Sécurité : risques de chute en forêt dans les travaux de débroussaillage

La prévention des chutes est un défi de taille pour les débroussailleurs. Ceux-ci doivent concilier les enjeux de sécurité et de productivité dans un environnement diversifié et sur lequel ils ont peu de contrôle.

Un nouveau document de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail aborde la prévention des chutes en forêt dans les travaux de débroussaillage. Plusieurs facteurs peuvent influencer le risque de chute. Les plus importants peuvent être regroupés en cinq catégories. Le cumul de facteurs augmente le risque de chute. Pour avoir un impact sur la prévention des chutes, mieux vaut agir sur plusieurs facteurs.

Consultez la fiche Risques de chute en forêt dans les travaux de débroussaillage en format PDF. 

Sécurité : changement de culture en forêt

Même si les entreprises s’activent de plus en plus à assurer la sécurité des employés, le travail en forêt demeure dangereux. En 2016, 311 accidents ont été recensés par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). C’est une amélioration marquée par rapport aux 380 occurrences de 2012, mais du travail reste à faire.

Crédit photo Guillaume Roy
Pour éviter les accidents, il est recommandé de suivre des formations offertes en abattage d'arbres.
La section formation du site foretprivee.ca contient le calendrier des formations offertes aux producteurs forestiers.

En amorçant sa journée le 24 mars 2016, un opérateur a été avisé de la présence d’un problème d’encodeur dans le système de mesurage de la tête multifonctionnelle de l’abatteuse avec laquelle il travaillait. Pour effectuer la réparation, il s’est dirigé vers la tête multifonctionnelle alors que le moteur de l’engin tournait et que l’ordinateur était ouvert. Le fait de manipuler l’encodeur a fait en sorte d’envoyer un signal à l’ordinateur, ce qui a déclenché la fermeture des couteaux d’ébranchage qui ont écrasé mortellement le travailleur contre les rouleaux d’entraînement.

Selon Geneviève Trudel, porte-parole de la CNESST, l’employé n’aurait pas dû se trouver dans la zone de coincement des couteaux d’ébranchage lors de la réparation de la tête multifonctionnelle de l’abatteuse alors que le moteur était en marche, car la manipulation de l’encodeur déclenche la fermeture des couteaux d’ébranchage, ce qui a causé la mort du travailleur.

Comme on le voit dans 16,6 % des cas, l’employé a été heurté par un objet. C’est d’ailleurs le type d’accident le plus fréquent, devant ceux liés aux réactions du corps (13,4 %) et aux chutes (13 %).

Les abatteurs manuels qui utilisent leur scie à chaîne sont aussi confrontés à de nombreux dangers, ajoute Geneviève Trudel. La présence de chicots, la technique d’abattage et le sol forestier peuvent constituer des risques importants, surtout lorsque les conditions météorologiques altèrent l’état des lieux et rendent le sol glissant. « Ces risques ne sont pas spécifiques aux abatteurs manuels, mais à tous les travailleurs forestiers, mentionne-t-elle. L’arbre à abattre peut être une source de danger selon sa situation sur le terrain, son inclinaison et ses dimensions. Les chicots sont aussi extrêmement dangereux, car leur comportement est imprévisible en cas de contact avec l’arbre abattu. »

Crédit photo Guillaume Roy

Pour éviter les accidents, il est recommandé de suivre des formations offertes en abattage d’arbres. La section formation du site foretprivee.ca contient le calendrier des formations offertes aux producteurs forestiers. La CNESST a également rédigé le guide de référence Abattage manuel, qui explique la mise en oeuvre de méthodes sécuritaires.

La prévention gagne du terrain

Un accident mortel est toujours de trop, mais il n’empêche que la culture des entreprises forestières a grandement évolué au cours des 20 dernières années, estime Frédérick Villeneuve, conseiller en prévention chez Prévibois, une mutuelle de prévention spécialisée dans la santé et sécurité au travail en forêt. « Il y a une belle amélioration en ce qui a trait au nombre d’accidents, car la prévention fait de grands pas, dit-il. Pour être concurrentielles et réussir, les entreprises n’ont pas le choix d’être performantes, pas seulement en ce qui concerne la production et la qualité, mais aussi en santé et sécurité. »

Quelques conseils

Étant donné que le secteur forestier demeure dangereux, quelques conseils clés, prodigués par Frédéric Villeneuve, sont de mise.

D’emblée, les formations sont particulièrement importantes quand on parle de sécurité, et ce, notamment dans le domaine de l’abattage manuel, remarque le conseiller. « Dans la majorité des accidents, les gens n’avaient pas suivi de cours et utilisaient une mauvaise technique d’abattage », mentionne-t-il. La Fédération des producteurs forestiers du Québec a d’ailleurs produit une vidéo intéressante, disponible à l’adresse https://youtu.be/SAZrnEMr7bk, qui démontre comment couper un arbre de manière sécuritaire. 

En ce qui concerne les machines, les accidents surviennent principalement lors de leur maintenance ou de leur réparation. « En automne et en hiver, les chenilles et les surfaces sont très glissantes, note Frédérick Villeneuve, ce qui cause souvent des chutes. Il est important de se déplacer en maintenant toujours trois points d’appui pour prévenir les blessures. » Un autre conseil : on ne saute pas en bas d’une machine.

Les risques sont aussi nombreux pour les aménagistes forestiers, mais il existe tout de même des techniques qui permettent de les diminuer, soutient l’expert en prévention. « Les accidents surviennent souvent lors des ravitaillements ou en fin de journée, dit-il. On encourage donc les employés à se dégager un bon sentier pour accéder à leur équipement et à faire plus attention à la fin de leur quart de travail, lorsque la fatigue s’installe. »

Crédit photo Guillaume Roy

Lors de l’abattage d’un arbre, on doit avoir recours au code de sécurité de l’abatteur, le D.I.S.Ec.O. En voici la signification.

D – Danger. On détermine les éléments qui pourraient constituer des sources de danger, dont les chicots.
I – Inclinaison. On repère les éléments susceptibles d’influencer la direction de la chute de l’arbre.
S – Sortie de secours. On prévoit des sorties de secours vers l’arrière à 45 degrés.
Ec – Épaisseur de la charnière. On fait en sorte que celle-ci corresponde à 1/10 du diamètre de l’arbre à abattre.
P – Plan d’abattage. On élabore un plan d’abattage sécuritaire.

Documents à consulter

 

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de février 2018.

Être un meilleur bûcheron ou ne plus être

Photos : Martin Ménard

En mars 2015, un bûcheron s’est sectionné l’artère fémorale avec sa scie à chaîne dans une érablière de la Montérégie. Entre 2010 et 2014, 16 autres travailleurs sont morts au Québec dans le secteur de la forêt et des scieries. Voici quelques conseils qui pourraient sauver votre vie ou, à tout le moins, améliorer votre efficacité au travail.

L’accident cité en introduction est celui d’Éric Séguin, 39 ans, de Rigaud. En tentant d’envoyer au sol un merisier encroué dans un autre arbre, il a perdu le contrôle de sa scie, laquelle a heurté sa jambe près de l’aine, juste au-dessus des éléments de protection de son pantalon de sécurité. La profonde lacération s’est avérée mortelle. L’avis de décès indique qu’il laisse dans le deuil sa conjointe et son jeune fils.

Un autre décès en forêt privée a eu lieu en 2015, en Chaudière-Appalaches, où un bûcheron d’expérience a été trouvé mort sous un hêtre. Celui-ci s’ajoute aux nombreuses blesses, mineures ou majeures, qui surviennent chaque année.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) attribue la plupart des décès à l’utilisation de techniques de travail jugées « inappropriées et dangereuses » en forêt.

Or, le bûcheron d’aujourd’hui dispose de plusieurs sources d’information qui lui permettent d’améliorer ses techniques d’abattage et sa sécurité en forêt. À ce sujet, voici une série de recommandations constructives de Gaétan Grondin, un bûcheron de longue date et formateur accrédité par la CNESST.

Équipements adéquats

Certaines personnes entreprennent leur travaux forestiers à la hâte et ne veulent pas se contraindre à enfiler l’équipement de sécurité. Erreur! « C’est incompréhensible que des gens partent encore bûcher en souliers. D’autres se sentent en sécurité avec des bottes à embout d’acier, mais contrairement à la croyance populaire, ce type de bottes ne protège pas d’une scie à chaîne. C’est comme partir bûcher en sandales équipées d’embouts d’acier. Il faut de vraies bottes de protection, qu’on reconnaît par le logo en forme de sapin », lance M. Grondin. Ce dernier met également les gens en garde contre les pantalons dits « forestiers », qui ne présentent pas les éléments de sécurité aussi complets que les pantalons certifiés CAN/BNQ 1923-450-M91, catégorie A.

Et ce n’est pas lors d’une situation d’urgence qu’il faut commencer à chercher la trousse de premiers soins. Une bonne idée consiste à la laisser près du carburant destiné à ravitailler la scie. De plus, coller un pansement compressif au fond de son casque permettra d’agir rapidement en cas d’hémorragie.

Dans le rapport de la CNESST concernant l’un des accidents mortels subi par un abatteur en forêt privée, on peut lire que le régime moteur de la scie mécanique était trop élevé à bas régime et que la tension de la chaîne était insuffisante. « L’état général de la scie peut avoir un lien avec la gravité de l’accident. La chaîne mal ajustée peut produire des rebonds plus violents et rendre la scie plus instable », a expliqué la CNESST. Pour améliorer la sécurité et la performance au travail, la chaîne de la tronçonneuse doit être affûtée et sa tension, bien réglée.

Analyse des dangers

Avant d’appuyer à fond sur l’accélérateur de sa scie, le bûcheron doit analyser le secteur entourant l’arbre à abattre pour détecter la présence de branches suspendues, les obstacles au sol et les autres sources de danger. Il examine l’inclinaison de l’arbre et enlève les tiges près de celui-ci, qui pourraient nuire à son travail, et prend le temps de dégager une voie de retraire de 2 m de profondeur. Puis, il décide du type d’entaille à faire, de l’épaisseur de la charnière, des outils à utiliser, etc. « C’est la prière du bûcheron qu’il faut réciter avant chaque abattage », mentionne M. Grondin.

L’entaille de direction s’effectue sur le tiers du diamètre et consiste en un trait supérieur à 45 degrés. Finalement, de l’autre côté de l’arbre, le trait d’abattage doit être effectué à au moins 2,5 cm au-dessus du trait inférieur. Il importe de ne pas compléter le trait d’abattage jusqu’au bout afin de créer une charnière.

« Le principe de la charnière est méconnu de plusieurs bûcherons, même de ceux qui sont expérimentés. Il s’agit de laisser une partie non sciée, qui correspond à 1/10 du diamètre de l’arbre, entre l’entaille de direction et le trait d’abattage. La charnière contrôle la chute de l’arbre et évite, comme ça s’est déjà produit, qu’il roule à côté de la souche et tombe sur le pied du bûcheron, ou encore, que l’arbre rebondisse sur la souche et vienne frapper l’abatteur », explique M. Grondin.

Trait d'abattage

Les bûcherons détestent coincer leur scie; une situation qui se produit souvent lorsqu’il faut faire tomber l’arbre dans une autre direction que cette de son inclinaison naturelle. Le truc : un trait d’abattage en deux étapes. Concrètement, après avoir créé l’entaille de direction, l’opérateur effectue une première portion du trait d’abattage, du côté vers lequel l’arbre penche. Il retire sa scie et insère un coin. Ensuite, il termine l’autre portion du trait d’abattage. Et le tour est joué. Avec le levier d’abattage ou le coin, la scie ne peut se coincer. 

Comment abattre un chicot?

« Les arbres morts sont des « faiseux » de veuves légendaires. Juste par la vibration de la scie, une branche peut se détacher du haut et tomber sur le bûcheron. Idéalement, tu ne coupes pas un chicot; tu le fais tomber avec le treuil forestier en t’éloignant le plus possible », recommande M. Grondin. À défaut d’avoir de l’équipement motorisé, le bûcheron coupe le chicot vers son inclinaison naturelle en ne restant pas sous des branches mortes. Il procède à l’entaille de direction et au trait d’abattage debout, la scie au niveau de la ceinture, afin de pouvoir s’éloigner rapidement en cas de danger. De même, le bûcheron doit toujours avoir l’oeil sur la cime du chicot au moment où il tombe. Afin de compenser la faiblesse du bois, la charnière doit être plus épaisse que le 1/10 du diamètre recommandé habituellement. 

Quoi faire lorsqu'un arbre est très penché?

Lorsqu’un arbre penche fortement dans une direction et qu’il est chargé de neige ou de verglas, il risque de fendre sur la longueur lors de l’abattage. « J’ai déjà vu des gars avoir peur dans des arbres ont éclaté en longueur. C’est comme un coup de fouet », assure M. Grondin. La technique consiste à effectuer une entaille de direction, avec un trait supérieur à 45 degrés et un trait inférieur horizontal. Plutôt que de faire un trait d’abattage en commençant par l’arrière de l’arbre, il suffit de percer une fente jusqu’à l’autre côté du tronc tout en laissant une partie non coupée à l’arrière de l’arbre appelée talon. Celui-ci empêche l’arbre de tomber. Par la suite, le bûcheron coupe le talon et l’arbre tombe sécuritairement. 

Lorsque les arbres sont trop petits pour qu’il puisse faire une entaille de direction et un talon, le bûcheron fait simplement deux entailles en forme de V. La pointe du V indique la direction de la chute. Finalement, un trait d’abattage est effectué comme à l’habitude par l’arrière. 

Que faire avec un arbre encroué?

Au moment de la chute, l’arbre peut s’enchevêtrer dans d’autres arbres et rester encroué. Cette situation dangereuse commande idéalement de le tirer avec un treuil forestier. Mais si ce type d’équipement n’est pas disponible, Gaétan Grondin recommande de scier une partie de la charnière. Le bûcheron prend ensuite son levier d’abattage pour faire rouler l’arbre, une manoeuvre parfois suffisante pour déprendre celui-ci et le faire tomber au sol. Lorsque l’arbre ne bouge pas, par exemple s’il est pris au centre d’un autre arbre en forme de Y, la situation se corse. Le formateur suggère de couper une première section près du sol, ensuite une deuxième en ne portant jamais la scie plus haut que le torse. 

Comment couper une branche sous tension?

L’ébranchage demeure propice aux accidents en raison de la tension exercée sur certaines branches, qui peuvent rebondir à tout moment. « Quand un bûcheron regarde un arbre au sol, il doit repérer les zones de compression et de tension. S’il fait un seul trait de scie en commençant dans la zone de compression, il risque de coincer sa lame. S’il coupe uniquement dans la zone de tension, il peut recevoir la branche en plein visage, comme un ressort », indique M. Grondin. Le rebond de la branche peut également faire dévier la lame sur le travailleur.

Lorsque la tension est verticale, le bûcheron doit tenir sa scie de sorte que son corps ne se trouve pas dans la trajectoire de la lame, afin de pallier le risque élevé de rebond. Ensuite, il fait un trait de scie dans la zone de compression selon une profondeur qui correspond au quart du diamètre de la branche. Il effectue le trait de scie final de l’autre côté, dans la zone de tension. Quand l’arbre est appuyé sur un autre encore debout, la tension est latérale. Le bûcheron doit alors se protéger en se plaçant derrière l’arbre qui est debout. 

Respectez-vous la loi?

Une formation de 16 heures sur l’abattage d’arbres est obligatoire depuis 2013 conformément au Règlement sur la santé et la sécurité dans les travaux d’aménagement forestier. Certains acériculteurs, agriculteurs et propriétaires de boisés privés sont concernés par cette formation obligatoire, d’autres non. Voici comment s’y retrouver : 

  • Un agriculteur qui coupe un arbre derrière sa grange : formation non obligatoire;
  • Un propriétaire d’entreprise (un agriculteur, un producteur forestier ou un acériculteur) qui coupe seul des arbres dans sa forêt pour produire du bois de chauffage, vendre le bois en billes, éliminer les arbres morts et effectuer tous les autres types de travaux d’aménagement forestiers : formation non obligatoire;
  • Un propriétaire d’entreprise qui coupe des arbres dans sa forêt pour tous types de travaux d’aménagement forestiers, accompagné de quelqu’un qui est payé pour ramasser les branches : formation obligatoire pour le propriétaire et non obligatoire pour l’autre personne;
  • Un propriétaire d’exploitation qui coupe des arbres dans sa forêt pour tous types de travaux d’aménagement forestier, accompagné d’un employé qui manie également une scie mécanique pour couper des arbres ou les ébrancher : formation obligatoire pour le propriétaire et l’employé. À noter qu’une personne « payée au noir » et même celle qui reçoit simplement quelque chose en échange de son travail (par exemple du bois de chauffage) est considérée comme un employé selon la CNESST;
  • Un propriétaire d’entreprise qui coupe des arbres dans sa forêt pour tous types de travaux d’aménagement forestier, accompagné d’un membre de sa famille qui utilise aussi une scie mécanique : formation non obligatoire pour ni l’un ni l’autre. Mentionnons que le membre de la famille ne doit pas être rémunéré en argent ou de toute autre façon que ce soit. Autrement, il sera considéré comme un employé;
  • Un employé qui coupe un arbre situé près d’une grange ou qui est tombé dans un chemin, ce qui n’est pas considéré comme de l’aménagement forestier: formation de 16 heures non obligatoire. Par contre, la CNESST exigera qu’il ait suivi une formation sur l’utilisation sécuritaire de la scie à chaîne.

Le propriétaire doit également remplir une ficher de suivi pour son employé, chaque année, sur les travaux d’abattage manuel qui ont lieu chez lui. Cette fiche requiert notamment l’analyse de 10 souches afin de savoir si l’abattage des arbres a été effectué en conformité avec les techniques enseignées dans la formation. 

« Si un propriétaire n’a jamais rempli de fiche et qu’un accident survient, il est dans le pétrin », conclut Gaétan Grondin.

Il faut éviter de tronçonner les arbres en plaçant son visage dans la même trajectoire que la scie. Le bûcheron n'a aucune force lorsqu'il tient sa scie en hauteur. Un rebond peut lui être fatal. Il doit tenir celle-ci au niveau de sa poitrine.

16 heures "payantes"

Une formation de 16 heures sur l’abattage est offerte dans la plupart des régions à un coût raisonnable (30 $ dans certains syndicats de producteurs forestiers). Le site www.foretprivee.ca présente le calendrier des cours dispensés. Celui du www.cnesst.gouv.qc.ca affiche le nom de certains formateurs.

Des propriétaires de boisés peuvent être rébarbatifs à l’idée de suivre une telle formation, mais force est de constater qu’il s’agit d’un cours élaboré par des spécialistes expérimentés. Il permet aux bûcherons, autant les débutants que ceux qui possèdent déjà de bonnes connaissances, d’améliorer significativement leurs techniques et, qui sait, de sauver leur vie.

 

 

Article paru dans la revue Forêts de chez nous de septembre 2016.

Guide de l’équipement sécuritaire

Être abatteur manuel, autrefois nommé bûcheron, est un métier ou un passe-temps dangereux. Pour réduire les risques, il faut bien choisir son équipement de protection individuelle et ses accessoires, et toujours avoir en main une trousse de sécurité complète. Pour y voir plus clair, Forêts de chez nous a préparé un guide de l’équipement sécuritaire destiné au travail en forêt.

ÉQUIPEMENT DE PROTECTION INDIVIDUELLE

L’utilisation d’une scie à chaîne n’est pas sans risque. Avant de partir dans le bois, il faut s’habiller de façon appropriée. D’abord, on doit porter un casque. Ce dernier assure une protection optimale contre les chocs à la tête; une différence qui pourrait sauver une vie. « Cherchez des produits conçus à l’aide de matériaux de haute qualité, qui sont certifiés pour un usage professionnel », conseille Jason Chennette, de Husqvarna. Afin de se protéger les yeux, l’abatteur peut choisir de porter un écran facial ou des lunettes de sécurité. Pour plus de protection, il est aussi possible de revêtir les deux en même temps.

L’utilisation de scies à chaîne pendant plus de deux minutes sans protection auditive peut causer des dommages aux oreilles, car elles produisent en moyenne 109 décibels (Db), soit 24 Db de plus que ce que l’on peut soutenir durant une période prolongée. De plus, le bruit agressant de la scie augmente la fatigue. C’est pourquoi il est important de porter une protection auditive, que ce soit des coquilles ou des bouchons d’oreilles.

Puis, il faut protéger ses membres en portant un pantalon, des bottes et des gants qui comportent des couches de nylon finement tressé. « Si un accident survient, le nylon va embourber l’embrayage de la scie de façon à arrêter la chaîne instantanément », explique Pascal Thivierge, représentant d’Echo Canada. « Le nombre de plis désigne la quantité de couches. Donc, plus il est élevé, plus grande est la protection », ajoute-t-il. Les bottes et les pantalons qui comportent un embout en acier doivent obligatoirement être certifiés pour un usage professionnel.

Tableau comparatif de l’équipement de protection individuelle

 StihlHusqvarnaEcho Power
Casque avec protège-oreilles et visièreAvec protège-oreilles et visière 69,95 $Inclut visière, protecteurs auditifs, protection contre la pluie et pour le cou 89,99 $Inclut coquilles et visière de nylon. Ajustement à cliquets 69,95 $
Gants ou moufles à un doigtGants antivibrations 29,95 $Modèle de luxe pour une protection optimale 44,99 $Faits de nylon balistique 14 épaisseurs 24,95 $
Pantalon certifiéEn coton/polyester. Six épaisseurs de nylon/polyester/kevla
111,54 $
Technical Hi-Viz : pantalon certifié, matériaux élastiques, genoux renforcés 299,95 $Neuf plis de protection balistique 139,95 $
Bottes de sécuritéCaps et semelles d’acier. Renforcées aux chevilles et imperméables
136,99 $
Imperméables, renforcies à la cheville, cap et semelles d’acier 134,99 $Bottes d’acier pour scies à chaîne 149,95 $
Jambières de protectionStyle camouflage. Certifiées pour une vitesse de 2 600 pi/min. 98,95 $Taille universelle, 6 plis de protection balistique 99,99 $Taille universelle, 2 sangles ajustables 89,95 $
Protecteurs auditifs26,99 $Coussinés, pression réduite 29,99 $ 
Équipement completTrousse de l’abatteur : casque avec visière et coquilles auditives, lunettes de sécurité avec lentilles fumées, jambières 119,99 $Powerkit : casque avec visière, jambières, gants, lunettes et protection auditive 224,99 $Sécuripack : jambières balistiques, casque avec visière, protection auditive et gants 99,99 $

 

PREMIERS SECOURS SANS FAILLE

Tout doit être pensé à l’avance pour que les secours s’organisent rapidement. L’employeur doit s’assurer qu’un protocole d’évacuation et de transport des blessés est établi, qu’il y a suffisamment de secouristes désignés, soit un pour cinq travailleurs, que chacun porte sur lui un pansement compressif pour réduire les risques en cas d’hémorragie et que des trousses de premiers soins complètes sont à la disposition des employés à proximité des lieux de travail. De plus, chaque trousse doit contenir de l’épinéphrine, qui sera utile si un travailleur fait une allergie aux piqûres d’insectes. Savoir comment se servir de ce matériel est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles tous les ouvriers doivent recevoir une formation de sécurité adéquate, qui aide également à reconnaître les signes de danger en cas de coups de chaleur et où l’on explique la manière de les traiter. Pour chaque emplacement de travail, un système de communication efficace doit aussi être mis en place afin d’être en mesure de joindre les secouristes au besoin. Finalement, le matériel destiné aux premiers secours tel que planche dorsale et civière doit être facilement accessible et les véhicules doivent être stationnés dans des endroits sécuritaires, de manière à ne pas nuire aux véhicules d’urgence.

Tableau comparatif des accessoires pour les travailleurs forestiers

 StihlHusqvarnaEcho Power
Étau de souches33,61 $19,99 $14,95 $
Coin d’abattageÀ partir de 5,38 $À partir de 3,99 $À partir de 4,95 $
Scie repliable36,26 $ 12,95 $
Crochet à pulpe32,48 $30,99 $16,95 $
Trousse de limage20,14 $41,95 $9,95 $
Trousse complète Ceinture, deux étuis, crochet, coin d’abattage, ruban à mesurer, coffre de rangement 224,99 $ 
Ruban à mesurer 50 pieds 94,99 $ 

 

DES ACCESSOIRES EFFICACES ET SÉCURITAIRES

En plus d’une scie à chaîne et de l’équipement de sécurité, plusieurs accessoires sont nécessaires au travailleur forestier. Par exemple, « un ensemble de limage et un étau de souches permettent à l’abatteur manuel de garder la coupe de la scie à un niveau optimum », mentionne Pascal Thivierge. Un étau de souches compact peut être gardé dans une poche de pantalon et donne la possibilité de bien fixer la scie aux souches pour être en mesure d’utiliser adéquatement l’ensemble de limage.

Différents modèles de leviers d’abattage et de coins, employés pour des abattages précis, sont aussi offerts. En ce qui a trait à l’élagage, une scie repliable ou une scie en arc permet de travailler efficacement.

Pour transporter tous ces accessoires, une ceinture confortable comportant suffisamment de poches est également de mise. En plus de ces derniers, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) recommande l’utilisation d’une pince, d’un crochet et d’un galon ainsi que de l’équipement sécuritaire comme un ruban DANGER, un extincteur à poudre, un pansement compressif ainsi qu’un réservoir de carburant.

POUR PLUS DE SÉCURITÉ

Il existe toute une panoplie d’équipements et de services destinés aux travailleurs forestiers pour améliorer la sécurité. En voici deux qui ont retenu notre attention.

SAUVETAGE D’URGENCE

Que ce soit pour un regroupement d’ouvriers ou des services individuels, Air Médic a su adapter son offre de services destinée aux travailleurs forestiers, selon un tarif de 120 $ par personne par an et de 150 $ pour une famille. À ce tarif abordable, un blessé peut bénéficier d’un sauvetage aéroporté dans un centre adapté à ses besoins, peu importe où il se trouve. Si le secteur n’est pas desservi par un réseau cellulaire, il faut alors penser à utiliser un téléphone satellite portatif de l’entreprise Spot, avec laquelle Air Médic a conclu une entente de partenariat.

Selon les endroits où vous vous trouvez au Québec, l’entreprise Air Rivac offre des services de sauvetage héliporté avec quatres bases au Québec. Des forfaits individuels sont disponibles à partir de 80 $ et des forfaits familiaux à partir de 125 $.

TREUIL PORTABLE

Aujourd’hui, on n’a plus à déplacer de lourdes charges à mains nues. Grâce aux treuils portables de Portable Winch, le dos est épargné et le travail est beaucoup plus efficace. Dotés d’un moteur à essence quatre temps Honda, ces treuils, conçus et fabriqués à Sherbrooke, peuvent déployer une longueur de corde illimitée pour tirer des billots, déprendre un arbre encroué ou faire de l’abattage directionnel. Le treuil forestier PCW 5000, qui pèse 35 lb, peut tirer 2 200 lb en ligne simple. Il s’attache facilement aux conifères et aux feuillus ou à tout autre objet solide avec une corde de polyester pour éviter les blessures aux arbres. Il suffit d’y ajouter une ou plusieurs poulies pour augmenter la force de tir. Le treuil permet aussi d’aller chercher des arbres qui sont difficiles d’accès dans de fortes pentes ou sur des terrains accidentés, par exemple. Ces modèles de treuils sont si populaires qu’ils sont d’ailleurs en demande aux quatre coins de la planète, aussi bien dans nos forêts québécoises qu’en Asie, en Europe ou en Amérique du Sud.

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, septembre 2017.

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