Diminution de l'intensité de l'épidémie de la TBE

L’intensité de l’infestation de l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) a régressé dans toutes les régions. Ce constat s’applique autant en forêt privée qu’en forêt publique alors que la grande majorité des superficies affectées ont subi une défoliation d’une intensité légère à modérée. Ce relâchement est important puisqu’il peut permettre aux arbres d’éviter la mortalité qui survient généralement après plusieurs années de défoliation grave. Néanmoins, l’inventaire aérien effectué par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) démontre toujours une grande présence de l’insecte dans les boisés privés du Québec. Les superficies affectées atteignent 1,28 million d’hectares, ce qui constitue tout de même une progression de 24 611 ha (+2 %) d’une année à l’autre.

Carte de la défoliation causée par la TBE en 2021

Faits saillants de l’évolution de l’épidémie en forêt privée

Forêts privées de tout le Québec : l’insecte est présent sur une superficie équivalente à 18 % de toutes les forêts privées du Québec. On estime à 25 000 le nombre de propriétaires de boisés affectés par l’épidémie.
Abitibi-Témiscamingue :
la superficie touchée a diminué de 36 %, et ce, surtout dans les boisés du Témiscamingue. L’épidémie s’est toutefois propagée dans l’ensemble de l’Abitibi.
Bas-Saint-Laurent : les superficies infestées ont augmenté de 23 % avec une bonne progression dans l’ouest de la région. Il y a maintenant 78 % de la superficie de la forêt privée qui est infestée par l’insecte, bien que la défoliation soit encore cette année qualifiée de légère ou modérée dans la majorité des secteurs à l’exception des MRC La Mitis et La Matanie où le niveau de défoliation est qualifié de modéré à grave.
Capitale-Nationale : la superficie couverte par l’épidémie a régressé de 41 % en 2021 et elle est toujours limitée à proximité de la MRC de Charlevoix-Est.
Chaudière-Appalaches : l’infestation prend de l’ampleur dans l’est de la région, près de la municipalité de Sainte‑Perpétue. Au total, 11 922 ha de forêts privées sont affectés par une défoliation légère.
Côte-Nord : bien que la superficie infestée ait diminué de 10 % cette année, 79 % des propriétés forestières demeurent affectées par la TBE. Encore une fois cette année, la défoliation demeure légère.
Gaspésie : les superficies touchées ont presque doublé alors que l’on dénote une forte progression dans la MRC Le Rocher Percé qui était jusqu’ici épargnée. Environ 79 % des forêts privées de la région sont infestées, mais la défoliation est majoritairement légère.
Laurentides : l’infestation s’est en grande partie résorbée alors que le foyer épidémique près de Sainte-Adèle se limite à 113 ha en 2021. La défoliation demeure légère dans les circonstances.
Mauricie : le seul foyer d’infestation présent à Saint-Élie-de-Caxton a beaucoup diminué avec seulement 92 ha atteints.
Outaouais : les forêts privées demeurent largement non affectées. Cependant, l’épidémie prend de l’ampleur en forêt publique pour une deuxième année consécutive.
Saguenay-Lac-Saint-Jean : on note une diminution de plus de la moitié des superficies infestées (-58 %). Le quart de la superficie forestière privée a subi une défoliation qualifiée de légère.

Progression des superficies forestières infestées par la tordeuse

Bilan du programme de protection des petites forêts privées

Les boisés privés de moins de 800 hectares d’un seul tenant peuvent bénéficier d’un programme de protection par arrosage d’insecticide biologique Btk. Cet outil de contrôle des dommages de l’insecte se limite aux peuplements forestiers vulnérables ayant bénéficié d’investissements sylvicoles. La mise en œuvre du programme est confiée à la Société de protection des forêts contre les insectes et maladies (SOPFIM) qui travaille en collaboration avec les intervenants en forêt privée.

Pour une quatrième année consécutive, des opérations de protection des petites forêts privées ont eu lieu. La superficie totale traitée par arrosage en 2021 s’est élevée à 22 358 hectares, soit une augmentation de 27 % par rapport à 2020. Au total, 1 121 propriétaires forestiers ont pu bénéficier des arrosages réalisés par la SOPFIM. Les propriétaires forestiers inquiets pour leurs peuplements peuvent consulter le site Web de la FPFQ pour obtenir davantage d’informations relatives au programme.

Évolution des superficies de petites forêts privées traitées par la SOPFIM

La hausse des besoins pour la sylviculture en forêt privée

Afin de minimiser les pertes en volume, les producteurs forestiers sont encouragés à récolter de façon préventive les peuplements forestiers vulnérables. Ils sont également incités à récupérer rapidement le bois des peuplements fortement affectés. Heureusement cette année, la bonne tenue du marché du bois d’œuvre résineux a permis d’écouler ces volumes récupérés par les producteurs forestiers. Néanmoins, avant de procéder à la récolte, les producteurs doivent préalablement s’assurer que les superficies coupées pourront bénéficier d’une régénération naturelle adéquate ou s’assurer de la disponibilité de plants forestiers pour le reboisement. L’an dernier, les intervenants régionaux ont chiffré les besoins supplémentaires pour remettre en production ces sites récoltés. À l’échelle du Québec, ils estiment qu’ils auront besoin annuellement d’un budget supplémentaire de 6,8 M$ en aménagement forestier et de 3 millions de plants. Un travail pour mettre à jour les besoins sera réalisé prochainement.

Un outil pour vérifier la vulnérabilité de votre boisé

Il est possible de se préparer à la venue de l’épidémie de la TBE grâce à cet outil cartographique. Visualisez la progression de l’épidémie et vérifiez si un peuplement forestier vulnérable à l’insecte est présent sur votre boisé simplement en entrant l’adresse municipale de votre lot. La vulnérabilité se définit par la probabilité que les arbres meurent après plusieurs années de défoliation grave. Les essences les plus à risque de mortalité sont principalement le sapin baumier, l’épinette blanche et l’épinette de Norvège. Quoique plus résilientes que les précédentes, l’épinette rouge et l’épinette noire sont également vulnérables.

Le risque de mortalité augmente pour les arbres matures possédant peu de feuillage. Les peuplements denses établis sur des sites peu productifs, par exemple sur des sols trop humides ou trop secs, sont plus à risque d’être affectés gravement par la TBE. Ainsi, le risque de mortalité dans une sapinière mature, dense et établie sur un site humide sera très élevé à la suite des attaques répétées de l’insecte. Par ailleurs, les propriétaires de boisés devraient garder un œil sur leurs peuplements contenant beaucoup de sapins matures.

Le travail à venir

La FPFQ poursuit son travail en collaboration avec Groupements Forestiers Québec, le MFFP et la SOPFIM afin d’atténuer l’impact de l’épidémie de la TBE sur les forêts privées. Au cours des prochains mois, la FPFQ veillera à :

  • revendiquer des budgets supplémentaires en aménagement forestier pour assurer la remise en production de sites affectés, incluant la disponibilité de plants forestiers pour assurer le reboisement;
  • améliorer l’application du principe de résidualité pour un accès prioritaire du bois provenant de la forêt privée sur le bois des forêts publiques et ainsi s’assurer que les producteurs forestiers puissent vendre leur bois grâce à un accès privilégié aux marchés des produits forestiers;
  • analyser les besoins de protection contre la TBE par arrosage aérien d’insecticide biologique des producteurs forestiers de l’Abitibi;
  • informer les propriétaires forestiers et les intervenants municipaux à propos de l’évolution de l’épidémie et les moyens à mettre en place pour atténuer les impacts.