Les vents violents peuvent causer des dommages aux arbres en les déracinant ou en les cassant. Ce type de perturbation naturelle, communément appelé chablis dans le jargon forestier, peut affecter autant une zone limitée que de grandes étendues de forêts.

Ces événements demeurent évidemment imprévisibles. Toutefois, plusieurs facteurs contribuent à augmenter le risque de chablis. La solidité de l’enracinement des arbres dépend de l’essence, de la profondeur du sol, du type de sol et de son humidité. Par exemple, il est bien connu que le sapin baumier et le peuplier faux-tremble sont des essences possédant un faible enracinement, les rendant plus vulnérables au chablis. Parfois, c’est la résistance mécanique même de l’arbre qui est en cause. Pensons alors aux sapins baumiers qui cassent plus facilement après un certain âge en raison de la présence de carie au niveau du tronc.

L’âge, la hauteur et la vigueur des arbres, ainsi que les pourritures racinaires sont également des facteurs augmentant le risque. Les perturbations antérieures ou à proximité peuvent aussi contribuer à augmenter la pénétration du vent dans le peuplement résiduel. Ainsi un déboisement à proximité d’un boisé peut avoir un effet d’accentuer la force du vent.

Peuplement ravagé par un chablis

Chablis en Gaspésie à la suite de vents violents causés par le passage de l'ouragan Arthur en 2014 - Crédit photo Syndicat des producteurs de bois de la Gaspésie

Des ressources disponibles pour réussir les interventions forestières

Les propriétaires de boisés de 4 hectares et plus peuvent bénéficier de conseils et de mesures de soutien pour réussir leurs interventions forestières. Ces travaux sylvicoles permettront de réduire la susceptibilité d’un peuplement à une catastrophe naturelle comme le chablis, de récupérer le bois affecté avant qu’il ne pourrisse et de procéder à la remise en production de sites perturbés. Ces mesures, sous forme d’aide financière et technique, seront réalisées sous la supervision d’un conseiller forestier. Le syndicat ou l’office de producteurs forestiers régional peut également conseiller les propriétaires qui récoltent du bois et qui désirent le mettre en marché. Dans tous les cas, les propriétaires forestiers devraient chercher à obtenir les conseils de leur forestier de famille avant d’entreprendre leurs interventions.

La sécurité avant tout

La coupe des arbres et la récupération du bois dans un secteur d’arbres renversés par le vent, le verglas ou la neige présentent systématiquement des risques importants pour la sécurité des abatteurs manuels. Les arbres penchés ou entremêlés, petits et grands, subissent des pressions et des tensions qui, lorsque relâchées par un trait de scie, peuvent surprendre n’importe quel sylviculteur. Les souches peuvent également basculer brusquement lors de la coupe du tronc.

Les propriétaires forestiers devraient faire appel à des travailleurs qualifiés pour réaliser les travaux de récolte et d’émondage ou, à tout le moins, s’assurer de suivre des formations en abattage sécuritaire. De nombreuses formations sont régulièrement organisées par les syndicats de producteurs forestiers. Il est possible de consulter les options disponibles dans le calendrier provincial des formations.

La nécessité de pouvoir bien gérer sa forêt

Les changements climatiques occasionneront de plus en plus de dommages aux arbres et des perturbations aux peuplements forestiers mésadaptés. Vents forts, tornades et derechos pourraient devenir de plus en plus fréquents. Les propriétaires forestiers consciencieux de protéger le couvert forestier peuvent chercher à réaliser des interventions forestières qui, espérons-le, permettront d’accroître la résilience de leurs boisés face à cette problématique. Dans tous les cas, les activités forestières devraient respecter les saines pratiques d’intervention en forêt privée afin d’appliquer des mesures d’atténuation des impacts environnementaux et assurer la pérennité de cette ressource.

Pourtant, de nombreuses contraintes réglementaires peuvent empêcher la réalisation d’interventions sylvicoles, et ce, même si elles permettraient d’accroître la résilience des boisés. Les municipalités et MRC régissant la protection du couvert forestier et l’abattage d’arbres auraient intérêt à ce que la réglementation mise en place assure aux propriétaires forestiers suffisamment de latitude pour qu’ils puissent lutter adéquatement contre les changements climatiques.