La consultation des propriétaires forestiers
Les espèces exotiques envahissantes qui menacent nos forêts
Phases d’une invasion et éléments stratégiques de gestion correspondant
Le fardeau fiscal foncier des producteurs forestiers
Nouveaux calculs de possibilité de récolte forestière en forêt privée
La possibilité de récolte forestière constitue le volume de bois qu’il est permis de prélever chaque année dans une zone donnée afin de réglementer le niveau de récolte pour garantir un approvisionnement durable en bois. Le respect de cette possibilité constitue d’un indicateur essentiel permettant d’assurer l’aménagement durable des forêts.
En forêt publique, le Forestier en chef est responsable d’évaluer puis déterminer les possibilités forestières. Ce résultat est prescriptif puisqu’il constitue un volume maximal des récoltes annuelles de bois par essence ou groupe d’essence. Pour plusieurs raisons, dont la volonté de chaque propriétaire de récolter ou non du bois, la notion de possibilité forestière en forêt privée est davantage de nature indicative que prescriptive.
La détermination de la possibilité de récolte forestière en forêt privée est un exercice qui ne permet pas d’orienter les récoltes ou les investissements sylvicoles dans les peuplements forestiers les plus propices. Cette décision appartient aux propriétaires forestiers qui sont plus souvent qu’autrement soutenus par un conseiller forestier, un entrepreneur forestier ou leur syndicat de producteur de bois.
En forêt privée, les agences régionales de mise en valeur sont tenues de se fixer des objectifs quantifiables de production des ressources forestières dans leur plan de protection et de mise en valeur (PPMV). Qui plus est, compte tenu de la nécessité de se donner des objectifs de production de bois prévisibles et stables, la FPFQ et les syndicats de producteurs de bois se sont maintes fois impliqués dans la réalisation des calculs en forêt privée.
Hausse ponctuelle des budgets de mise en valeur des forêts privées
La mise en valeur des forêts privées repose principalement sur une collaboration entre l’État et les propriétaires forestiers. Au Québec, le gouvernement intervient en forêt privée depuis plus de 60 ans afin d’inciter les propriétaires à protéger et mettre en valeur leurs boisés et ainsi accroître les retombées économiques de cette activité pour les communautés rurales. La majorité des programmes vise à partager les frais associés à l’aménagement forestier, l’aménagement faunique ou bien la conservation.
Le financement du soutien à la mise en valeur des forêts privées provient principalement du gouvernement provincial auquel s’ajoute une contribution de l’industrie forestière équivalente à 1 $/m³ de bois récolté en forêt privée. Ponctuellement, le gouvernement fédéral financera des initiatives contribuant à la mise en valeur des forêts privées. La part du producteur, estimée à environ 20 % du coût des travaux subventionnés, n’est généralement pas comptabilisée. Notez que le propriétaire devra, dans une majorité de cas, détenir le certificat de producteur forestier pour avoir accès à ces programmes.
Évolution des budgets d’aide à la mise en valeur des forêts privées
En 2022-2023, les sommes disponibles pour la réalisation de travaux sylvicoles ont, en tout et pour tout, atteint 71 M$, en baisse de 2,4 M$ par rapport à l’année précédente. Cette baisse provenait principalement de l’absence d’entente entre le gouvernement du Québec et celui du Canada en ce qui a trait au programme de boisement de 2 milliards d’arbres (-7,8 M$ en 2022-2023), partiellement contrebalancée par un fonds de suppléance ponctuel du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) pour compenser la hausse des prix du carburant (+3,0 M$).
Bois à vendre en forêt privée!
La forêt privée dispose toujours d’importants volumes de bois qui permettraient à l’industrie forestière de combler ses besoins en approvisionnement et ainsi réaliser des opportunités d’affaires intéressantes. En tout et pour tout, environ 2,1 Mm³ de bois rond demeurent disponibles en forêt privée pour approvisionner plusieurs usines de transformation sur l’ensemble du territoire.
Pour la période 2023-2028, les 13 gestionnaires régionaux de plans conjoints de producteurs de bois et le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) ont conjointement évalué qu’il serait réaliste de mobiliser annuellement 8,1 Mm³ de bois par année en forêt privée, sur une possibilité de récolte forestière de 17,0 Mm³. Ce volume correspond à la somme de tous les produits, résineux et feuillus, de qualité trituration, sciage et déroulage. La récolte de bois de chauffage, estimée à 1,8 Mm³ par année, est exclue de cette évaluation.
Le volume mobilisable est déterminé à l’aide des données de possibilités de récolte forestière, des historiques de production, des conditions d’achat sur le marché, des ressources disponibles pour accompagner les propriétaires dans la récolte et le transport de bois, en plus d’une estimation de la volonté des propriétaires de récolter ou de faire récolter du bois dans leur boisé.
Toutes choses égales d’ailleurs, la comparaison entre la récolte réelle en 2022 et l’estimation du volume de bois mobilisable permet d’établir les volumes de bois sans preneur pouvant soutenir le développement de l’industrie forestière. À l’échelle de la province, toutes essences et qualités confondues, les propriétaires forestiers ont récolté 74 % du bois mobilisable en 2022.
Bilan de la mise en marché du bois de la forêt privée en 2022
Entre janvier et décembre 2022, les producteurs forestiers visés par les 13 plans conjoints de producteurs de bois du Québec ont mis en marché environ 6,0 Mm3 de bois, toutes essences confondues. En 2022, 76 % des livraisons de bois en provenance de la forêt privée furent destinées aux usines de sciage, 13 % aux usines de panneaux et autres utilisations et 11 % aux usines de pâtes et papiers.
Globalement, 70 % du bois mis en marché provenait d’essences résineuses alors que les feuillus représentaient 30 % du volume des livraisons. Le volume total mis en marché a diminué de 11 % par rapport à 2021. Ces volumes ne tiennent pas compte de la récolte de bois de chauffage estimée à 1,8 Mm3 chaque année.
La valeur du bois mis en marché en 2022 est évaluée à 533 M$, ce qui représente une hausse de 12 % par rapport à l’année précédente. En 2022, le revenu total des producteurs, soit la valeur du bois livré à l’usine moins la somme consacrée au transport et aux contributions aux plans conjoints, s’est chiffré à 413 M$, en hausse de 32 M$.
S’initier aux crédits de carbone forestier
La forêt est une alliée naturelle dans la lutte contre les changements climatiques en raison de la capacité des arbres à séquestrer le carbone. Le secteur forestier peut aussi contribuer par la mise en place de stratégies d’aménagement forestier visant à augmenter les stocks de carbone sur un territoire ou en assurant sa séquestration à long terme dans des produits forestiers.
Les entreprises sont encouragées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) en adoptant de meilleures pratiques, à défaut de quoi elles peuvent compenser leurs émissions en procédant à l’achat de crédits compensatoires sur le marché du carbone. La financiarisation de la lutte contre les changements climatiques peut intéresser les propriétaires forestiers puisqu’il s’agit d’une avenue permettant de financer des investissements en sylviculture en procédant à la vente de crédits compensatoires. Les initiatives visant à vendre des crédits de carbone forestier s’accentuent, autant sur le marché volontaire que sur le marché réglementaire. Bien que ces deux marchés soient distincts, ils fonctionnent selon les mêmes préceptes.
La reconnaissance des projets
Il faut s’attarder aux 7 critères reconnus internationalement pour identifier et comprendre le fonctionnement des crédits de carbone forestier.
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Réel : les gains revendiqués tiennent compte des émissions de CO2 du projet. De plus, les bénéfices ne doivent pas conduire à un déplacement des émissions, soit au principe de la « fuite ». Ainsi, selon certaines normes, la reconnaissance d’un boisement ne peut pas se faire au détriment du déboisement d’un autre secteur d’une propriété.
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Additionnel : les crédits ne sont accordés que pour le carbone supplémentaire séquestré par rapport à celui quantifié dans un scénario de référence (en absence du projet).
Sur le radar en 2023
Comme chaque début d’année, la FPFQ retrace les grands enjeux susceptibles d’avoir des impacts sur les activités des producteurs forestiers en 2023. Voici une vingtaine de dossiers à surveiller.
Revenus des producteurs forestiers et marché des produits forestiers
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La Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier priorise l’approvisionnement en bois des forêts privées au détriment de celui des forêts publiques, qualifié de résiduel, dans les scénarios d’approvisionnement des usines de transformation du bois. Dans ce contexte, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) a consulté à la fois les syndicats et les offices de producteurs forestiers afin de déterminer l’offre de bois de la forêt privée et les bénéficiaires de droits forestiers sur les volumes potentiels qu’ils pourraient obtenir de la forêt publique. En début d’année, le MRNF devrait se prononcer sur les garanties d’approvisionnement en bois des forêts publiques pour la période 2023-2028. Cette consultation est essentielle, mais demeure insuffisante considérant que les scénarios d’approvisionnement sont fréquemment modifiés par les ventes de gré à gré et le recours aux plans spéciaux de récupération qui accroissent l’offre de bois des forêts publiques. La FPFQ poursuivra ses représentations afin d’assurer le respect du principe de résidualité.
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Les politiques monétaires mises en place par les gouvernements pendant la crise économique, les disruptions des chaînes d’approvisionnement au cours de la pandémie et la guerre en Ukraine ont créé une inflation persistante que tentent de casser les banques centrales en haussant les taux directeurs. Cette action visant à refroidir l’économie en surchauffe ralentira le marché immobilier. Après deux années fastes sur les marchés des produits forestiers, 2023 sera beaucoup plus morose.