentes raisons, le secteur forestier est sous pression. Les scieries multiplient les arrêts de production en raison de la hausse des droits sur le bois d’œuvre expédié aux États-Unis, de prix amorphes, d’une demande hésitante et de l’incertitude qui plane autour de l’enjeu du caribou forestier. La suspension des opérations se prolonge… quand les industriels ne se décident pas simplement à cadenasser les portes.

Ces enjeux transcendent l’ensemble de la filière, de la souche à l’usine comme se plaisent à dire mes confrères industriels. Les conditions offertes aux producteurs s’effondrent à un rythme affolant… lorsque la livraison de bois des forêts privées est encore possible. Nous avions pourtant commencé l’année sur les chapeaux de roue, mais la fin de l’année risque d’être plus modeste.

Pis encore, les producteurs font face à une accélération de la récolte en forêt publique. Au sud du fleuve, un plan spécial de récupération a cours au Bas-Saint-Laurent à la suite d’un chablis, tandis qu’au nord, on récolte toujours du bois de feu. Les marchés des producteurs sont pris en étau, alors que la demande baisse et que l’offre du gouvernement s’accroît.

L’érosion des marchés est encore plus palpable puisque plusieurs industriels ont diminué successivement les prix offerts aux producteurs alors que d’importants volumes bon marché étaient alloués en forêt publique. Il faut dire que les redevances quasi nulles perçues par le gouvernement sur le bois en perdition et les aides financières offertes pour la récupération de bois ont pour conséquence de rendre ce bois bon marché comparativement à celui de la forêt privée.

Je sais que les producteurs reconnaissent la cyclicité de notre secteur, mais pour nous, la situation perdurera plus longtemps en raison des conditions d’allocation de bois des forêts publiques qui permettront aux industriels de repousser la récolte lors de la prochaine année d’une portion de leurs garanties d’approvisionnement et de leurs enchères remportées.

Lors de la Démarche de réflexion sur l’avenir de la forêt, la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ), ses 13 syndicats régionaux affiliés et les producteurs forestiers de toutes les régions ont insisté sur la nécessité de mieux protéger les marchés de la forêt privée en renforçant le principe de résidualité, ou à tout le moins en l’appliquant plus rigoureusement. Certaines solutions proposées permettraient de réduire la pression sur les marchés à court-terme, pendant que d’autres permettraient d’éviter que des situations similaires surviennent.

Pour éviter la saturation des marchés, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts devrait pouvoir ajuster les volumes octroyés en forêt publique en fonction du besoin réel des usines, plutôt que de la capacité de transformation théorique des installations. Par le fait même, il devrait ajuster l’offre de bois mis aux enchères en fonction du contexte des marchés. Et pour éviter que les camions de bois en provenance de la forêt publique ne fassent la file devant les usines, il devrait procéder à des octrois graduels de bois pour ne pas engorger d’un coup les marchés. Il s’agit de propositions tangibles pour mobiliser de manière pérenne le bois des forêts privées.

La balle est dans le camp du ministère.

Gaétan Boudreault
Producteur et président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de novembre 2024.

Bois d’œuvre : le pire est-il derrière nous?

Le marché du bois d’œuvre résineux en Amérique du Nord traverse une phase de déprime qui contraste largement avec celle d’euphorie ayant caractérisé la période pandémique. La crise inflationniste ayant été en grande partie maîtrisée, les banques centrales envisagent dorénavant des baisses de taux directeurs qui pourraient stimuler le marché immobilier et incidemment la demande de matériaux de construction en bois. Or, bien que quelques signes de reprise soient observés depuis peu, notamment en ce qui a trait à la demande et aux prix, le marché reste globalement fragile comme en témoignent les nombreuses fermetures de scieries.

L’impossibilité forestière


Chaque année, près de 150 000 camions chargés de bois sillonnent les forêts privées du Québec pour alimenter plus de 200 usines de transformation. À leur vue, plusieurs concitoyens pourraient craindre une exploitation déraisonnée de la ressource. Il faut dire que les cicatrices de L’Erreur boréale ne sont pas toutes guéries, ayant été récemment ravivées par les plaies du caribou forestier.

Pourtant, me croiriez-vous si je vous disais que malgré l’appétit insatiable des forestières, les forêts privées n’ont cessé de croître depuis plus de 50 ans? Le volume de bois sur pied de ces forêts a presque doublé depuis le premier inventaire écoforestier réalisé entre 1970 et 1983 par le ministère des Forêts. Le cinquième inventaire en cours de réalisation permet de constater que le boisement de friches, les nombreux investissements sylvicoles et la maturation des peuplements forestiers ont généré une quantité phénoménale de matière première dans nos boisés.

À cela s’ajoute un niveau de récolte modéré, puisque bien en deçà de la possibilité forestière. Ces savants calculs réalisés par des forestiers permettent d’évaluer le niveau maximal de récolte de bois qu’il est possible de prélever sans compromettre la pérennité de la ressource forestière. Autrement dit, récolter les intérêts sans compromettre le capital.

C’est pourquoi votre fédération s’implique actuellement à évaluer la possibilité forestière par groupe d’essences dans les différentes régions du Québec à mesure que deviennent disponibles les données du cinquième inventaire écoforestier. Collaborant avec le ministère des Ressources naturelles et des Forêts et des firmes de consultants, la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) est à pied d’œuvre pour proposer cette solution de calcul à l’ensemble des agences régionales de mise en valeur des forêts privées.

J’espère que ces calculs sauront rassurer tous ceux qui craindraient une exploitation déraisonnable de la ressource par les forestiers. Individuellement et collectivement, il est de notre devoir d’assurer le renouvellement de la forêt, sa productivité et son utilisation diversifiée pour les générations actuelles et à venir. Il est aussi de notre intérêt d’empêcher sa surexploitation. Or, bon an mal an, nous prélevons moins de la moitié de la possibilité forestière en forêt privée.

Ainsi, notre plus grand défi ne consiste plus systématiquement à chercher à se conformer à la possibilité forestière, mais plutôt à trouver des moyens pour tendre vers elle. Outre les marchés du bois sans débouchés ou bien l’environnement réglementaire de plus en plus complexe et contraignant pour le producteur, le manque de relève diminue peu à peu la capacité de récolter du bois dans les forêts privées. J’encourage donc tous les propriétaires forestiers, que leur objectif premier soit la production de bois ou la conservation des milieux naturels, à participer activement à l’aménagement forestier.

Il faudra trouver le moyen d’inverser cette tendance grandissante du capital boisé laissé à perte, car ce n’est plus le concept de possibilité forestière que nous chercherons à évaluer, mais bien celui de l’impossibilité forestière, à mesure que les contraintes à l’aménagement durable des forêts se multiplieront.

Gaétan Boudreault
Producteur et président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de septembre 2024.

La revue Forêts de chez nous – septembre 2024 : Nouveau défi de traçabilité pour les industriels forestiers

• Éditorial du président – L’impossibilité forestière
• Actualités
• Un projet pilote pour freiner la livrée des forêts
• Le secteur forestier confronté à un nouveau défi de traçabilité
• Crucial de bien entretenir ses chemins forestiers

Consultez l’édition de septembre 2024 en version PDF.

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Notre revue Forêts de chez nous aborde des sujets d’intérêt pour les propriétaires forestiers soucieux de voir grandir leur patrimoine forestier. Elle porte un regard différent sur l’actualité forestière notamment par le biais des éditoriaux et des reportages.

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La forêt privée chiffrée 2024

Publié par la FPFQ, le document La forêt privée chiffrée recense les statistiques disponibles portant sur le territoire privé et sa composition forestière, les propriétaires forestiers québécois, l’importance économique de la forêt privée et les activités d’aménagement forestier et de récolte du bois qui s’y déroulent. Ce document vise à rassem­bler et uniformiser les informations factuelles sur la forêt privée, partager la même information entre les multiples intervenants œuvrant en forêt privée, établir des orientations basées sur des constats chiffrés plutôt que sur des perceptions, et réaliser un suivi des impacts des politiques gouvernementales et des conjonctures affectant ce territoire.

Consultez l’édition 2024 de La forêt privée chiffrée.

Publication du rapport des consultations sur l’avenir de la forêt

Le rapport synthèse des Tables de réflexion sur l’avenir de la forêt a été publié le 28 juin dernier par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Mme Maïté Blanchette Vézina. Il résume les commentaires des participants à la consultation, ainsi que les principales discussions des 12 tables régionales et de la table nationale tenues avec les partenaires du secteur forestier.

Le rapport affirme que la modernisation du régime forestier est indispensable pour faire face aux difficultés vécues par les divers usagers de la forêt. Il ajoute que pour que la forêt demeure un atout économique, écologique et durable dans nos régions, il faudra travailler à :

  1. L’adaptation de la gestion forestière pour inclure la notion de changements climatiques ;
  2. Une meilleure prise en compte des réalités régionales dans la planification forestière ;
  3. La refonte du réseau de chemins multiusages pour améliorer la sécurité et assurer un partage équitable des coûts de réfection et d’entretien ;
  4. L’augmentation de la contribution de la forêt privée à l’approvisionnement de la filière forestière.

Le rapport contient plusieurs préoccupations et recommandations pour une meilleure valorisation de la forêt privée et des producteurs forestiers. À cet effet, les intervenants consultés recommandent que « l’État investisse davantage de ressources dans la forêt privée pour utiliser son plein potentiel, reconnaisse son importance stratégique dans les politiques ainsi que son rôle dans un contexte de changements climatiques. De plus, plusieurs suggestions visent des améliorations au cadre légal et réglementaire afin de l’alléger et d’être davantage en phase avec la science forestière, ce qui permettrait de faciliter le travail des intervenants du milieu municipal et forestier et d’optimiser les retombées sociales, économiques et environnementales. »

La Fédération des producteurs forestiers du Québec et les syndicats de producteurs forestiers régionaux poursuivront leur collaboration avec le ministère des Ressources naturelles et des Forêts et les partenaires du secteur pour voir à mettre en place des actions concrètes pour mieux valoriser la gestion durable des forêts privées et soutenir les producteurs forestiers.

Pour plus d’informations sur les résultats de la consultation, visitez le site Web du gouvernement du Québec  : Démarche de réflexion sur l’avenir de la forêt.

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