Sur le radar en 2024

Comme chaque début d’année, la FPFQ retrace les grands enjeux susceptibles d’avoir des impacts sur les activités des producteurs forestiers en 2024. Voici une vingtaine de dossiers à surveiller.

Revenus des producteurs forestiers et marché des produits forestiers
  • 1

    Les fortes hausses de taux d’intérêt mises en place pour contrer l’inflation ont dégonflé le marché immobilier, diminué la consommation et freiné l’économie. En conséquence, le marché des produits forestiers est au ralenti après une période pandémique marquée par la volatilité et des prix records. Une baisse de taux anticipée en 2024 devrait permettre à la construction résidentielle de se raffermir au bénéfice de la demande pour les matériaux de construction en bois.

  • 2

    L’amélioration de l’environnement économique à mesure que progresse 2024 pourrait favoriser les conditions de marché du bois rond, mais d’autres éléments devront être considérés. La hausse fulgurante du prix du diesel en 2022 (+65%) a eu un impact significatif sur les coûts de récolte et de transport. Espérons que la baisse entamée l'année dernière se poursuivra (-17% en décembre 2023). En parallèle, la protection de l’habitat du caribou forestier, le déploiement du Plan Nature 2030, la complexification des contraintes réglementaires et la récolte de bois de feux de forêt auront à diverses intensités un impact sur la capacité des producteurs à récolter et vendre leur bois. Abonnez-vous à nos alertes de prix sur PrixBois.ca pour veiller sur les marchés.

  • 3

    En février 2023, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) a rendu une décision favorable au Syndicat des propriétaires forestiers de la région de Québec afin de lui permettre d’organiser la mise en marché collective du bois de sciage. En novembre 2023, le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud défendait un projet similaire devant la RMAAQ qui devrait rendre une décision cette année. Finalement, des audiences publiques sur le projet du Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec devraient avoir lieu en 2024. Le dénouement de ces dossiers est susceptible d’impacter des milliers de producteurs forestiers soucieux d’obtenir des conditions équitables de mise en marché du bois de sciage.

  • 4

    En septembre dernier, le gouvernement canadien a contesté une fois de plus les droits sur le bois d'œuvre canadien imposés par les États-Unis suite à une décision de l’ALENA. Depuis des années, les exportations canadiennes de bois d’oeuvre sont assujetties à des tarifs antidumping et compensateurs inéquitables (7,99% pour le dernier taux combiné en vigueur) qui nuisent à l’ensemble du secteur. La FPFQ espère toujours que les négociateurs canadiens retiendront sa demande d’exemption pour le bois d’oeuvre transformé à partir du bois de forêts privées, car après tout ce sont les redevances sur le bois des forêts publiques canadiennes qui sont à la source de ce conflit.

  • 5

    Les Propriétaires forestiers du Canada ont publié en octobre 2023 le Portrait des forêts privées canadiennes et de leur contribution à l’économie. Cette étude démontre que les activités sylvicoles et la transformation du bois des forêts privées ont généré 37 500 emplois et des revenus de 13,9 G$ d’un océan à l’autre en 2020. En excluant la transformation du bois, les activités réalisées en amont dans la filière ont engendré à elles seules un revenu global de 2,3 G$ et plus de 10 000 emplois (consulter l’étude complète). La contribution des producteurs forestiers à l'économie demeurera significative en 2024.

  • 6

    Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) devra procéder cette année à une révision à la baisse des droits forestiers accordés en forêt publique, car la possibilité forestière sera affectée par les incendies forestiers et la volonté de protéger l’habitat du caribou forestier. La FPFQ et les syndicats et offices affiliés veilleront au respect du principe de résidualité en participant aux consultations sur les ventes de gré à gré et les plans spéciaux de récupération des bois affectés par des catastrophes naturelles qui accroissent ponctuellement l’offre de bois des forêts publiques.

  • 7

    Propriétaires forestiers du Canada, et de nombreuses associations provinciales de propriétaires de boisés dont la FPFQ, militent pour la création d’un régime d’épargne et d’investissement sylvicole personnel lors de l’adoption du prochain budget du gouvernement fédéral en 2024. Cet outil fiscal permettrait aux propriétaires de boisés de mettre à l’abri de l’impôt une portion de leurs revenus forestiers en vue de réaliser de futurs investissements en sylviculture, en aménagement forestier ou en protection des éléments sensibles de l’environnement (consulter la vidéo).

Aménagement et mise en valeur des forêts
  • 8

    La FPFQ sollicitera le gouvernement pour financer adéquatement les programmes d’aide à la mise en valeur des forêts privées qui subventionnent l’encadrement professionnel et la réalisation de travaux sylvicoles. Les objectifs prévus dans la Stratégie nationale de production de bois, la remise en production des forêts affectées par l’épidémie de tordeuse et l’avènement à maturité des plantations massives des années 80 accroissent les besoins financiers en sylviculture. Malgré l’annonce en décembre d'une somme additionnelle de 3,2 M$ en 2023-2024, un manque à gagner de 32 M$ pourrait survenir dès cette année.

  • 9

    Entrée en vigueur progressivement depuis 2021, la catégorie des immeubles forestiers offre aux municipalités la possibilité de moduler le taux de taxation des boisés à l’intérieur d’une fourchette de 66 à 100 % du taux de base afin d’encourager la mise en valeur des forêts. En août 2023, près d’une trentaine de municipalités du Québec avaient adopté une baisse moyenne de 20% du taux de taxation foncière des immeubles forestiers sur leur territoire. Les producteurs forestiers sont invités à promouvoir cette mesure auprès de leurs élus municipaux (consulter notre section sur les immeubles forestiers).

  • 10

    La Consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles se poursuivra cette année avec une tournée où les intervenants régionaux pourront intervenir. La FPFQ s’active en demandant au gouvernement de protéger le territoire agricole pour protéger l’activité sylvicole et de miser sur la sylviculture pour mettre en valeur le territoire agricole. Au même titre que les champs et pâturages, la forêt privée mérite d’être cultivée, protégée et mise en valeur.

  • 11

    L’adoption récente du projet de loi 39 qui vise le quintuplement du montant des amendes en cas d’infraction à un règlement d’abattage d’arbres et modifie le régime d’expropriation au détriment des propriétaires de milieux naturels met à risque la conduite d’activités sylvicoles et de récolte des producteurs de bois en forêt privée. La FPFQ s’activera auprès du ministère des Affaires municipales pour faire corriger cette incohérence législative, notamment en réclamant un montant d’amende qui reflète le niveau de risque associé à l’activité forestière.

  • 12

    Le gouvernement du Québec devrait publier en 2024 les Orientations gouvernementales en aménagement du territoire (OGAT). Ces directives encadreront la révision des schémas d’aménagement et de développement des MRC qui visent à intégrer les nombreuses préoccupations de protection des milieux naturels. Ainsi, les futurs schémas des MRC pourraient avoir des répercussions importantes sur l’encadrement réglementaire du secteur forestier pour les décennies à venir. La FPFQ a participé activement aux nombreuses consultations, notamment pour accroître la cohérence entre les politiques de soutien à la production de bois et le régime d’aménagement des forêts privées. La FPFQ souhaite que le gouvernement clarifie et simplifie la situation réglementaire en forêt privée.

  • 13

    Le 5e inventaire écoforestier du MRNF est en cours de réalisation et les données de la majorité des régions seront disponibles en 2024. Déjà, on remarque une augmentation significative des volumes de bois sur pied ce qui témoigne des efforts d’aménagement forestier et d’investissements sylvicoles réalisés ces dernières décennies. La FPFQ poursuivra ses efforts visant à mettre-à-jour la possibilité de récolte forestière en forêt privée en partenariat avec les agences régionales de mise en valeur des forêts privées.

Protection de l’eau, de la faune et des forêts
  • 14

    Le ministère responsable de l’environnement prévoit publier en 2024 un Plan Nature 2030. Cette stratégie gouvernementale doit permettre d’établir des actions en vue de rencontrer les engagements de la COP15 visant à lutter contre l’effondrement de la biodiversité. L’aménagement durable des territoires forestiers constituant une des cibles phares de ce plan, la FPFQ est intervenue pour rappeler que les propriétaires forestiers sont des acteurs incontournables au regard de la protection et de la mise en valeur de la biodiversité en forêt privée (consulter notre infolettre). Parmi les solutions proposées, le développement d’une servitude forestière, permettant la récolte de bois et l’acériculture tout en protégeant des éléments spécifiques de la biodiversité et la connectivité du réseau d’aires protégées.    

  • 15

    En raison des feux de forêt, le gouvernement du Québec a bénéficié d’un délai supplémentaire de la part du gouvernement fédéral pour adopter et dévoiler une stratégie de protection pour les caribous forestiers et montagnards. Bien que cette espèce soit quasi absente du territoire forestier privé, l’adoption de nouvelles orientations d’aménagement forestier dans son habitat pourrait modifier substantiellement l’attribution de bois des forêts publiques et incidemment le portrait du secteur forestier.

  • 16

    L’année 2023 a été marquée par les feux de forêt d’une intensité et d’une ampleur peu commune.  Selon la SOPFEU, 713 feux principalement allumés par la foudre ont provoqué la destruction de 4,32 Mha de forêts, presqu’exclusivement du domaine public. Il faudra entamer de sérieuses réflexions pour mettre en place des stratégies d’aménagement permettant aux forêts de résister à ces perturbations naturelles et de s’adapter aux changements climatiques.

  • 17

    En 2024, toutes les MRC recevront l’approbation de leur plan régional des milieux humides et hydriques. Déjà, la FPFQ remarque l'adoption sans consultation sectorielle de nouvelles réglementations municipales interdisant ou limitant de manière importante les possibilités d’intervention en forêt privée. Une décision injustifiée puisque les producteurs forestiers protègent déjà les milieux humides et hydriques (consulter le dossier des milieux humides sur le site de la FPFQ). Cette situation est très préoccupante puisque 11 % des superficies forestières productives privées constituent des milieux humides boisés. La FPFQ et les syndicats et offices de producteurs forestiers poursuivront les discussions avec les représentants du milieu municipal pour trouver une voie de passage en forêt privée.

  • 18

    En 2023, les superficies affectées par l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette ont diminué fortement pour une deuxième année consécutive. Toutefois, la dernière année a été marquée par l’apparition de nouveaux foyers d’infestation et une forte hausse de l’intensité des dégâts. L’insecte est toujours présent sur une superficie équivalente à 10 % de toutes les forêts privées du Québec, tel que présenté dans l’infolettre de la FPFQ. La campagne d'arrosage d'insecticide Btk se poursuivra en 2024 puisque le programme de protection contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette pour la petite forêt privée qui touchait à sa fin a été reconduit pour une durée de 4 ans par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Mme Maïté Blanchette Vézina.

  • 19

    Il est essentiel que les propriétaires de boisés soient mieux informés sur la protection des éléments sensibles de l’environnement, tels que la biodiversité et les espèces menacées. La FPFQ revendique depuis plusieurs années un financement pour bonifier les plans d’aménagement forestier de couches d’informations environnementales. La FPFQ et Conservation de la nature Canada ont élaboré plusieurs fiches d’information qui pourront être intégrées aux plans afin de permettre aux producteurs forestiers d’aménager leurs boisés tout en maintenant les attributs des milieux sensibles et en préservant la biodiversité. Ce modèle a fait des petits, puisque l’Agence forestière de la Montérégie et Groupements forestiers Québec l’ont adopté pour compléter l’éventail de fiches. Près d’une soixantaine de fiches sont maintenant disponibles aux producteurs forestiers, conseillers forestiers et autres intervenants.

Lutte contre les changements climatiques
  • 20

    Depuis de nombreuses années, les producteurs forestiers demandent un plan d’intervention lorsque des catastrophes naturelles surviennent en forêt privée. Le travail entamé par le FPFQ de concert avec le MRNF et Groupement Forestiers Québec devrait normalement aboutir en 2024 avec une stratégie pour organiser la réponse régionale lorsque des dommages importants surviennent dans les boisés.

  • 21

    Le gouvernement canadien poursuit son engagement à reboiser 2 milliards d’arbres avec une enveloppe de 3,16 G$. Une entente hâtive fédérale-provinciale a eu lieu en 2021 pour que les producteurs forestiers québécois participent aux efforts de lutte contre les changements climatiques. Les deux paliers de gouvernement refusent de s’entendre depuis malgré les efforts de représentation de la FPFQ, et ce au détriment des producteurs (consulter la position de la FPFQ).

  • 22

    Plusieurs programmes de compensation d’émissions de gaz à effet de serre permettent de financer des projets de crédits de carbone forestier. Ces programmes de certification reconnaissent les projets qui visent un changement de comportement dans la gestion d’une propriété permettant d’accroître la séquestration de carbone. En 2023, on a vu prendre forme des projets sur le marché volontaire du carbone. En 2024, le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs s’est engagé à démystifier le marché réglementé par la publication d’un guide explicatif. La FPFQ presse le gouvernement à déployer ses experts pour aider au transfert de connaissances, initier les producteurs aux crédits de carbone et faciliter l’enregistrement de projets. Rappelons que les plantations réalisées sur des friches depuis 1990 sont admissibles au marché réglementé. En attendant, les propriétaires sont invités à faire preuve de vigilance lorsqu’ils sont sollicités par des promoteurs désirants vendre leurs crédits de carbone.

  • 23

    Par leur proximité, les forêts privées constitueront pour l’ensemble des Québécois une vitrine de l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes forestiers. Le MRNF mijote toujours une Stratégie d’adaptation de la gestion et de l’aménagement des forêts aux changements climatiques. La FPFQ a suggéré quelques pistes d’amélioration afin de mieux prendre en compte les préoccupations des propriétaires forestiers. Dans tous les cas, il faudra trouver le moyen de financer une sylviculture afin d’adapter et d’accroître la résilience des forêts aux changements climatiques.

Activités syndicales, de communication et de formation
  • 24

    La FPFQ participera à l’hiver 2024 aux Tables de réflexion sur l’avenir de la forêt lancées par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Mme Maïté Blanchette Vézina. La tournée régionale permettra aux producteurs forestiers d’émettre des recommandations pour s’attaquer à une série de défis persistants, tels que l’adaptation aux changements climatiques, la préservation de la biodiversité ou la capacité de soutenir la production du matériau vert qu’est le bois.