L’agrile du frêne (Agrilus planipennis) est un insecte exotique originaire d’Asie ayant récemment fait son entrée au Québec. Que ce soit ici dans notre province, en Ontario ou au sein de plusieurs États américains, sa progression s’effectue très rapidement au point de susciter diverses problématiques pour les forestiers et les municipalités responsables des arbres urbains. Lorsque l’insecte pond ses œufs sur les branches et le tronc des frênes, la larve pénètre sous l’écorce et se nourrit de la partie de l’arbre qui transporte la sève (le phloème et le cambium) en y creusant des galeries en forme de S.  Ces dommages entraînent graduellement la mortalité de la cime jusqu’à la mort complète de l’arbre. Toutes les essences de frênes sont susceptibles d’être affectées. Rien ne semble indiquer que sa fulgurante progression pourra être complètement arrêtée malgré les diverses mesures entreprises.

L’épidémie d’agrile du frêne progresse rapidement au Québec. Les propriétaires de boisés doivent rester à l’affût. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) met en place des mesures réglementaires visant à limiter le mouvement du bois de frêne afin de réduire la dissémination de ce ravageur.  Soulignons que ces mesures incluent tout type de bois de chauffage, peu importe les essences !

La réglementation

Comme propriétaire forestier, vous devez savoir que le bois peut circuler librement à l’intérieur des zones réglementées. Cependant, pour le bois devant sortir des zones réglementées :

1. Il est nécessaire d’obtenir un certificat de circulation du bois auprès de l’ACIA pour transporter du bois de frêne ou du bois de chauffage toutes essences ;
2. Un chargement contenant un ou des billots de frêne devra être inspecté par un représentant de l’ACIA au chemin du producteur ;
3. Le déplacement de billots de frêne peut être autorisé seulement entre le 1er octobre et le 31 mars et s’il est livré à une usine qui détient une certification de l’ACIA dans le cadre du Programme de conformité des établissements approuvés à l’égard de l’agrile du frêne.;
4. Il n’est pas permis d’acheminer du bois de chauffage hors de la zone réglementée à moins de détenir une certification pour les producteurs forestiers exigée par l’ACIA ;
5. Il est possible de déplacer en tout temps les résidus de frênes en copeaux à condition qu’ils mesurent moins de 2,5 cm et de détenir une autorisation de l’ACIA.

Sachez que les personnes qui ne se conforment pas à la réglementation sont passibles d’amendes et de poursuites judiciaires par le gouvernement canadien. De plus, la certification de l’ACIA  pour les producteurs et les entrepreneurs forestiers est gratuite et elle permet de simplifier la démarche pour obtenir un certificat de déplacement de billots de frêne.

Par ailleurs, il est fortement recommandé pour les propriétaires de boisés d’évaluer dès maintenant la présence du frêne sur leur propriété afin de prévoir l’impact qu’aurait une mortalité de ces arbres sur la régénération et l’avenir du boisé. Pour vous aider dans la gestion de vos boisés, il existe des programmes d’aide pour les propriétaires détenant une superficie de plus de 4 ha. Ces programmes visent à rendre accessible de l’aide technique et financière pour la réalisation d’inventaires forestiers et de travaux sylvicoles. Pour plus d’information sur l’aménagement des boisés, les programmes d’aide et les experts œuvrant dans votre région consulter la section Je cherche du financement/Programmes d’aide.

L’agrile du frêne attaque tant les frênes sains que ceux qui sont affaiblis. Les dégâts sont peu visibles au cours des premières années de l’attaque. Le houppier des arbres attaqués depuis deux ou trois ans affiche un feuillage clairsemé et de nombreuses pousses adventives apparaissent sur le tronc. Les galeries larvaires creusées dans le cambium provoquent le fendillement et le décollement de l’écorce par endroits (photo 5.121). Les pics se nourrissent souvent de larves d’agrile du frêne et leurs traces d’alimentation sont utiles pour repérer la présence des insectes. Les trous de sortie des adultes sont discrets et peu visibles, lorsque leur nombre est réduit, et seul un œil averti peut les détecter. L’agrile du frêne s’en prend à tous les frênes dont le diamètre est supérieur à 2,5 cm et il met de trois à cinq ans pour les tuer.