Le secteur forestier s’est mobilisé récemment afin de réfléchir sur l’avenir de la forêt. La scène d’une forêt qui brûle et de communautés en danger a servi de catalyseur pour amorcer cette discussion. Il faut dire que depuis belle lurette, plusieurs acteurs aux intérêts historiquement divergents convergeaient dans leur souhait de renouveler le système de gouvernance des forêts (publiques).

Force est de constater que les forêts du Québec en général, et les forêts privées en particulier, font face à des défis persistants. En ce sens, les tables de réflexion sur l’avenir de la forêt mises sur pied par la ministre auront permis à toutes les clientèles intéressées d’y aller de leurs recommandations pour préserver notre patrimoine.

Comme dans tous les débats visant la forêt, il nous faut d’abord extirper les enjeux de tenure privée de ceux du territoire public. Puis reconnaître les producteurs forestiers comme les seuls acteurs incontournables au regard de la protection et de la mise en valeur des forêts privées.

Les producteurs forestiers constituent un heureux mélange entre les mémoires de l’héritage et une vision claire de l’avenir. On ne saurait trouver des solutions durables sans d’abord écouter puis s’allier aux gestionnaires d’expérience de ce territoire.

Au cours des dernières semaines, les producteurs forestiers de toutes les régions ont proposé une vision d’avenir des forêts. Une forêt saine, luxuriante, aménagée et contribuant autant à l’économie des régions qu’à l’environnement des communautés. Ils ont aussi soumis plusieurs pistes de solutions pour accomplir cette vision.

Je retiens tout d’abord l’accroissement du soutien pour différentes initiatives en forêt privée telles que l’aménagement responsable de la biodiversité, la sylviculture d’adaptation des écosystèmes forestiers aux changements climatiques et la production de bois répondant aux attentes de la société pour des matériaux verts et renouvelables.

De plus, il est nécessaire de régionaliser davantage les programmes proposés afin de permettre aux producteurs de s’attaquer aux menaces locales et de saisir des opportunités qui se présentent. D’autre part, les producteurs ne pourront pas façonner la forêt de l’avenir si l’environnement réglementaire ne leur accorde aucune marge de manœuvre pour réaliser les interventions forestières indispensables à l’atteinte des objectifs. La cloche de verre ne peut, à elle seule, être garante du futur de nos boisés.

Quoi qu’il en soit, il sera nécessaire de veiller à ce que les décisions prises contribuent à améliorer l’environnement d’affaires des producteurs forestiers puisqu’en définitive, il est primordial de soutenir les acteurs au centre de ce changement. La perspective de prospérité est un argument convaincant pour intéresser davantage de propriétaires à mettre en valeur leurs boisés. En ce sens, le resserrement du principe de résidualité, en le corroborant à la reconnaissance du coût de production en forêt privée, permettrait de s’assurer que les producteurs opèrent de manière rentable. Le développement d’une économie forestière verte, moderne, prospère et solidaire de toute sa filière aussi.

L’avenir de nos boisés est entre nos mains. À nous d’être porteurs de solutions.

Gaétan Boudreault
Producteur et président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec