Après avoir chuté à près de 580 $ CA/MPMP le 13 octobre dernier, le contrat à terme1 du mois de janvier sur le bois d’œuvre a rebondi pour atteindre un peu plus de 1 060 $ CA/MPMP à la mi-décembre. Bien que le prix soit inférieur au record atteint au mois de septembre (1 261 $ CA/MPMP), il n’en demeure pas moins très élevé par rapport à sa moyenne historique de 570 $ CA/MPMP et nettement supérieur au seuil de rentabilité des scieries québécoises.

Évolution du prix des contrats à terme de l'indice Random Lengths
($ CA/MPMP)

Ainsi, plusieurs acteurs du milieu forestier anticipent un retour au sommet pour le prix du bois d’œuvre. Il faut dire que l’équilibre entre l’offre et la demande est particulièrement tendu, alors que les distributeurs de bois d’œuvre ont de la difficulté à bâtir leurs inventaires à l’approche de la saison de la construction de 2021. En 2018 et 2019, l’industrie nord-américaine avait à sa disposition plus de 6,5 G PMP de bois d’œuvre avant l’arrivée du pic saisonnier d’avril et mai lorsque les chantiers de construction démarrent. Actuellement, ces inventaires sont 12 % moins élevés tandis que le niveau des mises en chantier est supérieur.

Mises en chantier de résidences unifamiliales aux États-Unis
(en milliers d'unités par mois, non désaisonnalisées)

Les températures particulièrement clémentes ont prolongé de quelques semaines la construction résidentielle dans le nord-est et le midwest des États-Unis au moment où la demande pour les résidences dans les banlieues demeure très vigoureuse partout sur le continent. Cette figure illustre bien un décalage de la saison de construction aux États-Unis qui se prolonge et se renforce jusqu’à l’automne.

Il est particulièrement intéressant de voir que la demande atteint généralement son apogée entre les mois de mai et de juillet, alors que la conjoncture actuelle fait fi de la saisonnalité classique. En octobre 2020, le rythme de mises en chantier des résidences unifamiliales était supérieur de 24 % au maximum atteint au cours de ce mois pendant la dernière décennie.

La combinaison d’un faible niveau d’inventaire et d’une demande beaucoup plus importante que prévu à cette période de l’année devrait soutenir le prix du bois d’œuvre. De plus, les risques d’une perturbation de la chaîne d’approvisionnement causée par une défaillance du transport sur rail lors de la saison hivernale ou de la fermeture de scieries dont les travailleurs seraient infectés par la COVID-19 semblent vraisemblables. Il appert donc probable que le prix du bois d’œuvre restera élevé pour un moment.

1 Un contrat à terme constitue un engagement d’acheter (pour l’acheteur), de vendre (pour le vendeur) un actif sous-jacent à un prix fixé dès aujourd’hui, mais pour une livraison et un règlement à une date ultérieure. Ces contrats à terme sont échangés à la bourse.