Description et historique
Le nerprun bourdaine est un arbuste de la famille des rhamnacées, originaire d’Eurasie, où il était utilisé dans la production de poudre à canon et en médecine douce comme laxatif. Ce petit arbre et son cousin, le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica), ont été introduits en Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle, comme plantes ornementales dans les haies brise-vent. Depuis, les deux espèces ont graduellement colonisé le continent, notamment le nord-est des États-Unis. Elles s’installent sur une large gamme de stations et de textures de sols. Le nerprun bourdaine préfère les stations plus humides et les sols plus acides que le nerprun cathartique, mais il peut aussi croître sur des sols secs.
Le nerprun bourdaine peut atteindre la taille d’un arbre, avec un diamètre allant jusqu’à 15 cm mesuré à 1,30 m de hauteur. Son écorce brune porte de nombreuses lenticelles jaunes, rappelant certaines espèces d’aulnes. Ses feuilles sont généralement très lustrées et d’un vert clair sur leur face supérieure. Contrairement à celles du nerprun cathartique, les feuilles du nerprun bourdaine ne sont pas dentelées et comportent des nervures parallèles. À l’automne, elles deviennent jaune clair, puis rouges.
Une reproduction efficace
La période de floraison et de fructification du nerprun bourdaine s’étale sur plusieurs mois, une caractéristique de plusieurs plantes envahissantes. Les fruits contiennent de 2 à 3 graines, et chaque individu peut porter de 430 à plus de 1 800 fruits. Les oiseaux, notamment l’étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris), agissent comme agents de dispersion. Les graines peuvent rester en dormance au moins trois ans et former une banque souterraine. Lorsqu’il est coupé, le nerprun bourdaine peut également produire une grande quantité de rejets de souche.
L’ouverture du couvert forestier favorise l’envahissement
Même si le nerprun bourdaine constitue une plante semi-tolérante à l’ombre, qui peut s’installer et croître en milieu fermé, sa vigueur est reliée à la disponibilité de la lumière. En milieu ouvert et lorsque le sol est exposé, il forme rapidement des bosquets denses et pro+te de la lumière ambiante pour croître en largeur et occuper la majeure partie de l’étage arbustif. De plus, la saison de croissance de cette plante est très longue; les feuilles apparaissent tôt au printemps, bien avant les espèces indigènes, et leur sénescence survient tard en automne, après celle des autres espèces. La présence du nerprun diminue fortement la quantité de lumière disponible pour la croissance des semis d’espèces feuillues comme l’érable à sucre (Acer saccharum), l’érable rouge (Acer rubrum) et le frêne blanc (Fraxinus americana). Dans certains milieux envahis, le nerprun peut représenter plus de 90 % de la biomasse présente. De plus, comme il n’a pas de préférence particulière pour un type de peuplements forestiers, il colonise tout aussi facilement les forêts feuillues, mixtes ou résineuses, et même les tourbières.