Sur le radar en 2023

Comme chaque début d’année, la FPFQ retrace les grands enjeux susceptibles d’avoir des impacts sur les activités des producteurs forestiers en 2023. Voici une vingtaine de dossiers à surveiller.

Revenus des producteurs forestiers et marché des produits forestiers
  • 1

    La Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier priorise l’approvisionnement en bois des forêts privées au détriment de celui des forêts publiques, qualifié de résiduel, dans les scénarios d’approvisionnement des usines de transformation du bois. Dans ce contexte, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) a consulté à la fois les syndicats et offices de producteurs forestiers afin de déterminer l’offre de bois de la forêt privée et les bénéficiaires de droits forestiers sur les volumes potentiels qu’ils pourraient obtenir de la forêt publique. En début d’année, le MRNF devrait se prononcer sur les garanties d’approvisionnement en bois des forêts publiques pour la période 2023-2028. Cette consultation est essentielle, mais demeure insuffisante considérant que les scénarios d’approvisionnement sont fréquemment modifiés par les ventes de gré à gré et le recours aux plans spéciaux de récupération qui accroissent l’offre de bois des forêts publiques. La FPFQ poursuivra ses représentations afin d’assurer le respect du principe de résidualité.

  • 2

    Les politiques monétaires mises en place par les gouvernements pendant la crise économique, les disruptions des chaînes d’approvisionnement au cours de la pandémie et la guerre en Ukraine ont créé une inflation persistante que tentent de casser les banques centrales en haussant les taux directeurs. Cette action visant à refroidir l’économie en surchauffe ralentira le marché immobilier. Après deux années fastes sur les marchés des produits forestiers, 2023 sera beaucoup plus morose.

  • 3

    Au-delà de l’environnement économique qui se dégrade, d’autres enjeux perturbent le marché du bois rond. Le prix gonflé du diesel entraîne une hausse des coûts de récolte et de transport de bois (parfois compensée par certains acheteurs par des clauses indicielles). En parallèle, une vague de consolidations dans le secteur forestier s’opère, diminuant le nombre d’acheteurs sur le marché du bois rond. Abonnez-vous à nos alertes de prix sur PrixBois.ca pour veiller sur les marchés.

  • 4

    À l’automne 2022, les délégués du Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud et du Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec ont à nouveau mandaté leur syndicat afin d’organiser la mise en marché collective du bois de sciage. Ces dossiers devraient être soumis à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) cette année. En parallèle, cette dernière devrait rendre une décision dans un dossier similaire visant le Syndicat des propriétaires forestiers de la région de Québec.

  • 5

    En août dernier, le département du Commerce des États-Unis a diminué les droits compensateurs et antidumping exigés sur les importations de bois d’œuvre résineux en provenance du Canada, passant de 17,90 % à 8,59 % pour la majorité des scieurs résineux. Toutefois, les droits payés par Produits forestiers Résolu (14,86 %) et J.D. Irving (14,00 %), tous deux principalement situés dans l’est du Canada, demeurent significatifs. Les dépôts cumulatifs de l’industrie forestière canadienne totalisent plusieurs milliards de dollars depuis que ce nouveau conflit a éclaté en 2017. Les Propriétaires forestiers du Canada et la FPFQ continueront de défendre une demande d’exemption pour le bois des forêts privées dans une éventuelle entente.

  • 6

    À l’aube de 2023, la FPFQ a mis à jour le Portrait économique des activités sylvicoles et de la transformation du bois des forêts privées qui identifie les emplois et le chiffre d’affaires relatifs aux forêts privées québécoises pour chaque maillon de la filière. Les activités sylvicoles et la transformation du bois des forêts privées ont créé un peu plus de 24 300 emplois au Québec et généré un chiffre d’affaires de 4,7 G$ en 2021 (consultez l’étude complète).

Aménagement et mise en valeur des forêts
  • 7

    La FPFQ poursuivra la défense auprès du gouvernement de l’importance de financer adéquatement les programmes visant la mise en valeur des forêts privées qui offrent une aide pour financer l’encadrement professionnel et la réalisation de travaux sylvicoles. Les objectifs prévus dans la Stratégie nationale de production de bois et l’épidémie de la tordeuse qui sévit accroissent les besoins financiers de remise en production et d’éducation des peuplements.

  • 8

    L’intégration de la catégorie des immeubles forestiers au rôle d’évaluation foncière des municipalités se poursuivra cette année (consultez notre section sur les immeubles forestiers). Ce changement offre aux municipalités la possibilité de moduler le taux de taxation des boisés à l’intérieur d’une fourchette de 66 à 100 % du taux de base afin d’encourager la mise en valeur des forêts. Les producteurs forestiers doivent vérifier la conformité de leur dossier pour potentiellement en bénéficier.

  • 9

    Les incohérences se multiplient entre les politiques provinciales de soutien à la production de bois et le régime d’aménagement des forêts privées. Le transfert des responsabilités réglementaires aux municipalités dans le cadre des dossiers des milieux humides et de la gestion des plaines inondables limite parfois les activités forestières. Espérons que le plan de mise en œuvre de la Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire prévu au printemps retiendra certaines propositions avancées par la FPFQ (consultez notre infolettre).

  • 10

    La FPFQ entame une nouvelle ronde de calculs de possibilité forestière en forêt privée alors que deviennent disponibles les données du 5e inventaire décennal. Un premier banc d’essai réalisé pour le compte des agences de la Chaudière et des Appalaches en collaboration avec le MRNF et des consultants permettra de valider la méthodologie simplifiée avant de la proposer aux autres agences régionales de mise en valeur des forêts privées.

Protection de l’eau, de la faune et des forêts
  • 11

    La tenue de la COP15 à Montréal a mis en lumière l’importance de protéger la biodiversité. Au Québec, les groupes de conservation ont multiplié les appels à l’accélération de la mise en place d’aires protégées dans le sud du Québec et dans les terres privées. En réponse, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a annoncé un investissement de 200 M$ pour des initiatives de conservation, comme de nouvelles aires protégées sur des terres privées, notamment par l’intermédiaire d’incitatifs fiscaux, ou des programmes de conservation administrés par des organisations environnementales. À l’autre bout du spectre des initiatives de conservation, la FPFQ mise sur la reconnaissance de meilleures pratiques qui allient conservation et aménagement forestier (plan d’aménagement forestier bonifié, guide de saines pratiques d’intervention et servitude de conservation forestière).

  • 12

    Le gouvernement du Québec s’est engagé à dévoiler une stratégie pour les caribous forestiers et montagnards d'ici la fin du mois de juin 2023. Bien que cette espèce soit quasi absente du territoire forestier privé, l’adoption de nouvelles orientations d’aménagement en forêt publique pourrait modifier le portrait du secteur forestier.

  • 13

    Les MRC devaient transmettre pour approbation un plan régional des milieux humides et hydriques au MELCCFP en juin 2022. Une fois adoptés, ces plans identifieront les actions envisagées par les MRC pour protéger ces milieux. Des changements significatifs aux activités forestières pourraient survenir puisque les milieux humides boisés couvrent 11 % de la superficie des forêts productives privées. La FPFQ s’inquiète de l’incohérence réglementaire qui résulterait de l’adoption de règlements différents d’une MRC à l’autre. Rappelons à cet effet que la FPFQ a réalisé une vidéo démontrant les nouvelles conditions pour se conformer au cadre réglementaire provincial s’appliquant aux activités forestières en milieu humide boisé (consultez la vidéo).

  • 14

    En 2022, la superficie affectée par l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette a diminué de 27 %. La FPFQ poursuit son travail en collaboration avec Groupements forestiers Québec, le MRNF et la SOPFIM afin d’atténuer l’impact sur les forêts privées. Les travaux portent sur l’écoulement du bois affecté, les besoins supplémentaires pour la remise en production des superficies touchées et le programme de protection contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette pour la petite forêt privée (visitez la section tordeuse).

  • 15

    La FPFQ revendique depuis plusieurs années le retour du financement direct des plans d’aménagement forestier bonifiés de couches d’informations environnementales. La FPFQ et Conservation de la nature Canada ont élaboré plusieurs fiches d’information qui pourront être intégrées aux plans afin de permettre aux producteurs forestiers d’aménager leurs boisés tout en maintenant les attributs des milieux sensibles et en préservant la biodiversité.

Lutte contre les changements climatiques
  • 16

    Le gouvernement canadien poursuit son engagement à reboiser 2 milliards d’arbres avec une enveloppe de 3,16 G$. Une entente hâtive fédérale-provinciale a eu lieu lors de la première année (7,8 M$ pour la forêt privée du Québec en 2021). Alors que se termine la deuxième année, une telle entente se fait toujours attendre. La FPFQ poursuit ses représentations afin que les paramètres du programme permettent aux producteurs forestiers de participer aux efforts de lutte contre les changements climatiques et que les fonds transitent par le biais des agences régionales de mise en valeur des forêts privées (consultez la position de la FPFQ).

  • 17

    Le MELCCFP a récemment adopté le Règlement relatif aux projets de boisement et de reboisement sur des terres du domaine privé admissibles à la délivrance de crédits compensatoires. Bien que le fardeau technique et administratif soit important, les producteurs pourront dorénavant vendre des crédits de carbone forestier sur le marché du carbone Québec-Californie. Les activités admissibles sont le boisement de superficies non forestières et le regarni de la régénération naturelle. Les acteurs de la forêt privée devront se coordonner pour établir des mécanismes permettant de simplifier la vente de crédits et accroître les bénéfices aux producteurs.

  • 18

    Par leur proximité, les forêts privées constitueront pour l’ensemble des Québécois une vitrine de l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes forestiers. Le MRNF mijote toujours une Stratégie d’adaptation de la gestion et de l’aménagement des forêts aux changements climatiques. La FPFQ a suggéré quelques pistes d’amélioration afin de mieux prendre en compte les préoccupations des propriétaires forestiers.

Activités syndicales, de communication et de formation
  • 19

    Mme Maïté Blanchette Vézina est devenue la nouvelle ministre des Ressources naturelles et des Forêts à la suite des dernières élections. Les producteurs ont établi leurs attentes en campagne électorale et seront forcément attentifs aux actions entreprises par la nouvelle titulaire des dossiers forestiers pour s’attaquer aux enjeux de la forêt privée.