À peine reposés de nos vacances estivales qu’une campagne électorale était déclenchée. Comme vous tous, nous avons bénéficié de peu de temps pour convaincre les différents partis et leur chef respectif de soutenir les 134 000 propriétaires et producteurs forestiers.

En effet, la campagne électorale s’achevait alors que les feuilles des arbres venaient à peine de se colorer. Je tiens évidemment à féliciter tous les candidats élus.

À l’aube des premières neiges, une nouvelle ministre des Ressources naturelles et des Forêts a pris place. Mme Maïté Blanchette Vézina devra rapidement jongler avec des enjeux multiples et départager les plus pressants : caribou forestier, approvisionnement des usines, intendance des forêts publiques, tordeuse, séquestration du carbone forestier, intérêts autochtones et j’en passe. Qu’en sera-t-il des producteurs et de leurs boisés?

La tentation sera forte d’abandonner certaines promesses devant la complexité de certains dossiers ou le manque de ressources pour y arriver. Rassurez-vous, Madame la Ministre, nos attentes sont simples, légitimes et, espérons-le, mutuellement bénéfiques.

Lors de la campagne, les producteurs vous ont rappelé la nécessité d’accroître les mesures de soutien à la sylviculture afin de produire davantage de bois de qualité. Ces sommes permettront à plus de propriétaires forestiers de mettre en valeur leur patrimoine forestier et de juguler la diminution des services offerts aux producteurs dans un contexte inflationniste. En prime, l’industrie forestière pourra compter sur des approvisionnements sûrs pour moderniser ses installations et consolider les emplois du secteur.

En parallèle, ils vous ont demandé de sécuriser l’accès au marché pour le bois que nous récoltons afin de nous garantir un avenir prévisible et suffisamment lucratif pour nous permettre d’investir dans notre secteur de production. Un meilleur arrimage entre les allocations de bois des forêts publiques et les allocations des forêts privées permettrait d’atteindre cet objectif. Votre vigilance sera de mise alors qu’une récession pointe son nez et que l’insatisfaction quant à la concurrence de la forêt publique gagne du terrain.

Finalement, il faudra nous accompagner dans l’adoption de meilleures pratiques environnementales en forêt privée, car les producteurs ne peuvent assumer seuls les efforts nécessaires afin de rassurer le milieu municipal, la société civile et les groupes environnementaux quant à la gestion de nos boisés.

Nous ne sommes pas dupes; ces demandes de longue date ne pourront être résolues avant la fin de l’hiver. Peut-être pourrions-nous espérer une hausse des budgets d’aménagement au printemps suivant, avant que les activités sylvicoles démarrent en trombe?

J’espère sincèrement que nous pourrons vous rencontrer très prochainement pour vous féliciter en personne et discuter de nos enjeux respectifs. Souhaitons également qu’à ce moment, vous et vos conseillers politiques serez soucieux de bien vouloir comprendre la réalité des producteurs forestiers. Dans tous les cas, Madame la Ministre, vous bénéficierez de plusieurs saisons au cours de ce mandat pour nous surprendre agréablement ou m’entendre vous le rappeler sans cesse.

Gaétan Boudreault
Producteur et président par intérim de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de novembre 2022.