Réflexion collective sur l’avenir des forêts privées

Le MRNF organise des Tables régionales de réflexion sur l’avenir de la forêt afin d’identifier des solutions pour répondre aux différents enjeux du secteur forestier. La contribution des producteurs forestiers à cette consultation est essentielle puisqu’ils sont des acteurs incontournables au regard de la protection et de la mise en valeur des forêts privées.

Les Tables de réflexion sur l’avenir de la forêt

En novembre dernier, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Mme Maïté Blanchette-Vézina, a annoncé la tenue d’une consultation pour réfléchir sur l’avenir de la forêt. Ces tables, où siégeront les syndicats et offices de producteurs forestiers, s’amorceront en février. L’objectif est de raisonner aux défis persistants de la forêt, tels que l’adaptation aux changements climatiques, la gouvernance des forêts, la préservation de la biodiversité ou bien la capacité de soutenir la production du matériau vert qu’est le bois. 

Il faut dire que les centaines de feux de forêts ayant dévasté plusieurs régions du Québec en 2023 ont servi d’amorce à cette démarche consultative. Pour une rare fois dans le secteur forestier, tous se sont unis devant la vision d’un patrimoine collectif partant en fumée, de communautés évacuées et d’infrastructures incendiées. L’enjeu des forêts brûlées se superpose maintenant à ceux de protection des écosystèmes, de création d’aires protégées, de préservation de l’habitat du caribou et des besoins des utilisateurs de la forêt. Aucun doute que cela créera des enjeux significatifs sur la capacité d’aménager les forêts, sur la possibilité forestière et incidemment sur l’approvisionnement en bois de certaines usines.

Une réforme du régime forestier pourrait s’avérer nécessaire pour répondre à ces enjeux et il faudra que ce changement s’appuie sur diverses sources de solutions, dont la forêt privée. Avec une possibilité forestière de 17 Mm³, mais une récolte au fins d’approvisionnement des usines se limitant à 6,0 Mm³ de bois en 2022, la forêt privée du Québec recèle un potentiel fort intéressant pour compenser les pertes anticipées, assurer le développement de l’industrie forestière dans plusieurs régions et  pérenniser l’activité économique en découlant. 

Les solutions d’avenir pour la forêt privée

La Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) et les syndicats et offices de producteurs de bois entendent participer à ces réflexions, puisque les producteurs forestiers sont des acteurs incontournables au regard de la protection et de la mise en valeur des forêts privées. La recherche et la mise en place de solutions porteuses pour l’avenir de la forêt privée s’effectuera en répondant aux préoccupations des propriétaires forestiers et en s’assurant d’un environnement d’affaire qui est favorable aux activités forestières. À ce titre, il faudra outiller durablement les propriétaires et producteurs forestiers puisqu’ils seront les principaux acteurs du changement en forêt privée. Et en parallèle, il faudra éviter de contraindre leur capacité d’intervention. La FPFQ propose quatre éléments prioritaires pour assurer un avenir aux forêts privées.

Accroître les mesures de soutien à l’aménagement en forêt privée

La majorité des pays développés soutiennent l’aménagement forestier en raison de la faible rentabilité financière des investissements sylvicoles pour le propriétaire forestier, mais d’importantes retombées économiques générées par les activités de transformation. Le Québec ne fait pas exception, mais l’aide fiscale ou directe est actuellement insuffisante pour répondre aux besoins de l’ensemble des producteurs, ou bien compenser la baisse anticipée du niveau d’aménagement des forêts publiques. Il faut aussi prévoir des investissements pour accroître la résilience des forêts aux changements climatiques, adapter l’aménagement forestier aux enjeux de biodiversité ou même pour faire face à une montagne de bois qui se profile à l’horizon en raison d’un niveau élevé de plantations réalisées dans les années 1980-90. Les producteurs et les organismes du secteur attendent une hausse prévisible de l’appui financier pour mieux planifier et réaliser la séquence de travaux sylvicoles qui s’échelonnent dans une forêt sur plusieurs années.

Harmoniser les réglementations pour optimiser l’aménagement des forêts privées

Les forêts privées abritent des habitats fauniques ou floristiques qui constituent le socle permettant à la biodiversité de s’épanouir. Ces boisés forment aussi des corridors écologiques essentiels à la migration des espèces dans une trame fortement humanisée et dans un environnement en perpétuel changement. C’est pourquoi l’État adopte des mesures afin de protéger les biens et services environnementaux fournis par les boisés privés. Toutefois, la multiplication des réglementations environnementales complexifie le travail des producteurs forestiers, amenuise leur capacité d’intervention et diminue la productivité du territoire. Certaines réglementations locales nuisent au déroulement d’activités forestières, et ce, même si leur poursuite constitue un risque négligeable pour l’environnement. Cela conduit à un désintéressement des propriétaires pour l’aménagement forestier, puis à des forêts plus susceptibles aux catastrophes naturelles et plus vulnérables face aux changements climatiques. Une intervention à l’échelle provinciale est nécessaire pour corriger la situation, que ce soit par l’uniformisation des réglementations municipales en abattage d’arbres, l’établissement d’un cadre minimal d’activités forestières autorisées sans demandes de permis ou bien la reconnaissance de la professionnalisation des activités forestières par la détention d’un plan d’aménagement forestier.

Protéger l’environnement d’affaires des producteurs forestiers

La protection de l’environnement d’affaires des producteurs forestiers est essentielle si l’on souhaite appuyer les acteurs qui seront au cœur de tout changement permettant de sécuriser l’avenir des forêts. Ce sont les producteurs et les organismes les accompagnant qui mettront en pratique les interventions nécessaires pour atteindre les objectifs. Cette séquence doit être suffisamment rentable pour permettre aux producteurs de mettre en application les recommandations, mais aussi pour permettre à de nouveaux propriétaires forestiers de s’intéresser à ces enjeux. Une hausse de soutien financier de l’État pour éduquer et renforcer les activités bénéfiques constituerait un bon premier pas. Un deuxième pourrait ressembler à un resserrement du principe de résidualité pour s’assurer que les producteurs puissent écouler leur bois de manière continue et rentable sur les marchés.

Équilibrer les intérêts régionaux et nationaux

Depuis leur création en 1995, les agences régionales de mise en valeur des forêts privées (agences) ont servi de lieu de concertation pour différents acteurs du milieu forestiers. Depuis près d’une décennie, de nombreux efforts ont été consentis pour uniformiser les fonctions administratives des agences dans un soucis d’efficacité. Ces efforts se sont aussi soldés par une limitation de la capacité d’intervention des acteurs régionaux sur la mise en valeur des forêts privées. Le rétablissement du balancier par une certaine forme de régionalisation de l’administration des programmes ou bien une meilleure concertation des acteurs régionaux permettrait aux producteurs de s’attaquer aux menaces locales, telles que des espèces exotiques envahissantes (ex : Nerprun bourdaine), ou bien de profiter d’opportunités régionales, comme la mise en valeur du potentiel des peupleraies du Bas-St-Laurent et de l’Outaouais où prospèrent une industrie régionale.

Ces assemblées de producteurs forestiers sont là pour vous!

C’est la saison des assemblées de secteurs précédant les assemblées régionales pour les producteurs forestiers. Nous vous invitons à y assister en grand nombre pour connaître les derniers développements touchant les marchés du bois, y comprendre l’impact des décisions du MRNF sur vos activités, élire vos représentants, exprimer vos besoins et discuter de l’avenir des forêts. Pour connaître l’heure et le lieu exacts, consultez le journal ou le site Web de votre syndicat ou office, ou communiquez avec le secrétariat.

 

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