La réalisation de travaux sylvicoles selon les règles de l’art nécessite des ressources financières et humaines que le particulier ne sera généralement pas prêt à investir seul. Sans soutien gouvernemental, le manque d’empressement des propriétaires pour réaliser des travaux sylvicoles s’explique par plusieurs raisons :

  1. Le retour sur l’investissement est bas en raison du temps requis pour faire croître la forêt, et incertain en vertu des possibilités de catastrophes naturelles qui détruisent les peuplements forestiers;
  2. Plusieurs autres opportunités d’investissements moins risqués existent et offrent un rendement supérieur et plus rapide;
  3. En raison de leur faible pouvoir de négociation, la part de la rente de l’ensemble de la transformation que les propriétaires de boisés réussissent à obtenir pour leurs produits est généralement établie lorsque tous les autres acteurs de la filière (entrepreneurs forestiers, transporteurs, transformateurs, grossistes et détaillants) ont rémunéré leur travail et leur capital;
  4. Les marchés ne rémunèrent pas, sauf exception, les services environnementaux générés par la mise en valeur des forêts.
  5. Même s’il représente une activité risquée au profit incertain, la production et la récolte forestière génèrent beaucoup de retombées dans l’économie en raison de l’effet multiplicateur de la transformation du bois.

Les gouvernements des pays industrialisés sont donc appelés à soutenir l’investissement dans la mise en valeur des forêts privées sur leur territoire. Les programmes visent typiquement à réduire les coûts d’aménagement forestier pour les investisseurs privés. Des études ont d’ailleurs montré que ces programmes d’incitatifs financiers génèrent des impacts positifs sur l’investissement privé et sur l’aménagement de la forêt. De plus, ils entraînent peu de substitutions des investissements privés par des investissements publics[1],[2].

Les difficultés pour rémunérer adéquatement les travaux d’aménagement forestier par la vente de bois s’aggravent aujourd’hui en raison de la mondialisation du marché de la fibre ligneuse. Le prix du bois est désormais influencé par le coût de production des plantations de pays aux conditions de croissance supérieures à celles du Québec et des normes environnementales inférieures. Des pressions s’exercent donc sur les marchés pour réduire davantage le prix versé aux propriétaires de boisés. Si l’on désire maintenir une activité d’aménagement forestier sur les terres privées, l’intervention des gouvernements demeure donc nécessaire.

[1] Linden, M. Leppänen, J. 2005. Government Investment Cost-Sharing for NIPF in Finland 1963-2000 : An Econometric Analysis In Evaluating Forestry Incentives and Assistance Programmes in Europe. EFI Proceedings 54: 155-165

[2] Beach, R.H. et al. 2005. Econometric Studies of NIPF : A Review and Synthesis. Forest Policy & Economics 7 (3) : 261-281