Nous avons demandé à un forestier d’expérience, M. Jean-Claude Nadeau de Saint-Jacques-de-Leeds dans la région de Chaudière-Appalaches, d’identifier cinq conseils, des trucs de vieux routier, pour les propriétaires désirant produire du bois.

  1. Le façonnage est l’une des clefs de la rentabilité. « Il faut avoir de bonnes connaissances et prendre le temps de couper l’arbre aux bons endroits afin d’obtenir sa valeur maximale. Un bûcheron moins compétent ou négligent, qui coupe trop court, trop long, qui garde une section croche ou détériorée, fait tout simplement moins d’argent. Cette situation n’est pas rare et pénalise tout le monde : en grande partie le producteur, mais aussi les transformateurs et les scieries. Se former continuellement sur les procédés de façonnage et s’enquérir de la qualité recherchée par les acheteurs s’avère le meilleur moyen de réussir. Pour ceux qui désirent vivre de la forêt, je le répète, la formation m’apparaît obligatoire. »
  2. La mise en marché du bois ne doit pas être prise à la légère. « Je conseille aux propriétaires d’aller aux assemblées des syndicats de producteurs de bois et de se renseigner continuellement. Certains me disent s’en être désintéressés, mais s’informer est toujours important puisque les marchés du bois varient continuellement. Par exemple, un producteur possédant du mélèze qui ignore qu’un nouveau débouché s’est ouvert pour cette essence sera le seul à blâmer pour l’opportunité manquée. Idem pour l’accumulation d’inventaire. Avant de couper, mieux vaut appeler son syndicat pour s’informer sur les acheteurs, savoir quand et comment ils veulent le bois. Les débouchés multiressources méritent aussi d’être considérés. Par exemple, la location de terres pour la chasse peut se révéler intéressante. Bref, il importe d’être à l’affût de toutes les sources de revenus possibles et cesser d’attendre. »
  3. Préserver son sol et ses arbres par des pratiques mieux adaptées. « L’utilisation de grosses machineries crée des ornières, brise le sol et les racines. De plus, après plusieurs passages, les chemins de débardage peuvent mesurer 20 à 25 pieds de large. Si un producteur perd 25 % de son territoire pour les chemins de débardage, ce n’est pas rentable. »
  4. L’entretien des lots les rend plus productifs. « Je recommande premièrement de reboiser efficacement les endroits où la repousse naturelle est déficiente et par la suite, de s’assurer de la progression des plantations nécessaires. Tous les ans, il est nécessaire de faire la tournée de chaque lot pour récupérer les arbres renversés. Les consommateurs désirent un produit sans défaut. Les forestiers doivent innover et devancer les attentes des clients et tout commence avec les arbres qui viennent de sortir de terre. »
  5. De nos jours, si un producteur s’endette en achetant des terres pour produire du bois, il est certain de ne pas faire d’argent. Mieux vaut acheter des terres graduellement et minutieusement, c’est-à-dire des lots au prix raisonnable, au relief peu accidenté, présentant un bon chemin de pénétration et un sol fertile. »