Revue des marchés des produits du bois

L’industrie multiplie les investissements
La croissance de la demande provoque inévitablement une réponse de l’industrie qui redémarre les capacités excédentaires fermées pendant la crise forestière. 

Panneaux à lamelles orientées (OSB) : Au cours des derniers mois, la capacité de production de panneaux à lamelles orientées (OSB) était clairement insuffisante, ce qui a fait décupler les prix. Toutefois, trois usines ont démarré à la fin 2017; Roy O. Martin et Norbord aux États-Unis ainsi que Forex à Amos. Deux autres usines s’ajouteront au début de 2018, soit Tolko en Alberta et Huber au Tennessee. L’ouverture quasi synchronisée de cinq usines de panneaux en Amérique du Nord crée dans un premier temps, une pression temporaire sur les prix, puis dans un deuxième temps, retarde la mise en marche potentielle de l’usine de Norbord à Chambord. Tant en forêt publique qu’en forêt privée, des quantités importantes de bois de peuplier ne trouveront pas preneur tant que cette usine ne redémarrera pas.

Bois d’oeuvre résineux : Les taxes de 20 % sur le bois d’œuvre canadien améliorent la concurrence offerte par les scieries américaines. Celles-ci ont gonflé leurs bénéfices et profitent de la situation pour accroître leur production. À preuve, la FPFQ a recensé depuis 2016 des investissements d’environ 1 milliard de dollars canadiens qui visent à accroître la capacité de production dans le Sud des États-Unis. Cinq scieries modernes seront ajoutées au parc actuellement existant et plusieurs compagnies ont annoncé des programmes d’investissements pour moderniser leurs installations. C’est principalement de cette région que proviendra la hausse de l’offre nécessaire pour répondre à la croissance de la demande.

Pendant ce temps, malgré les taxes sur le bois d’œuvre résineux, les scieries canadiennes maintiennent leur offre, tout comme leurs revenus. En effet, les consommateurs américains ont bien malgré eux absorbé ces coûts supplémentaires comme en font foi les prix record obtenus sur les marchés. Éventuellement, le conflit commercial avec les États-Unis et la chute de la possibilité forestière en Colombie-Britannique réduiront graduellement la capacité du Canada à fournir du bois d’œuvre.

Au Québec, il sera difficile pour l’industrie d’accroître davantage sa production en raison du manque de ressources. En 2016, les producteurs forestiers de la forêt privée ont livré 87 % des volumes mobilisables de sapin-épinettes de qualité sciage. En forêt publique, c’est 94 % des volumes de sapin, épinettes, pin gris et mélèze (SEPM) consentis en droits forestiers qui ont été consommés par les scieries. Il reste donc peu de marge de manœuvre pour accroître les approvisionnements et donc la production. À moins bien sûr que l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette ne vienne augmenter temporairement l’offre de bois rond.

Panneaux d’apparats en bois (MDF et particules) : Kronospan (362 M$ US), Arauco (400 M$ US) et Egger (310 M$ US) ont annoncé récemment des investissements massifs dans ce segment de marché. Deux nouvelles usines de panneaux particules et de nouvelles lignes de production à la fine pointe de la technologie verront le jour entre le printemps 2018 et 2020 aux États-Unis. À eux seuls, les projets annoncés par Arauco et EGGER contribueront à une augmentation de 13 à 18 % de la capacité de production nord-américaine. Dernièrement, la demande a crû à un rythme d’un peu plus de 2 % par année. Il faudrait donc encore plusieurs années de croissance ininterrompue pour absorber cette nouvelle capacité. Tafisa et Uniboard souffriront-ils de cette concurrence accrue?.

Un contexte favorable pour les prix?
Le prix des produits forestiers a été généralement favorable ces dernières années en raison d’une demande accrue et du taux de change qui a favorisé les exportateurs canadiens. Tout indique que 2018 et 2019 s’avèreront tout aussi favorables. D’un côté, le dollar canadien devrait osciller aux alentours de 0,80 $ US. À ce niveau, un exportateur canadien réalise des gains de 25 % sur les produits vendus à l’étranger et transigés en dollars américains, comme c’est généralement le cas pour les produits forestiers. De l’autre côté, bien que l’augmentation de l’offre sur les marchés pourrait se traduire par de légères baisses de prix, ceux-ci demeureront néanmoins élevés selon les standards historiques, et plus que suffisants pour assurer la rentabilité de la filière