Les volumes sans preneur pourraient constituer des occasions d’affaires pour une industrie forestière souhaitant valoriser davantage de bois. Plus spécifiquement, d’importants volumes demeurent disponibles dans plusieurs régions :

• Environ 760 000 m³ de bois de trituration demeurent disponibles dans l’ensemble des territoires de mise en marché. La majorité des volumes résident dans les essences feuillues, et ce, bien que le sapin-épinettes demeure nettement sous valorisé.
• Plus de 1,1 Mm³ supplémentaire de bois de sciage de sapin-épinettes pourraient être transformés advenant des conditions optimales de mise en marché en forêt privée.
• Tous les territoires recèlent des volumes supplémentaires, mais environ 490 000 m³ de bois de sciage de sapin-épinettes résident dans l’est du Québec où les volumes mis en marché ont périclité en 2022. Les producteurs de cette région sont aux prises avec une épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette les forçant à récolter, alors que les volumes alloués en forêt publique s’accroissent.
• Les producteurs de l’Abitibi-Témiscamingue pourraient bénéficier d’une hausse de la demande de leur bois de sciage de sapin-épinettes et de bois de trituration de peupliers. Les volumes disponibles permettraient de compléter l’approvisionnement d’usines.
• Le démarrage de West Fraser à Chambord aura permis aux producteurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean de mobiliser la moitié des volumes de peuplier disponibles. Il y a fort à parier que la récolte du volume restant permettrait entre autres de débloquer les volumes de sapin-épinettes résiduels issus des peuplements mixtes.
• La fermeture de l’usine de Fortress à Thurso a provoqué une baisse des livraisons du bois à pâte feuillu dans l’ouest du Québec ainsi qu’un afflux de bois des forêts publiques sur les marchés limitrophes. Près de 150 000 m³ de feuillus de trituration de ces régions ne sont pas valorisés, faute de marchés adéquats.
• La modernisation de lignes de sciage et le démarrage de la scierie Bois LIB à Princeville auront permis au territoire du Centre du Québec d’écouler 87 % des volumes de bois de sciage de sapin-épinettes disponibles. Nonobstant, ce plus grand territoire de mise en marché pourrait écouler près de 325 000 m³ de sapin-épinettes supplémentaires.

Miser sur le potentiel inexploité des forêts privées

Les acteurs de la filière forestière ont tout intérêt à travailler conjointement pour chercher à valoriser le potentiel inexploité de bois dans les forêts privées. Le plus récent Portrait économique des activités sylvicoles et de la transformation du bois des forêts privées nous rappelait qu’une augmentation de 2,2 Mm³ de la production de bois en forêt privée se traduirait par une hausse du chiffre d’affaires de 1,5 G$ en incluant la transformation du bois. Conséquemment, le nombre d’emplois équivalent à temps complet passerait de 13 134 à 16 949 en utilisant davantage le potentiel sylvicole des boisés.

Pour ce faire, il faudra :

• combiner les volumes de bois sans preneur dans les forêts privées et publiques afin de soutenir l’agrandissement ou le démarrage d’installations industrielles;
• évaluer les effets des mesures de soutien aux opérations en forêts publiques sur la commercialisation du bois des forêts privées afin d’éviter de créer des écarts de compétitivité entre les deux modes de tenure sous l’effet de décisions gouvernementales;
• assurer minimalement le respect des achats de bois des forêts privées dans les scénarios d’approvisionnement des usines de transformation déterminés par le MRNF (et espérer leur dépassement). Un suivi serré de l’allocation de bois des forêts publiques sera primordial afin de mettre en pratique le principe de résidualité;
• investir davantage dans la sylviculture des forêts privées puisque le manque de ressources disponibles à la remise en production des sites récoltés et perturbés constitue un frein à un accroissement de la mobilisation du bois.