Le Département du Commerce des États-Unis a récemment publié les résultats préliminaires du sixième examen des droits antidumping et compensateurs sur les importations canadiennes de bois d’œuvre résineux, révélant une hausse marquée des taux applicables. Bien que ces résultats ne soient pas encore en vigueur, ils donnent un aperçu clair de la trajectoire que pourrait suivre la décision finale, attendue pour août 2025.
Les droits antidumping sont appliqués lorsqu’un produit est vendu à l’étranger à un prix inférieur à celui pratiqué sur le marché domestique, ou en dessous de son coût de production, dans le but de capter des parts de marché. Selon les données publiées le 3 mars 2025, le taux antidumping applicable aux exportateurs canadiens non spécifiquement désignés s’élèverait possiblement à 20,07%, à compter d’août 2025, en nette augmentation par rapport au taux actuel de 7,66 %.
Les droits compensateurs sont des taxes imposées sur les importations lorsqu’un produit est jugé subventionné par son pays d’origine, faussant ainsi la concurrence. Dans une publication du 5 avril, le Département du Commerce a annoncé les taux provisoires des droits compensateurs : 16,57 % pour West Fraser, 11,87 % pour Canfor et une moyenne de 14,38 % pour les autres producteurs canadiens. Actuellement, ce taux se limite à 6,74 %.

Selon le Département du Commerce des États-Unis, les hausses des droits annoncées en 2025 résultent principalement des conditions du marché du bois d’œuvre en 2023, notamment de la volatilité des prix et des allégations de pratiques commerciales déloyales. Ces facteurs ont conduit à l’ajustement des taux de droits pour refléter la situation du marché durant cette période. Ainsi, le taux combiné des droits antidumping et compensateurs atteindrait 34,45 %, comparativement au taux actuel de 14,40 %.
Il s’agit non seulement d’une hausse de plus du double, mais aussi du taux le plus élevé depuis 2017, soit le début du dernier conflit commercial entre le Canada et les États-Unis sur le bois d’œuvre résineux. Cette décision témoigne d’un resserrement significatif de la politique commerciale américaine à l’égard du secteur forestier canadien.

Selon nos estimations, depuis 2017, ces mesures auraient permis aux autorités américaines de percevoir près de 10 milliards de dollars en droits d’exportation auprès de l’industrie forestière canadienne, dont environ 2 milliards pour les expéditions en provenance du Québec.
Ces droits alourdissent les coûts d’exportation vers les États-Unis, principal marché pour le bois d’œuvre résineux canadien, réduisant ainsi la compétitivité des scieries canadiennes. Le conflit du bois d’œuvre appauvrit l’ensemble des acteurs de la filière, incluant les producteurs de bois, et fragilise plusieurs compagnies et exploitants. En 2024, le bois de sciage de sapin-épinette destiné aux scieries représentait 63 % des volumes mis en marché en forêt privée, avec une valeur au producteur de près de 300 M$. Cette hausse tarifaire pourrait-elle entraîner une diminution des achats de sapin-épinette en forêt privée?