Choisir sa fendeuse à bois

Qu’elles soient électriques, à essence, au diesel ou attachées au tracteur, les diverses fendeuses à bois présentes sur le marché disposent de nombreuses options. Forêts de chez nous vous présente une variété de fendeuses utiles pour les abatteurs manuels ou les propriétaires de boisés privés dont les besoins varient de quelques dizaines à quelques centaines de cordes de bois par année.

Avant d’acheter une fendeuse à bois, il faut d’abord déterminer ses besoins et ses préférences. Quelle quantité de bois doit-on couper et quelle est la longueur des bûches désirée? Préfère-t-on utiliser une fendeuse à moteur, une fendeuse électrique ou une fendeuse connectée à un tracteur et quel usage en ferons-nous?

« Quand on choisit une fendeuse qui s’installe sur un tracteur, il faut savoir que le tracteur doit toujours être en marche pour l’utiliser », mentionne Jonathan Gagnon, représentant des pièces pour Équipements Gagnon, à Maskinongé.

Les facteurs à surveiller

Chaque fendeuse ayant des capacités différentes, il importe de déterminer la longueur des bûches qu’on désire couper, de même que la quantité. La hauteur de la table de travail est aussi un élément à surveiller pour faciliter le travail des opérateurs. Par ailleurs, de plus en plus de manufacturiers offrent maintenant la possibilité de fendre le bois à l’horizontale ou à la verticale. Une très belle option pour éviter des blessures, notre Jonathan Gagnon.

De plus, la force de la fendeuse est aussi un facteur à ne pas négliger, car elle permet non seulement de produire plus de bois, mais aussi de travailler plus rapidement, remarque pour sa part Marco Lapointe, propriétaire d’Armand Lapointe Équipement, à Saint-Victor, en Beauce. Il note aussi que plusieurs modèles sont offerts avec une alimentation à l’essence ou électrique, mais que cette option permet moins de puissance.

Les plus populaires

Jonathan Gagnon recommande d’opter pour une modèle avec une puissance d’une vingtaine de tonnes. « Pour la majorité des utilisateurs, et même pour certaines utilisations commerciales, c’est une puissance suffisante, dit-il. Les machines les plus populaires sont les fendeuses sur roues avec un moteur indépendant, qui peuvent être utilisées sur n’importe quel véhicule. »

Pour fendre de 30 à 100 cordes de bois par an, Jonathan Gagnon recommande la Métavic 3526.

Pour fendre de 30 à 100 cordes de bois par an, Jonathan Gagnon recommande trois modèles : la Métavic 3526 (3 500 $), la Wallenstein WX980 (3 800 $) et le modèle 40-24 (3 500 $), des Équipements Woody.

« Métavic et Équipements Woody sont deux entreprises québécoises qui font d’excellents produits et les clients apprécient beaucoup que le soutien se fasse en français », dit-il.

Les Équipements Woody, une entreprise québécoise qui fait d'excellents produits.
Gilles Gravel recommande les fendeuses Oregon de 22 et de 28 tonnes, car celles-ci offrent le meilleur rapport qualité-prix pour fendre de 25 à 50 cordes de bois.

De son côté, Gilles Gravel, propriétaire des Industries Renaud Gravel, à Saint-Cléophas-de-Brandon, recommande pour sa part les fendeuses Oregon de 22 et de 28 tonnes, car celles-ci offrent le meilleur rapport qualité-prix pour fendre de 25 à 50 cordes de bois. Le modèle de 22 tonnes, par exemple, se vend 1 595 $. « Par le passé, on faisait nos propres fendeuses, mais il est difficile d’arriver avec d’aussi bons prix qu’un géant comme Oregon », soutient l’homme, qui préfère se concentrer sur des machines pour de plus grandes productions.

Pour les besoins importants

Pour fendre 300 cordes, Gilles Gravel recommande la FGRM (Fendeuse Gravel Remorque Moteur) au coût de 6 000 $, qui offre une meilleure ergonomie, plus de puissance et une plus grande vitesse de travail. Un système hydraulique soulève les bûches avant de les amener sur la table de travail, ce qui réduit la manutention et les blessures. D’autres modèles, comme le FS 300 (12 500 $) de Wood-Mizer offrent également un levier hydraulique en option.

Selon Sylvain Vouligny, propriétaire de Gespro Équipement, les producteurs qui ont des visées commerciales privilégient de plus en plus les modèles qui permettent de ne jamais manipuler le bois à la main. Le système de la compagnie Posch, sous le nom commerciale Parkfix, permet de mettre le bois directement sur une palette et de l’enrober d’un filet qui permet un séchage rapide. Certains modèles permettent aussi d’ensacher le bois directement dans des sacs, autant pour le bois allumage que le bois de foyer. C’est notamment le cas du Syloflam 450 de Rabaud ou d’AutoSplit350 de Posch. Le prix de ces machines oscille entre 15 000 et 35 000 $, selon les options.

La compagnie Gespro Équipement offre aussi du financement ou une location de bail pour ses équipements.

Un combiné scieur/fendeur Xylog 600 en poste fixe, cribleur de bûches et tapis d'évacuation

20 tonnes - Puissance de la fendeuse recommandée pour la majorité des utilisateurs et même certaines utilisations commerciales.
193 $ - Prix pour la location pour une semaine d'une fendeuse Wallenstein chez Simplex.

Des fendeuses différentes pour différents besoins

Processeurs à bois

Brad Charby, représentant pour Wood-Mizer, note que la tendance actuelle est aux processeurs à bois, qui permettent de scier, de fendre et d’empiler le bois en une seule opération. « Le processeur à bois prend une bille de 8 pieds de long, la coupe à 16 pouces, la fend en deux ou en quatre avant de la charger dans la remorque en une minute », lance le représentant qui distribue les produit Hakky Pilke (à partir de 15 000 $), des machines robustes permettant de produire six cordes à l’heure.

Gespro Équipement vante également les mérites des processeurs à bois, soulignant que les modèles haut de gamme de Posch offrent un rendement inégalé. « Il y a le modèle Spaltfix 375 avec scie ronde de Posch par exemple, ou le XYLOG390 de Rabaud, toujours avec scie ronde. Ce type d’équipement est toutefois beaucoup plus cher puisqu’il coûte près de 30 000 $ », explique M. Vouligny. Gespro Équipement offre aussi des processeurs industriels qui peuvent produire automatiquement plus de 30 cordes à l’heure. « Toute l’information nécessaire sur nos différents produits se retrouve sur notre site Web au www.gesproequipement.com », ajoute M. Vouligny.

La location, pourquoi pas?

Finalement, si vous n’avez pas une grande quantité de bois et que vous voulez fendre le tout rapidement, la location d’une fendeuse pourrait s’avérer votre meilleure option. Plusieurs distributeurs d’équipements comme Lou-Tec, Simplex, Location Pro, Équipements Saint0Vallier ou autres, offrent justement ce service à bon marché. Par exemple, Simplex loue une fende à vois Wallenstein de 20 tonnes, qui fonctionne à l’essence à un coût de 57,50 $ par jour, 193 $ par semaine ou 422,50 $ par mois.

Selon Sylvain Vouligny, les modèles haut de gamme de Posch offrent un rendement inégalé.

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de septembre 2018.

Faire d’une pierre deux coups – Produire son bois de chauffage tout en aménageant sa forêt

Au Québec, près de quatre propriétaires forestiers sur cinq récoltent du bois sur leurs lots pour assurer le chauffage de leur maison, de leur chalet ou de leur évaporateur à sirop d’érable. Même si cette pratique remontant au début de la colonisation semble inscrite dans nos gènes, elle n’a plus grand-chose en commun avec l’image traditionnelle des bûcherons de nos livres d’histoires.

« Je dirais qu’on retrouve aujourd’hui autant de propriétaires privés que de producteurs commerciaux, mais ces derniers accaparent environ de 85 à 90 % du marché du bois de chauffage », estime l’ingénieur forestier Sylvain Rajotte.

Directeur général d’Aménagement forestier et agricole des Sommets, à Coaticook, il a été témoin de la transformation du marché. « Il y a 40 ans, on retrouvait des gens qui produisaient des quantités limitées de bois de chauffage comme 20, 30, 40 ou 50 cordes. Puis, ils vendaient ça et ça leur procurait un revenu d’appoint. Aujourd’hui, quelqu’un qui fait du bois de chauffage se doit d’être productif, sinon il va travailler sous le salaire minimum. »

Selon Sylvain Rajotte, il existe deux types de producteurs : celui qui bûche pour ses propres besoins ou ceux de sa famille et celui qui s’équipe en vue d’une production commerciale. « Ce dernier va acquérir un moulin à bois de chauffe qui peut produire de quatre à cinq cordes à l’heure, coupées et fendues. Pour un homme qui travaille manuellement, faire une corde à l’heure, c’est beau pas à peu près. Il va pouvoir le noter dans son agenda. » Le prix des moulins à bois de chauffage varie évidemment selon le modèle et la qualité, mais il faut compter au moins 8 000 $ pour un équipement de base. 

Une situation que confirme Jean-Paul Roy, un entrepreneur électricien à la retraite de Coaticook, qui bûche depuis près de 50 ans. Il faisait partie, jusqu’à il y a quelques années, de ces propriétaires qui vendaient des cordes de bois. « Je ne touche plus à ça. C’est de l’ouvrage pis ce n’est pas vraiment payant. Tu travailles pour 7, 8, 10 $ l’heure. Travailler à ces prix-là dans ce temps-ci, oubliez ça. Les clients sont de plus en plus difficiles et la rentabilité n’est plus là », précise celui qui se contente aujourd’hui de couper les 12 cordes de bois nécessaires à ses propres besoins.

Le conseil de l'ingénieur forestier Sylvain Rajotte aux propriétaires forestiers désireux de récolter leur bois de chauffage : "Ayez une bonne connaissance de votre forêt et, préférablement, un plan d'aménagement pour bien diriger vos interventions."
12 % des Québécois utilisent un appareil au bois comme principale source de chauffage
78 % des gens ont recours à l'électricité

Analyser… puis couper

La première chose que doit savoir un producteur forestier désirant couper son bois de chauffage, c’est qu’il est bien important de bien connaître son boisé. « Un plan d’aménagement, c’est encore mieux puisque ça aide à diriger ses interventions », précise Sylvain Rajotte.

Et l’élément essentiel que le propriétaire doit toujours conserver en tête, c’est que le bois de chauffage se retrouve au bout de la ligne de la valorisation du bois. Dans un premier temps, un arbre sera donc abattu pour les produits de qualité qu’on pourra en extraire : le bois de déroulage d’abord, puis le bois de sciage, et enfin, ce qu’on appelle communément le bois de palette. Dans un deuxième temps, une autre section de l’arbre servira à alimenter les papetières comme Domtar en Estrie ou Fortress en Outaouais. « C’est juste ensuite qu’on arrive au bois de chauffage », explique l’ingénieur forestier.

Augmenter sa productivité

Tout en permettant de générer une douce chaleur dans les habitations durant les longs mois d’hiver, la récolte du bois de chauffage se veut aussi la meilleure façon d’augmenter la productivité des boisés. « Cela permet de dégager les arbres en pleine croissance qui présentent une plus grande valeur commerciale », note Marc-André Rhéaume, responsable à l’aménagement forestier à la Fédération des producteurs forestiers du Québec. C’est ainsi que l’ingénieur forestier suggère de commencer à couper le bois mort, les arbres qui dépérissent, qui sont renversés ou ont le tronc courbé. « La récolte du bois de chauffage, c’est une bonne activité pour s’initier à l’aménagement de sa forêt », ajoute-t-il.

Sur ses 350 acres de lots, où il extrait annuellement 60 grosses cordes (4 pi x 4 pi x 8 pi) pour le bois d’oeuvre, Jean-Paul Roy met en pratique cette règle de base en sylviculture. « Une forêt, c’est comme un grand jardin. Pis un jardin, ça prend du temps à produire », philosophe-t-il.

La période idéale pour couper le bois est en hiver lorsque la sève a totalement quitté l’arbre, mais on peut aussi s’y mettre à l’automne dès que les feuilles sont tombées, explique Marc-André Rhéaume. « Ce qui fait la qualité du bois, c’est un bon fendage qui permet de bien le sécher et un bon entreposage. Du bois trop humide, c’est ça qui encrasse les cheminées et qui crée une fumée qui n’est pas intéressante », renchérit Sylvain Rajotte.

Une fois coupé et fendu, le bois sera disposé dans un endroit aéré en prenant soin de recouvrir la partie supérieure de la corde pour la protéger de la pluie. L’humidité ayant disparu durant la saison estivale, le bois sera alors prêt à être entré en prévision des grands froids.

La production de bois de chauffage est complémentaire aux activités de récolte forestière usuelle (éclaircie commerciale, coupe de jardinage ou même coupe totale). Il y a toujours des parties de l'arbre (branches, partie ayant de la pourriture, tronc trop courbé) qui ne peuvent pas être vendues aux industriels, et peuvent ainsi être récupérées en bois de chauffage.
La récolte de bois de chauffage peut permettre au propriétaire de s'initier à l'aménagement de son boisé en coupant les arbres ayant peu d'avenir et en favorisant les arbres de qualité

Économie souterraine : une époque révolue ou presque

Comme les producteurs commerciaux dominent le marché – certains produisent près de 1 500 cordes par année -, il n’est pas étonnant de constater que l’époque de la corde de bois payée sous la table en argent comptant est pratiquement révolue. « Ce n’est plus une économie souterraine, acquiesce Sylvain Rajotte. Ce sont des entreprises qui ont pignon sur rue et qui perçoivent la TPS et la TVQ comme n’importe quelle autre. »

Difficile de déterminer le prix d’une corde de bois de chauffage puisqu’il varie d’une région à l’autre. Deux facteurs peuvent justifier ces écarts, explique le directeur d’Aménagement forestier et agricole des Sommets : le coût du transport et le jeu entre l’offre et la demande. « On ne sera pas surpris d’apprendre qu’une corde de bois à Montréal, c’est plus cher qu’en Estrie. »

Pour bien illustrer combien les temps ont changé, Sylvain Rajotte explique qu’un propriétaire forestier sans équipement de pointe ne se lancera jamais dans une production commerciale de bois de chauffage. « C’est comme si on demandait aujourd’hui à un producteur laitier de traire ses vaches à la main », conclut-il.

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de septembre 2018.

Quelques scies mécaniques sous la loupe

L’univers de la tronçonneuse est vaste, mais votre magazine Forêts de chez nous a demandé à quelques experts d’évaluer des scies mécaniques destinées aux forestiers aguerris. Quels sont les bons modèles? Voici les réponses.

Rien de tel qu’un dépositaire qui vend sous un même toit les marques Stihl, Husqvarna et Echo pour établir des comparaisons. Et c’est le cas de Marco Resendes, conseiller et mécanicien spécialisé en scies mécaniques à la Coop Nutrinor de Chicoutimi. Celui-ci précise d’entrée de jeu qu’il n’y a pas, selon lui, de différences majeures entre Stihl et Husqvarna. « Ces deux compagnies proposent une gamme de scies professionnelles avec des technologies similaires. Elles sont équipées de carburateurs contrôlés électroniquement, de systèmes antivibration et de freins semblables. Les deux misent sur des châssis en magnésium et offrent l’option « hiver » avec poignées et carburateur chauffants, etc. En règle générale, les scies professionnelles de ces deux manufacturiers se situent dans la même fourchette de prix ». résume M. Resendes. Mais il y a de légères différences… 

Husqvarna

« Les Husqvarna sont conçues pour être plus étroites. L’ergonomie de la scie donne une meilleure prise en main et l’impression d’avoir une machine plus légère. La chaîne de certains modèles tourne aussi un peu plus vite que celle d’autres marques. Alors au final, même si la différence est mince, je dirais que les Husqvarna sont un peu plus performantes », explique M. Resendes.

Jonsered, le retour

La marque Jonsered appartient à Husqvarna (Husqvarna a été elle-même achetée par Electrolux en 1978). Or, les scies mécaniques Jonsered misent sur la même technologies que les Husqvarna et, malheureusement pour les adeptes de la marque, les efforts de mise en marché ont diminué chez Jonsered ces dernières années. 

Ainsi, plusieurs boutiques spécialisées pour forestiers ont pris la décision de délaisser cette marque pour se concentrer sur Husqvarna. Mais la situation changera, assure Stephen Clark, directeur de la marque Jonsered. « La marque a souffert dernièrement, c’est vrai. Mais nous désirons regagner les parts de marché chez la clientèle professionnelle. Nous rebâtirons le réseau de concessionnaires. C’est le retour de Jonsered », affirme-t-il.

Crédit photo : Martin Ménard

Stihl

« Les Stihl offrent de bonnes performances tout en étant un peu plus fiables. À vrai dire, chez Husqvarna, on constate parfois de petits bris. Par exemple, les clips qui retiennent le capot vont briser plus souvent, ou les vis du silencieux vont prendre du jeu; des problèmes que tu vois moins chez Stihl », fait remarquer M. Resendes. Son collègue Philippe Potvin, de la succursale d’Alma, précise que les pièces d’usure chez Stihl sont bien situées et se changent facilement. 

 

Echo

Les scies Echo comportent d’excellentes composantes, mentionne Marco Resendes. « Mais elles sont fabriquées un peu plus à l’ancienne. Sans être nécessairement plus lourdes, les scies paraissent plus imposantes et leur conception est moins ergonomique. Les deux points forts des tronçonneuses Echo sont sans contredit leur prix [presque la moitié de celui des Stihl et Husqvarna comparables] et la garantie de cinq ans, tout simplement la meilleure. » Le conseiller de Chicoutimi mentionne que les Echo démarrent facielement, peu importe les conditions : « Tu peux les faire dormir dehors à -20 °C, et le lendemain, elle « décollent » sans problème. » Les Echo ne possèdent pas l’option des poignées chauffantes ni le carburateur contrôlé électroniquement.

Éric Viens, propriétaire de Laganière Mini-Moteur à Saint-Hyacinthe, abonde dans le même sens. Les scies Echo affichent une technologie moins avancées et elles sont moins orientées vers la performance que les Stihl et Husqvarna, mais « elles ne sont vraiment pas chères [450 $ pour une 60 cc], elles sont simples d’utilisation et fiables mécaniquement. En un mot, un gars qui achète une Echo n’est pas toujours rendu au garage et il en a pour son argent », indique-t-il.

Laganière Mini-Moteur

Shindaiwa

La marque Shindaiwa appartient maintenant à Echo. En entrevue avec Forêts, Pascal Thivierge, directeur de territoire pour Echo, explique que les scies mécaniques Shindaiwa ne respectaient pas les normes de pollution américaines. Pour continuer à les vendre, la compagnie utilise des modèles Echo aux couleurs de Shindaiwa. « Pour l’instant, il n’y a donc pas de différence entre les deux marques. C’est exactement la même conception et les mêmes moteurs Echo, qui sont d’ailleurs les seuls de l’industrie à être garantis cinq ans et testés pour 2 500 heures », révèle M. Thivierge. Éventuellement, la conception pourrait différer entre les tronçonneuses Echo et Shindaiwa, souligne Pascal Thivierge. 

Une 42 cc pour les forestiers professionnels!

Le bûcheron professionnel a le réflexe d’opter pour une scie puissante. Un modèle avec de la « gâchette », de 61 cc par exemple. Mais oublions la virilité et concentrons-nous sur la maniabilité afin de gagner du temps en forêts, dit Yann Allard, gérant des services techniques et de la formation chez Stihl. « Je propose souvent la scie de 42 cc, plus légère et maniable. Elle entraîne moins de fatigue chez l’opérateur, ce qui lui permet de garder un bon rythme de travail tout au long de la journée », décrit M. Allard. Ce dernier affirme que les techniques d’abattage et d’ébranchage enseignées dans les écoles spécialisées du Québec font appel à des techniques scandinaves qui préconisent l’usage de petites scies. C’est pourquoi on remarque de plus en plus de bûcherons au Québec qui se tournent vers des scies de plus faible cylindrée dotées d’une lame courte. « Pour diminuer la fatigue lors de l’ébranchage et accroître la rapidité d’exécution [ainsi que la sécurité du bûcheron], l’une des techniques scandinaves consiste à faire constamment porter la scie par le tronc. Avec un long guide-chaîne de 51 cm [20 po], si tu t’appuies sur le tronc, ta lame touchera le sol. D’où l’avantage d’une lame courte, par exemple de 38 cm [15 po] », précise-t-il.

Plusieurs bûcherons préfèrent un long guide-chaîne qui leur évite de se pencher lors de l’ébranchage. « C’est moins pénible pour le dos », arguent-ils. Yann Allard préconise l’inverse. « Avec un long guide-chaîne, tu déportes le poids de la scie loin de ton corps, ce qui accroît les efforts lombaires. Et tu t’obliges à soulever la scie inutilement à répétition. La chaîne déraille aussi plus facilement », explique celui qui est bûcheron à ses heures. Même parmi les faibles cylindrées comme celles de 42 cc, il existe des modèles de grade professionnel.

Évidemment, ce type de scie n’est pas appropriée pour tous les travaux. « Si tu coupes de l’érable gelé, une machine de 42 cc sera limitée en termes de rendement. J’opterais alors pour une 50 cc. Et pour débiter une pile de bois [grumes], une scie de plus de 60 cc est de mise », explique M. Allard.

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition février 2016.

Choisir son équipement pour débarder son bois

Crédit photo : Denis Marois

Michel Pigeon, courtier en assurance commerciale de Saint-Odilon-de-Cranbourne, en Chaudière-Appalaches, prépare sa retraite. Il pourra alors passer beaucoup plus de temps à travailler sur ses lots à bois. Pour se faciliter la tâche, il s’est équipé d’une chargeuse à bois. « C’est la plus belle bébelle que je n’ai jamais achetée », lance-t-il. La chargeuse de Michel Pigeon lui permet de produire des billes de 3,7 m (12 pi), dont le prix est plus avantageux que celui des billes plus courtes.

Lorsqu’un arbre est abattu et ébranché, il doit par la suite être débardé jusqu’au bord d’une route carrossable où un transporteur sera en mesure de prendre le bois en charge pour l’acheminer à l’acheteur. Avant de faire l’acquisition d’une chargeuse à bois, il y a cinq ans, Michel Pigeon empilait manuellement ses billots dans une remorque à l’aide d’un crochet pour les transporter avec un VTT à partir de ses sentiers de débardage jusqu’au bord du 10e Rang. Et il les déchargeait de la même façon. « C’est un travail physique qui demande beaucoup de jus de bras », soupire le propriétaire forestier. 

M. Pigeon exploite 2 lots forestiers familiaux de 40,5 ha chacun. L’un appartenait à son grand-père jusqu’en 1975. L’autre, qui lui vient de son père, est sa propriété depuis 10 ans. Environ 35 % de bois franc et 65 % de résineux composent ces lots. Le fils de M. Pigeon, Justin, donne un coup de main à son père pour les différents travaux que requiert l’exploitation de ces terres à bois.

Des chargeuses pour tous les besoins

Des chargeuses à bois, il y en a une panoplie de modèles. De nombreux manufacturiers québécois, en plus de quelques distributeurs de produits importés, se disputent le marché. Les producteurs forestiers font leur choix selon plusieurs facteurs, dont le véhicule qui tractera la chargeuse et la remorque, tel que VTT, tracteur ou camion, le type et l’intensité du travail qu’ils effectuent, comme l’entretien d’érablière, le jardinage, la coupe intensive, et les essences de leur forêt.

La force du tracteur que Michel Pigeon possède a été le premier critère sur lequel il s’est basé pour choisir sa chargeuse. Il a jeté son dévolu sur le modèle Woody 130 HD, qu’il considérait comme idéal pour son tracteur de 65 chevaux. Ce sont toutefois la conception des cylindres à l’huile insérés à l’intérieur des pattes des stabilisateurs télescopiques (pattes d’ancrage au sol) et la facilité de manipulation de la chargeuse qui ont séduit le propriétaire forestier. La proximité de l’entreprise Les équipements Woody, localisée dans la municipalité où demeure M. Pigeon, s’avérait aussi intéressante.

La chargeuse de Michel Pigeon est munie d’un mât d’une portée maximale de 4 m (13 pi), dont la capacité de levage est de 635 kg (1 400 lb) lorsqu’il est complètement étendu. L’ouverture maximale du grappin (la pince au bout du mât) est de 91 cm (36 po). La chargeuse est montée sur une remorque tandem de 188 cm (74 po) de large. « J’y entasse trois quarts de corde de billes de 12 pi [3,7 m], raconte le producteur. Du moment que j’ai eu cette machine, j’ai arrêté de faire du 4 pi [1,2 m], car c’est plus payant de faire du 8, du 9 ou du 12 pi [2,3 m, 2,7 m ou 3,7 m]. »

« Le modèle 130 que M. Pigeon a choisi ainsi que le modèle 115, juste un peu plus petit, sont nos deux chargeuses pour tracteurs les plus populaires, affirme Sébastien Labbé, copropriétaire avec son frère Jérôme des Équipements Woody. Mais notre plus gros vendeur depuis deux ans, c’est notre chargeuse pour VTT. » M. Labbé explique cette nouvelle situation par l’explosion du nombre de baby-boomers retraités qui ont comme passe-temps l’entretien d’un boisé. Une chargeuse leur permet d’alléger leurs tâches.

Sébastien Labbé est propriétaire des Équipements Woody avec son frère Jérôme. Crédit photo : Denis Marois
La manipulation des chargeuses est d'une grande simplicité. Crédit photo : Denis Marois

Débarder sans chargeuse

Tous les propriétaires forestiers n’ont pas envie d’investir dans l’achat d’une chargeuse ou ne sont pas en mesure de le faire. Certains endroits sont aussi trop accidentés pour permettre une utilisation sécuritaire de cette machine. Le treuil hydraulique ou mécanique peut alors s’avérer une bonne solution. Installé derrière le tracteur, il sera utilisé pour tirer un arbre de son point d’abattage jusqu’au chemin de débardage, puis pour le transporter en bordure d’une route. Le travailleur forestier doit d’abord dérouler le câble du treuil, qui fait généralement 30 m (100 pi) et plus. Par la suite, il fixe un ou plusieurs troncs d’arbres au câble à l’aide d’élingues. Remorqués jusqu’au point d’arrivée, il sont alors détachés et tronçonnés.

Un treuil pour VTT ou une arche de débusquage conviennent pour les propriétaires d’une petite terre forestière ou dans le cas où peu d’arbres doivent être débardés. Une chaîne retient la bille qui est soulevée du sol à une extrémité pour éviter l’accumulation de boue lors du transport. Sur certains modèles, une roue positionnée de chaque côté de la bille procure plus de stabilité et aide à franchir les obstacles au sol.

Travailler avec une chargeuse rend la vie de producteur forestier plus facile, selon Michel Pigeon. Crédit photo : Denis Marois

Câble synthétique et pattes télescopiques

Le câble d’acier fait face à un rival imposant depuis peu. La corde synthétique enduite d’uréthane, beaucoup plus légère et plus résistante, remplace graduellement le câble d’acier de même dimension sur les treuils des chargeuses et des autres treuils forestiers. « Depuis un an, tous nos modèles de chargeuses et de treuils sont munis de câbles synthétiques. En plus d’avoir une plus grande force de rupture, ce câble ne s’emmêle pas », assure Sébastien Labbé, des Équipements Woody. Il est possible de se procurer de la corde synthétique de différents diamètres chez certains fournisseurs d’équipements agricoles et forestiers.

Les stabilisateurs télescopiques pour l’ancrage des chargeuses au sol ne représentent pas une innovation récente, mais ils tendent à s’imposer fortement par rapport aux pattes papillon. Ces dernières, levées vers le ciel lorsque la chargeuse est au repos ou en déplacement, sont déployées au sol pour stabiliser la chargeuse et la remorque lors du chargement. Elles sont requises sur les chargeuses pour VTT afin d’être en mesure d’aller chercher un large écartement. « Lorsque nous avons acheté l’entreprise, il y a 13 ans, toutes les chargeuses étaient fabriquées avec des pattes papillon, mentionne Sébastien Labbé. Maintenant, il n’y a plus que notre modèle pour VTT. Nos chargeuses pour tracteurs sont munies de pattes télescopiques. Celles-ci ont une plus grande durabilité et elles n’arracheront pas si on oublie de les remonter en partant avec la chargeuse. Elles ont moins de portée, mais lorsqu’on attache la remorque sur la barre de tir comme le font maintenant la majorité des producteurs plutôt que sur la barre hydraulique, l’ancrage au sol des pattes télescopiques fait lever l’arrière du tracteur, ce qui procure une excellente stabilité à la remorque. »

La corde synthétique, plus légère et plus résistante, remplace avantageusement le câble d'acier des treuils de chargeuses et d'autres machines. Crédit photo : Denis Marois
Les pattes télescopiques procurent une grande stabilité à la chargeuse, tout en offrant commodité et durabilité. Crédit photo : Denis Marois
Depuis deux ans, la chargeuse pour VTT vole la vedette aux Équipements Woody. Elle fait le bonheur des baby-boomers qui entretiennent un boisé. Ce modèle est muni de pattes papillon. Crédit photo : Denis Marois

Article paru dans le Forêts de chez nous de mai 2015.

L’empilement du bois, de bonnes pratiques à maîtriser

Les producteurs ont tout intérêt à adopter de bonnes pratiques au moment d’empiler leur bois afin d’assurer la sécurité des personnes qui manutentionnent les billes et de faciliter la cueillette de celles-ci par les transporteurs.

Dans plusieurs régions du Québec, les syndicats de producteurs forestiers multiplient les campagnes
d’information et de sensibilisation sur l’empilement du bois.

En vue de réaliser le travail convenablement, le producteur doit tenir compte de deux facteurs importants : l’emplacement et la méthode d’empilement.

L’endroit où les billes seront empilées doit être choisi judicieusement pour faciliter la manutention du bois par le transporteur et respecter la réglementation.

Il faut reconnaître que les règlements municipaux sur la question ne sont pas uniformes. Le producteur a donc tout intérêt à consulter la réglementation de sa localité ou de sa MRC, car on impose parfois une distance minimale pouvant aller jusqu’à 30 m de la route pour limiter l’impact visuel sur les paysages.

Par exemple, sur une route numérotée, il n’est pas permis de charger le bois à partir de l’emprise du chemin public.

Il peut aussi y avoir des exigences particulières encadrant l’installation des ponceaux pour le fossé à l’entrée du chemin, une largeur maximale de déboisement ainsi qu’une superficie maximale pour l’aire d’empilement du bois.

De plus, si l’empilement est situé loin sur sa propriété, à une bonne distance du chemin principal, le producteur doit s’assurer que le camion-remorque puisse atteindre le bois sans difficulté. Bref, il faut que le chemin du producteur offre une bonne portée pour éviter que le camion s’enlise et assurer un dégagement des branches en largeur et en hauteur.

Il n’est pas rare que des camionneurs refusent de s’aventurer sur un chemin jugé hasardeux. Certes, les producteurs peuvent circuler sans difficulté sur leur chemin avec leur propre véhicule, mais ils doivent prendre en compte les contraintes d’un camion de 50 pieds.

Afin de faciliter l’accès à l’empilement de bois, le chemin idéal devrait donc avoir une surface de roulement d’une largeur supérieure à 12 pieds, n’avoir ni pente ni courbe trop abrupte et offrir un espace permettant au camion de se retourner. De plus, son entrée sera plus large pour faciliter les manoeuvres du camion (environ de 20 à 30 pieds).

Cet empilement fera perdre du temps au transporteur pour démêler cet amoncellement de billes.
Ce chemin est idéal : suffisamment large, il offre de l'espace pour manoeuvrer. Les billes de 4 pieds ou 8 pieds sont disposées perpendiculairement au chemin, sans être trop loin du chemin principal.

« Lorsque le camionneur nous en a parlé, on n’a pas hésité à rapprocher notre bois, a expliqué Alexis Bournival, de la ferme Les Terres maraîchères Norvie, à Saint-Étienne-des-Grès, en Mauricie. On s’est rendu compte que notre chemin forestier comportait une pente trop abrupte. Ce n’était pas beaucoup plus difficile pour moi de rapprocher le bois pour éviter des problèmes avec le camion-remorque. »

En hiver, le chemin d’accès doit évidemment être déneigé. Il faut aussi s’assurer que les obstacles sont bien visibles, par exemple les fossés dans lesquels le camion ou sa remorque pourraient s’enliser.

« C’est une question de sécurité et d’économie, explique Benoit Lévesque, technicien forestier au Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie. Un camionneur pourrait subir des pertes importantes si l’opération de chargement prend trop de temps parce qu’elle se fait dans des conditions difficiles. »

Si le bois est empilé en bordure d’un chemin employé par d’autres utilisateurs (des villégiateurs, par exemple), le producteur devra prévoir un espace suffisant pour empêcher que le camion bloque complètement la voie. L’opération de chargement ne pourra être interrompue afin de laisser passer un autre véhicule. Puis, le producteur ne doit pas perdre de vue que le transporteur a besoin d’espace au cours du chargement. Il doit donc éliminer les obstacles susceptibles d’entraver l’opération.

« Certains propriétaires hésitent à abattre des arbres, ce qui permettrait pourtant d’avoir un dégagement suffisant pour le chargement, explique Benoit Lévesque. Il faut fournir l’espace adéquat, d’autant plus que le dégagement offre un ensoleillement favorisant le séchage du bois et évitant ainsi son pourrissement hâtif. »

Sur les terres agricoles, l’empilement du bois en bordure des champs semble une bonne solution, mais le producteur ne doit pas perdre de vue que l’arrivée tardive du printemps ou de mauvaises conditions climatiques peuvent retarder la cueillette et ainsi compromettre l’utilisation des champs.

Lorsque les opérations de récolte se déroulent durant les périodes de février à mai, il faut s’assurer d’empiler son bois au bord d’un chemin sec et solide afin de permettre un transport en tout temps.

La façon d’empiler est tout aussi cruciale. Les billots tronçonnés doivent être placés perpendiculairement au chemin, et parallèlement dans le cas du bois en semi-longueur.

Le bois empilé avec soin sera plus facile à charger. Il n’est pas rare que l’opérateur de l’équipement de chargement doive « démêler » les pièces de bois pour parvenir à les charger.

Par ailleurs, les usines de transformation de bois exigent souvent de séparer les essences ou groupes d’essences, ce qui oblige à réaliser plusieurs empilements. Dans ce cas, ils doivent être distancés d’une bonne vingtaine de pouces pour favoriser l’aération et ainsi prévenir l’apparition de champignons. Cela permet aussi d’éviter que la pince du camion heurte l’amoncellement de billots se trouvant à proximité de celui qui est en cours de chargement.

L’utilisation de longerons sous le bois est également judicieuse. Ils permettent de réduire le risque que le bois gèle sur le sol et que la terre soit emportée avec le bois au moment du chargement. Le bois livré aux usines doit être exempt de saletés.

Tous ces conseils auront pour effet de faciliter le travail de chargement. Ils favoriseront aussi les bonnes relations entre producteurs et transporteurs et contribueront à la rentabilité des opérations.

Le technicien forestier Benoit Lévesque constate que cet empilement, même s'il ne se trouve pas sous la ligne électrique, n'en est pas suffisamment éloigné.
Pour une question de sécurité, un transporteur refusera de charger le bois empilé sous une ligne électrique.

La sécurité avant tout

Au moment de placer son bois, le producteur doit également considérer la présence de fils électriques et de lignes haute tension.

« C’est certain que les transporteurs vont refuser de charger le camion si le bois se trouve trop près d’une ligne électrique, explique Benoit Lévesque. Il n’y a pas de risque à prendre, même si ce refus engendre des pertes pour le camionneur qui se sera déplacé inutilement. La sécurité est prioritaire. »

Protéger les routes lors du chargement de bois

Tenez-vous-le pour dit : il n’est pas permis d’effectuer une opération de chargement de bois à partir d’une route provinciale. En ce qui concerne les chemins et les routes municipales, tout dépend de la réglementation en vigueur dans chaque localité.

Lorsque la réglementation le permet, il y a des règles à respecter pour éviter la détérioration de la chaussée et préserver la sécurité du public. Le producteur forestier pourrait être tenu responsable des dommages résultant de l’opération de chargement. De plus, le transporteur pourrait refuser de charger le bois.

Les producteurs ne doivent pas perdre de vue qu’une telle opération comporte des risques dont la gravité est influencée par la configuration de la route, les conditions climatiques et l’état de la chaussée.

Parmi les règles élémentaires à observer, il y a l’obligation de ne pas obstruer complètement la voie et la nécessité de respecter une distance minimale de six pieds entre l’accotement et l’empilement. S’il y a présence d’un fossé, on doit faire l’empilement du côté de sa propriété et éviter que la machinerie forestière roule sur la voie publique.

Ne pas oublier que le chargement à partir d’un chemin public impose au propriétaire et au transporteur de nettoyer la voie des déchets engendrés par l’opération. S’il y a des résidences à proximité, il faut planifier le chargement à des heures raisonnables afin de faire preuve de civilité.

 

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition mai 2017.

Des tracteurs pour le travail en forêt

Bien difficile de s’y retrouver dans la panoplie de tracteurs compacts conçus pour le travail forestier. Coup d’oeil sur des engins de 50 à 60 chevaux vapeur (ch) bâtis pour affronter les terrains boisés difficiles.

Antonio Carraro SN 5800

Le constructeur italien Antonio Carraro a redessiné cette année son ancien modèle TRX 6400, rebaptisé SN 5800, pour rehausser son ergonomie et l’habiller d’une carrosserie moins austère. Du coup, en arrondissant le museau, il a amélioré la facilité de conduite de ce tracteur, déjà appréciée.

Bâti sur un châssis articulé capable d’osciller de 15 degrés de part et d’autre, le SN 5800 s’adapte aux terrains accidentés de manière à garder ses quatre roues motrices bien au sol. Selon Jean Gagnon, le distributeur canadien, ce tracteur est aussi le seul du genre qui offre la possibilité de bloquer l’un ou l’autre des différentiels, ou les deux simultanément. La traction est optimisée par une répartition égale du poids sur les quatre roues.

Le SN 5800 se trouve à l’aise en forêt grâce à sa conception compacte (largeur de 1,035 m, hauteur de 2,05 m) et à son court rayon de braquage (2,87 m). Prisé par les vignerons européens, le SN 5800 est également adapté au milieu forestier grâce à l’ajout d’une lame à l’avant, d’un toit et de grilles protectrices. Un treuil peut aussi être installé à l’avant ou à l’arrière.

Doté d’un moteur quatre cylindres Yanmar de 2,2 L, ce tracteur offre une puissance de 50 ch (ou 70 ch avec le SN 7800) et une capacité de levage de 1700 kg sur les trois points arrière. Il dispose d’une transmission à 24 rapports (12/12) et d’une prise de force indépendante à commande mécanique.

Doté d'un moteur quatre cylindres Yanmar de 2,2 L, ce tracteur SN 5800 offre une puissance de 50 ch.

Zetor Major 60

« Un tracteur n’a pas la vie facile en forêt. Sa mécanique doit être simple et robuste, et doit comporter le moins de systèmes électroniques possible. Sur le Major, il n’y a qu’un minimum de fils qui peuvent se faire arracher par une branche », argue Brad Charby, concessionnaire des tracteurs Zetor à Waterloo.

C’est une tradition chez le constructeur tchèque de miser sur une conception simple et robuste pour offrir des engins fiables et faciles d’entretien. Deux ans après le lancement de sa série Major en 2013, Zetor a ajouté les modèles Major 60 et Major 80, tous deux équipés d’un moteur Zetor turbo diesel de 2,9 L. Le Major 60 dispose d’une boîte de vitesse à 24 rapports (12/12) générant une vitesse maximale de 30 km/h. Il est également doté d’une impressionnante capacité de levage de 2 450 kg.

Cela dit, selon M. Charby, le Major 60 se distingue surtout par sa traction au sol, la meilleure de sa catégorie. « D’ordinaire, les tracteurs sont munis d’une simple barre droite en guise d’essieux, alors que le Major est équipé d’essieux planétaires », souligne-t-il.

Outre un arceau de protection pour l’opérateur et des jantes forestières, le Major 60 peut être équipé de plaques sous le châssis, comme la plupart de ses concurrents. « Mais peu de clients les jugent nécessaires, car la garde au sol est élevée et le dessous du Zetor est plat. Ce véhicule est vraiment conçu pour la forêt. »

Zetor

Kubota MX5200​

La vaste gamme Kubota compte une vingtaine de tracteurs d’une puissance de 20 à 70 ch adaptables au travail en forêt. Le MX5200 est cependant particulièrement prisé par les forestiers en raison de sa manoeuvrabilité et de sa polyvalence, affirme Christian Bisson, directeur régional à Kubota Canada.

« Son empattement (1,895 m), son rayon de braquage (2,7 m) et sa garde au sol (38,5 cm) permettent de bien manoeuvrer entre les arbres et de passer au-dessus des obstacles, souligne-t-il. Il peut être équipé des accessoires et des équipements standards, mais aussi d’un chargeur frontal avec un godet ou des fourches à palettes, ou encore d’une véritable rétrocaveuse montée en quatre points capable de creuser jusqu’à une profondeur de 2,789 m. »

Le MX5200 possède une capacité de levage de 1 050 kg. Il est muni de trois valves auxiliaires à l’arrière. Son moteur diesel Kubota turbocompressé de 2,4 L
produit une puissance de 54,7 ch. Il est couplé à une boîte de vitesse manuelle à 16 rapports (8/8) ou à une transmission hydrostatique à trois gammes pour une vitesse maximale de 25,9 km/h.

À l’instar de ses concurrents, le Kubota MX5200 possède un arceau de sécurité repliable pour passer sous des branches basses ou encore des tubulures dans une érablière. Une grille frontale, d’ordinaire fournie avec le chargeur, peut être ajoutée en option.

Le Kubota MX5200 possède un arceau de sécurité repliable pour passer sous des branches basses ou encore des tubulures dans une érablière.

Mahindra 3550 PST

Le constructeur indien a lancé en 2014 sa série de tracteurs 3500 de qualité supérieure, propulsés par un moteur Mahindra de 2,7 L à injection directe. Sa particularité? Une technologie antipollution de niveau 4 qui ne nécessite aucun filtre à particules diesel (DPF) et aucun ajout de fluide d’échappement diesel (DEF). « Cette série est donc sans risque et coûte moins cher pour ce qui est de l’entretien », fait valoir Vincent Comtois, représentant au Centre agricole Wotton.

Mahindra offre deux types de transmission : une transmission manuelle (12/12) appelée Power Shuttle (PST) et une transmission hydrostatique à trois gammes (HST). À l’instar de ses frères de série, le modèle 3550 est équipé des pneus industriels les plus larges de sa catégorie (14 x 17,5 / 19,5 L x 24). « En raison de cette caractéristique, de son gabarit imposant et de son poids élevé, ce véhicule offre une traction vraiment supérieure et une sécurité accrue », avance M. Comtois.

Malgré les dimensions plutôt costaudes du tracteur, l’opérateur bénéficie d’une grande visibilité sur son travail au sol grâce au profil effilé du compartiment moteur. L’essieu avant a été renforcé de manière que le chargeur frontal puisse soulever une charge maximale de 1 400 kg à pleine hauteur. Détail utile : la grille frontale se rabat pour un accès plus facile au moteur.

Soulignons que le groupe motopropulseur est garanti pour une durée de sept ans (ou 3 000 heures, selon la première éventualité), ce qui est la meilleure assurance offerte au Canada.

Mahindra

John Deere 5055E

« Comme le 5055E est un tracteur économique, sa mécanique est simple et fiable. Il comporte peu d’éléments électroniques, ce qui réduit le risque de défaillance. Tomber en panne, c’est ce qu’on veut éviter en forêt », souligne Réal Tremblay, représentant chez le concessionnaire Agritex.

Misant sur une mécanique éprouvée, le constructeur de l’Illinois a en effet couplé le moteur 2,9 L turbocompressé à une simple transmission à 12 rapports (9/3) à inversion synchronisée pour les travailleurs qui recherchent l’économie. Il offre également en option une transmission à 24 rapports (12/12) avec inverseur électro-hydraulique au volant pour ceux qui privilégient l’efficacité et la simplicité d’opération. Le conducteur peut régler l’inversion à sa guise à l’aide d’un bouton rotatif.

Les essieux, équipés de réducteurs finaux à planétaires, confèrent aussi au véhicule une fiabilité et une solidité à long terme, souligne Rémi Bourgault, spécialiste chez John Deere Canada. De plus, le châssis, solide, n’a pas besoin d’être renforcé pour accueillir un chargeur à attache rapide capable de soulever 1 610 kg.

Détails non négligeables : le châssis comporte de nombreux points d’ancrage pour une installation simple et peu coûteuse de plaques de protection ventrales et d’un grillage frontal. Le grand dégagement aux ailes arrière permet aussi l’utilisation de chaînes.

Le tuyau d’échappement vertical peut gêner les manoeuvres en forêt dense, mais une sortie au sol est proposée en option.

 

John Deere

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition février 2017.

L’entretien d’une scie à chaîne: une routine au quotidien

L’arrivée du printemps signifie, pour de nombreux propriétaires forestiers, un retour sur le terrain pour l’entretien de leur boisé. Si la scie à chaîne a été remisée selon les règles de l’art à la fin de l’automne, elle repartira au quart de tour lorsqu’on tirera sur la poignée du démarreur. Dans le cas contraire, des ajustements sont à prévoir.

S’il y a encore de l’essence dans le réservoir, il faut le vider et repartir avec un mélange tout neuf », prévient François Bourdoncle, formateur à l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce. Les moteurs à deux temps exigent un mélange d’essence sans plomb et d’huile (50 pour 1), mais il est recommandé de ne pas le conserver plus de trois mois parce que le taux d’octane contenu dans l’essence s’évapore avec le temps.

Un nettoyage des réservoirs à essence et d’huile, de même que des filtres à air et à essence, est de mise avant de commencer la saison, à moins qu’il n’ait été fait avant le remisage.

Routine d’entretien

En fait, l’entretien d’une scie à chaîne devrait faire partie d’une routine quotidienne. « Pour quelqu’un d’habitué, c’est un 30 à 40 minutes tout au plus », souligne Jacquelin Lalancette, un formateur accrédité en abattage manuel sécuritaire de la région du Lac-Saint-Jean. Les deux formateurs s’entendent pour dire que la fin de journée est le meilleur moment pour effectuer cette routine d’entretien afin que l’équipement soit déjà prêt à reprendre du service le lendemain.

Les détenteurs d’une scie munie d’un dispositif hiver/été doivent d’abord s’assurer de le régler à la bonne saison.

« Comme la scie refroidit à l’air, il faut éviter de propulser de l’air chaud dans le filtre à air », explique François Bourdoncle.

Il est aussi recommandé de démonter son guide-chaîne afin de vérifier l’état d’usure du frein à chaîne.

Attention au pignon d’entraînement

Autre élément important : derrière le pignon d’entraînement, il faut s’assurer de bien graisser le système d’embrayage. François Bourdoncle suggère de le faire une fois par semaine en cas d’usage quotidien, et aux deux mois en cas d’usage occasionnel.

Ce pignon d’entraînement doit aussi faire l’objet d’une attention constante. « S’il est usé ou craqué, il vaut mieux le changer tout de suite. Pour une pièce de moins de 10 $, ça vaut la peine, sinon tu vas user prématurément tes nouvelles chaînes sans t’en rendre compte. » Même si certains fabricants comme Oregon recommandent de changer le pignon après chaque deux chaînes, François Bourdoncle estime qu’il est suffisant de le faire lors de l’installation de la quatrième chaîne.

Quant à l’affûtage, on ne devrait jamais attendre que la scie ne coupe plus avant de s’y mettre, recommande François Bourdoncle. Ce dernier juge qu’un minimum d’une ou deux fois par jour est nécessaire. Indice à surveiller : une chaîne bien aiguisée produira de beaux copeaux, tandis qu’une chaîne émoussée donnera de la sciure de bois.

D’ailleurs, c’est souvent sur les chaînes et les guides-chaînes que les ateliers de réparation constatent le plus de dégâts. Un dépositaire des marques Husqvarna, Echo et Shindaiwa à Lac-aux-Sables, en Mauricie, Gilles Champagne, note que bien des clients arrivent quand leur scie est rendue dans un très mauvais état. « Ils attendent à la dernière minute. Ils ont frappé des roches, coupé des arbres pleins de sable. Leur filtre à air est mal entretenu ou leur chaîne a été mal affilée, mais ils nous disent que leur scie coupe bien », affirme-t-il.

Et les débroussailleuses?

Dans le cas des débroussailleuses, l’entretien des différents filtres et réservoirs demeure le même que celui d’une scie à chaîne. Une attention particulière doit toutefois être apportée au pare-étincelles situé à l’extrémité du pot d’échappement. Son emplacement près du moteur génère des résidus d’huile qui peuvent graduellement le boucher et diminuer la performance du moteur, qui finira par étouffer. « L’erreur des gens est souvent d’aller en acheter un neuf, mais c’est facile à nettoyer, explique François Bourdoncle. Il suffit de le démonter, de le mettre dans un étau et de brûler avec une torche au propane les résidus de carbone qui l’obstruent. On passe un coup d’air avec le compresseur et le tour est joué. »

Que ce soit avec un couteau à taillis ou une lame circulaire, le travail avec une débroussailleuse est exigeant pour les pièces. « Quand je travaille avec cet équipement, je lime toutes les heures ou aux deux heures tout au plus, mentionne Jacquelin Lalancette. Dès que tu vois que ça n’entre pas tout seul, tu arrêtes et tu limes. Tu vas le regagner en temps. »

Une coupe moins rapide, des coincements de la lame ou une odeur de brûlé sont autant de signes qu’il est temps de prendre une pause et d’utiliser ses limes. De plus, une lame mal aiguisée augmentera la fatigue du travailleur forestier et l’exposera à des problèmes musculaires causés par un effort excessif pour compenser la mauvaise qualité d’affûtage.

Une question de production et de sécurité

En raison de la loi, les travailleurs forestiers sont obligés de suivre une formation en abattage manuel de 16 heures encadrée par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Outre les règles de sécurité, l’entretien de la scie et les techniques d’affûtage y sont abordés.

« La plupart des gens qui ont suivi cette formation me disent que c’est le jour et la nuit, raconte François Bourdoncle. On démonte et on remonte la scie au complet. À la fin, ils sont capables de faire eux-mêmes leur entretien et économisent en évitant de payer pour qu’un professionnel le fasse à leur place. »

L’entretien de ses équipements sur une base régulière a évidemment une incidence positive sur la production, mais également sur la sécurité de l’opérateur. Une chaîne insuffisamment tendue pourra par exemple dérailler et causer des blessures graves, voire mortelles. Une lame de débroussailleuse fissurée qu’on aura négligé de remplacer par mesure d’économie pourrait voler en éclats et provoquer de sérieuses coupures.

Des formations sont offertes aux propriétaires de boisés par les syndicats et offices de producteurs forestiers régionaux. Pour connaître le lieu de la prochaine formation, consultez le calendrier des formations provincial des formations sur le site Web de la Fédération des producteurs forestiers du Québec.

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition mai 2019.

• Filtre à air
• Filtre à essence
• Guide-chaîne : retourner pour répartir l’usure et limer les bavures sur les côtés
• Chaîne et guide-chaîne à huiler

Avant d’entamer la journée, une revue des dispositifs de sécurité sur la scie s’impose, de même que le resserrement des écrous. Une routine que tout producteur
forestier ne devrait jamais négliger, estime Jacquelin Lalancette.
• Étrier de protection actionnant le
frein de chaîne
• Dispositif de blocage de la commande de gaz
• Protection main arrière
• Attrape-chaîne
• Silencieux et pare-étincelles
• Amortisseurs de vibration

Moulins à scie portatifs: l’outil idéal des forestiers

À partir de quel moment l’achat d’un moulin à scie portatif devient-il une bonne affaire? Quel modèle choisir selon mes besoins? Comment bien le manœuvrer pour en tirer le maximum et maintenir ses performances? Est-il préférable de me payer le service ou d’acheter mon propre moulin?

Gracieuseté de Norwood

« C’est l’outil parfait pour le propriétaire d’un boisé privé », résume Jason Laporte, qui en vend depuis 20 ans chez les Industries Renaud Gravel, à Saint-Cléophasde-Brandon dans Lanaudière. « En même temps, précise-t-il, tout dépend du volume de bois que tu prévois transformer. Si tu as 20 billots [qui donneront environ 300 pieds mesure de planche], fais venir quelqu’un. Mais si tu penses en scier 5 000 pieds par année dans les cinq prochaines années, achète-toi-en un. Ça va te revenir à 1 000 $ par année tout dépendamment du modèle [ou 20 ¢ du pied pour l’amortissement de la scierie]. » 

On pourra économiser à produire ses propres matériaux de construction plutôt que de les acheter à la quincaillerie, mais il faut pour cela avoir la matière première sous la main et faire abstraction du coût d’achat de l’équipement et des heures qu’on y consacre. « Il faut voir ça comme un passe-temps qui permet de construire à moindre coût ou de se faire un petit gagne-pain si on le fait pour un autre », ajoute Jason Laporte.

LES FONCTIONS HYDRAULIQUES D’UNE SCIERIE MOBILE PERMETTENT DE SCIER PLUS RAPIDEMENT ET À MOINDRE EFFORT.

Sur le marché, il existe autant de scieries mobiles que de budgets. Détenteur d’un Wood-Mizer LT50 entièrement hydraulique payé 54 000 $ il y a quatre ans, Denis Laprise, de Mascouche, estime qu’un propriétaire forestier pourra trouver un bon moulin pour ses propres besoins en investissant de 5 000 $ à 10 000 $. « Il faut privilégier des marques fabriquées au Canada ou aux États-Unis parce que les pièces sont plus faciles à trouver », conseille celui qui scie sur une base commerciale depuis 12 ans.

L’un des aspects à prendre en considération est bien entendu le diamètre des billots à transformer. Selon les modèles, la grosseur maximale varie de 20 à 36 pouces. Les moulins à scie mobiles peuvent être disposés sur une base fixe, mais ils sont généralement montés sur une remorque facile à déplacer, même avec un VUS. Le modèle LumberPro HD36 de Norwood, par exemple, affiche un poids d’environ 1 800 livres. En règle générale, la tête de coupe est installée sur un chariot qui se déplace sur une table de 16 pieds, permettant ainsi de travailler sur des billes d’une longueur maximale de 13 pieds (9 pieds pour une table de 12 pieds). Mais la plupart des modèles offrent des rallonges de 4 pieds qui permettent de travailler sur de plus longues pièces.

Les fonctions hydrauliques d’une scierie mobile deviennent presque essentielles lorsqu’on travaille avec certaines billes de gros diamètre.

Hydraulique ou manuel?

Les moulins sont également offerts avec de multiples options hydrauliques (chargeur, tourne-bille, pince à bille, déplacement de la tête de coupe sur le chariot, etc.) qui permettent de travailler plus rapidement et à moindre effort que si toutes les opérations devaient être faites manuellement. Il faut prévoir que si on décidait de prendre l’ensemble des fonctions hydrauliques, le prix du moulin doublerait.

La puissance des moteurs est également très variable selon les modèles, passant d’un moteur à essence de 9 HP jusqu’à 35 HP (pour horsepower ou chevauxvapeur). « Tous les moteurs vont pouvoir scier la même bille, explique Jason Laporte. C’est le temps d’exécution de coupe qui va être plus court avec un moteur plus puissant. J’ai déjà coupé un érable de 28 pouces de diamètre avec un moteur de 9 HP. Il faut juste laisser la lame faire son ouvrage. Si tu sens de la résistance, c’est que tu vas trop vite ou que ta lame doit être changée. »

À quel moment changer la lame?

La lame est une pièce maîtresse d’un moulin à scie portatif. Jason Laporte considère qu’après 90 à 120 minutes d’utilisation, elle devrait être affûtée. « Plus je l’étire, plus je pousse fort, moins je coupe vite. La qualité de coupe n’est plus là et j’endommage mes guides-lames. Ce n’est bon nulle part. » C’est le temps d’utilisation qu’en fait également Denis Laprise, qui confie ses lames à un professionnel. « Chaque lame peut être affûtée cinq ou six fois lorsque c’est bien fait. » Selon que l’on coupe du bois mou ou du bois franc, on changera de type de lame.

À environ 25 $ pour une lame neuve cependant, plusieurs utilisateurs vont préférer l’user au maximum avant de la jeter au rebut plutôt que de payer de 10 $ à 15 $ pour la faire affûter. « Je ne recommande pas cela, mais c’est une tendance actuellement. À long terme, tu hypothèques ta machine. » À des prix variant entre 800 $ et 1 200 $, des ensembles d’affûteurs sont aussi offerts aux propriétaires de moulins qui en font une utilisation intensive. Un bon affûtage régulier de la lame améliorera la productivité et la qualité des planches.

90 à 120 minutes: UTILISATION POSSIBLE AVANT AFFÛTAGE / 1 an: ENTREPOSAGE POUR LE BOIS MOU / 1 an et demi: ENTREPOSAGE POUR LE BOIS DUR
Une tranche d’arbre taillée au moyen d’une scierie mobile qui servira à la fabrication d’un mobilier de type live edge.

Le secret est dans le séchage

Tailler ses planches et ses madriers en vue de les utiliser dans une construction est une chose, mais l’étape du séchage demeure capitale si l’on veut obtenir des produits de qualité. Il faut tout d’abord disposer ses pièces de bois sur une base solide, préalablement mise à niveau, dans un endroit exposé au vent. Un espacement d’un pouce entre chacune d’elles est suggéré et le deuxième palier est constitué de lattes disposées aux deux pieds de manière perpendiculaire au niveau précédent. Les baguettes de bois générées par le délignage des planches, par exemple, peuvent très bien servir à cette étape.

Enfin, on doit recouvrir le dernier étage de feuilles de tôle sur lesquelles on installera des poids pour maintenir la pression sur les rangées supérieures. Bien que le bois mou perde jusqu’à 50 % de son humidité quelques semaines après avoir été coupé, il faut ensuite compter quelques mois pour que la circulation du vent évacue l’humidité presque totalement – jusqu’à 11 % – des pièces de bois. Pour des planches d’un pouce d’épaisseur, par exemple, certains suggèrent un an d’entreposage pour le bois mou et six mois supplémentaires pour le bois dur. Il est toutefois possible d’envoyer son bois dans des séchoirs commerciaux selon leur disponibilité en région.

Après la taille, il est important de bien disposer ses planches pour leur permettre de sécher.

Une excellente valeur de revente

Une scierie mobile bien entretenue conservera une très bonne valeur de revente. « Durant sept ou huit ans au début des années 2000, on en vendait de 70 à 80 annuellement, explique Jason Laporte. Comme il y a plusieurs détaillants, le marché a été inondé et là, on en retrouve beaucoup de seconde main sur des sites comme Kijiji. » Tout particulièrement pour les gros modèles, celui qui en aura pris soin pourra penser récupérer plus de la moitié de sa mise initiale. Denis Laprise a travaillé avec un Wood-Mizer LT40 durant neuf ans. Il l’a acheté 35 000 $ et revendu 18 000 $. « Mais il était top shape, réglé comme une horloge », précise-t-il.

Les moulins à scie portatifs conserveront une excellente valeur de revente sur le marché à la condition d’avoir été bien entretenus.

Faire scier mes planches?

Plusieurs propriétaires de moulins à scie portatifs proposent leurs services auprès des forestiers. Les tarifs débutent généralement à 50 $/h. Ils varient beaucoup en fonction du type d’équipement utilisé.

Les moulins à scie portatifs avec toutes les options hydrauliques qui seront manoeuvrés par des scieurs expérimentés auront une capacité supérieure et conséquemment, le taux horaire exigé sera plus élevé. Des frais de déplacement peuvent également être facturés.

Même si plusieurs facteurs peuvent influencer le rendement (type de moulin, opérateur, main-d’oeuvre, qualité de la bille, etc.), dans la production de planches et de bois de charpente standards (2 po x 4 po, 2 po x 6 po et 2 po x 8 po), un moulin pourra fournir en moyenne de 400 à 500 pieds mesure de planche (pmp) à l’heure. À ce rythme, le client devrait payer environ trois fois plus s’il devait aller acheter la même quantité de bois à la quincaillerie.

Dans tous les cas, Jason Laporte recommande à ceux qui seraient tentés par l’expérience de toujours se rendre sur place avant d’accepter un contrat de sciage. Des billes de bois enrobées de terre et difficilement accessibles pourraient faire en sorte qu’un passe-temps tourne au cauchemar…

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition février 2019.

Pour calculer le nombre de pieds dans un billot

Les tables de conversion de Roy, Internationale ou du Maine indiquent le nombre de pieds mesure de planche (pmp) contenus dans un billot en fonction de son diamètre et de sa longueur. Par exemple, un billot de 16 pouces de diamètre et de 8 pieds de long donnera 85 pmp selon la table Internationale. Un pied mesure de planche est une unité de volume équivalant à une planche sciée de 1 pied de long sur 1 pied de large sur 1 pouce d’épais.

Pour connaître le nombre de pieds mesure de planche dans une corde de bois, on peut utiliser les facteurs de conversion et mesures.

Abattage d’arbres : une réglementation municipale adaptée au contexte des producteurs forestiers

Les réglementations encadrant les activités sylvicoles en forêt peuvent affecter la décision d’un propriétaire de s’investir dans la réalisation de travaux sylvicoles. Une réglementation mal adaptée au contexte de la forêt privée peut faire augmenter les frais d’exploitation, rendre complexe la réalisation des activités en forêt et accroître le risque d’enfreindre le règlement et de recevoir des contraventions pouvant mettre en péril la santé financière d’un producteur forestier. En foresterie, il existe un équilibre fragile entre les frais d’exploitation et les revenus pouvant être espérés de la mise en marché du bois rond.

De leur côté, les municipalités doivent faire l’arbitrage entre les différentes demandes exprimées par les citoyens. Ces demandes peuvent concerner la protection du couvert forestier pour la pratique d’activités récréatives ou de tourisme. Dans d’autres cas, des citoyens voudront poursuivre les activités sylvicoles sur leur propriété. Heureusement, la diversité des types de récolte peut permettre de concilier les différentes demandes des citoyens si le règlement laisse de la latitude dans le choix du traitement sylvicole approprié.

Un guide et une formation

La Fédération québécoise des municipalités (FQM), en collaboration avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), rend disponible un nouvel outil afin de fournir aux municipalités des explications scientifiques et techniques qui permettent de soutenir le bien-fondé des dispositions réglementaires pour protéger le couvert forestier ou favoriser l’aménagement durable de la forêt privée. Il s’agit de la publication Guide d’aide à la rédaction d’un règlement municipal sur l’abattage d’arbres et la protection du couvert forestier. Des formations seront offertes prochainement au monde municipal pour présenter les recommandations de ce guide.

Les enjeux abordés

De nombreux enjeux de conciliation des usages sont abordés dans le guide. On y présente des solutions, regroupées sous quatre sections, pouvant être appliquées par les forestiers. La première section présente les enjeux de protection des zones sensibles comme les bandes riveraines et les restrictions dans les milieux humides ou les pentes fortes. La deuxième section aborde les mesures de protection du paysage, telles que le type de coupe, la superficie de récolte d’un seul tenant, la construction de chemin ou la récupération des arbres dépérissants. La troisième section décrit les différentes mesures de compatibilité des usages. Finalement, la dernière section aborde les enjeux d’ordre administratif, tels que les contraventions, les définitions et les modalités d’application de la réglementation.

Le développement durable de la forêt

Il est important de rappeler que l’aménagement durable demeure complexe dans le contexte de la forêt privée. Il faut considérer un grand nombre de facteurs comme la dynamique des écosystèmes forestiers régionaux, les profils et motivations des propriétaires de boisés, les marchés des produits forestiers disponibles, la protection des milieux fragiles (ex. cours d’eau et milieux humides) et des paysages agroforestiers. Pour favoriser le développement durable de la forêt, l’ajout d’une réglementation municipale vient compléter d’autres mesures qui doivent être mises en œuvre, telles que la sensibilisation et l’éducation des propriétaires forestiers, la formation des entrepreneurs de récolte, l’offre de programmes incitatifs visant la valorisation des activités forestières et le soutien professionnel en gestion forestière.

Une bonne pratique à adopter par une municipalité consiste à consulter régulièrement les organisations représentant les propriétaires de boisés, comme les syndicats de producteurs forestiers et les groupements forestiers. Les intervenants forestiers œuvrant dans la région, comme l’agence régionale de mise en valeur des forêts privées, les conseillers forestiers et les entrepreneurs de récolte, doivent également être sollicités. Ces discussions permettent d’évaluer un spectre d’actions possibles lorsqu’un problème est détecté dans une municipalité ou une MRC.

Recommandation pour mieux concilier les usages

Une bonne pratique réglementaire à adopter consiste à maintenir la possibilité de pratiquer des coupes partielles dans la bande riveraine sans l’utilisation de la machinerie qui circule dans cette lisière. Il sera également important de prévoir des exceptions, comme celles prévues dans la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables. En effet, les multiples situations qui peuvent survenir en forêt (des arbres qui se renversent, par exemple) nécessitent l’application de coupes d’assainissement. Dans son règlement, la Municipalité doit prévoir de telles situations.

Exemple :

  • Une bande boisée de 10 m doit être préservée de part et d’autre de tout cours d’eau et aux abords des lacs lorsque la pente est inférieure à 30 %. Cette bande devra être de 15 m lorsque la pente est supérieure à 30 %. Sauf exception, seule la récolte partielle, jusqu’à 50 % des arbres, est permise sans le passage de la machinerie à l’intérieur de cette bande, à la condition de préserver 50 % du couvert forestier. Le débroussaillement de la végétation est interdit dans cette bande à l’exception des travaux nécessaires aux fins de végétalisation.

 

Exception à prévoir :

  • Il sera possible, après l’obtention d’un certificat d’autorisation de la MRC ou de la Municipalité, d’aller au-delà de ce seuil lorsque :

– des arbres sont renversés par le vent et doivent être récupérés;

– une coupe d’assainissement doit être réalisée;

– la réfection ou l’amélioration d’un chemin forestier existant doit être réalisée;

– des travaux de végétalisation sont nécessaires;

– il s’agit d’un fossé de voirie publique et privée, d’un fossé mitoyen, d’un fossé géré par le gouvernement du Québec ou d’un fossé de drainage dont la superficie du bassin versant est inférieure à 100 hectares.

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition novembre 2018.

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