En raison de leur superficie, les forêts agissent comme un puissant capteur et émetteur de carbone. D’un côté, les arbres emmagasinent du carbone pendant leur croissance. De l’autre, les forêts émettent du carbone lorsqu’elles meurent et se décomposent à la suite d’un feu de forêt ou une épidémie d’insecte.

Le secteur forestier peut contribuer à améliorer le bilan carbone du pays par la réalisation de travaux sylvicoles qui réduisent la susceptibilité des forêts aux perturbations naturelles (épidémies, feux, chablis et autres) ou qui augmentent les volumes de bois dans les peuplements forestiers aménagés. De plus, lorsque le bois est récolté puis transformé, le carbone séquestré y est transféré. Ces produits forestiers peuvent emmagasiner du carbone à long terme et les produits du bois peuvent remplacer des matériaux de construction présentant un bilan de carbone moins intéressant.

La vente de crédits de carbone ou compensatoires représente une nouvelle opportunité pour les propriétaires de boisés, notamment pour financer leurs investissements en sylviculture. Les initiatives de vente de crédits se multipliant, il est primordial pour les producteurs de parfaire leurs connaissances.

De prime abord, il existe deux marchés différents où les producteurs peuvent écouler leurs crédits de carbone, soit le marché volontaire et le marché réglementaire donnant accès à la bourse du carbone.

Le marché volontaire

Dans le cas du marché volontaire, on parle de crédits de carbone vendus à des entreprises qui souhaitent volontairement compenser leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). On dénombre de plus en plus de promoteurs désirant faire des projets de crédits volontaires de carbone. Avant d’aller de l’avant avec ce type de projets, les propriétaires devraient s’assurer de leur crédibilité. Les projets démontrant plus de valeur sur le plan environnemental sont normalement vérifiés par des organismes de certification comme le Verified Carbon Standard ou encore le Gold Standard.

Le marché réglementaire

Sur le marché réglementaire, les entreprises québécoises émettrices de grandes quantités de GES ont l’obligation de se procurer un droit d’émission pour compenser leurs rejets dans l’atmosphère. Ces entreprises peuvent acheter des crédits compensatoires afin de se conformer à leur droit d’émission.

Parmi ces projets qui permettent d’obtenir des crédits compensatoires au Québec, on retrouve la séquestration du carbone par le boisement et le reboisement sur des terres du domaine privé. En effet, le 14 décembre 2022, le gouvernement du Québec a adopté un règlement permettant aux producteurs de participer à la bourse du carbone. Fait intéressant, ce règlement permet l’agrégation de projets de différents producteurs forestiers afin de réduire le fardeau administratif.

Projets de boisement
Les projets de boisement reconnus sont des plantations d’arbres sur une superficie à vocation non forestière qui n’est pas aménagée ou utilisée depuis au moins 10 ans. Les plantations agroforestières (haie brise-vent, bande riveraine ou système sylvopastoral), ainsi que les boisements réalisés depuis 1990 sont admissibles.

Projets de reboisement
Pour être reconnues sur le marché réglementaire, les activités de reboisement doivent viser un regarni de la régénération naturelle ou d’un peuplement forestier pour assurer le plein boisement sur une superficie à vocation forestière.

Projets hâtifs
À certaines conditions, le règlement reconnaît des projets hâtifs réalisés depuis 1990 qui doivent être présentés au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs d’ici décembre 2027 (60 mois). Dans le cas d’un projet hâtif, seule l’activité de boisement est admissible. Cette particularité du règlement québécois offre la possibilité de vendre rapidement sur le marché réglementé une quantité appréciable de carbone séquestré par d’anciennes plantations.

Avertissement : ce texte présente un résumé du Règlement relatif aux projets de boisement et de reboisement sur des terres du domaine privé admissibles à la délivrance de crédits compensatoires et ne remplace pas le texte législatif. Les lecteurs sont invités à se référer au règlement pour plus de précision.

La rentabilité des projets

La rentabilité d’un projet générant des crédits de carbone forestier dépend de plusieurs facteurs, soit :

  • la quantité de carbone séquestré. Chaque cas est unique et sera calculé en fonction de la végétation existante avant le projet, des perturbations du sol, du volume additionnel de carbone capté et de la superficie.
  • la valeur des crédits sur le marché du carbone. La valeur sur le marché réglementaire a atteint 37,17 $ par tonne équivalente de CO2 en février 2023, ce qui est plus élevé que sur le marché volontaire. Par contre, cela ne signifie pas que le marché réglementaire soit plus rentable puisque les coûts de vente de crédits diffèrent d’une méthode à l’autre.
  • les frais administratifs et techniques requis pour déposer un projet et procéder à la vente de crédits.
  • les coûts de planification, de suivi et de vérification.