Crédit photo : Denis Marois

Michel Pigeon, courtier en assurance commerciale de Saint-Odilon-de-Cranbourne, en Chaudière-Appalaches, prépare sa retraite. Il pourra alors passer beaucoup plus de temps à travailler sur ses lots à bois. Pour se faciliter la tâche, il s’est équipé d’une chargeuse à bois. « C’est la plus belle bébelle que je n’ai jamais achetée », lance-t-il. La chargeuse de Michel Pigeon lui permet de produire des billes de 3,7 m (12 pi), dont le prix est plus avantageux que celui des billes plus courtes.

Lorsqu’un arbre est abattu et ébranché, il doit par la suite être débardé jusqu’au bord d’une route carrossable où un transporteur sera en mesure de prendre le bois en charge pour l’acheminer à l’acheteur. Avant de faire l’acquisition d’une chargeuse à bois, il y a cinq ans, Michel Pigeon empilait manuellement ses billots dans une remorque à l’aide d’un crochet pour les transporter avec un VTT à partir de ses sentiers de débardage jusqu’au bord du 10e Rang. Et il les déchargeait de la même façon. « C’est un travail physique qui demande beaucoup de jus de bras », soupire le propriétaire forestier. 

M. Pigeon exploite 2 lots forestiers familiaux de 40,5 ha chacun. L’un appartenait à son grand-père jusqu’en 1975. L’autre, qui lui vient de son père, est sa propriété depuis 10 ans. Environ 35 % de bois franc et 65 % de résineux composent ces lots. Le fils de M. Pigeon, Justin, donne un coup de main à son père pour les différents travaux que requiert l’exploitation de ces terres à bois.

Des chargeuses pour tous les besoins

Des chargeuses à bois, il y en a une panoplie de modèles. De nombreux manufacturiers québécois, en plus de quelques distributeurs de produits importés, se disputent le marché. Les producteurs forestiers font leur choix selon plusieurs facteurs, dont le véhicule qui tractera la chargeuse et la remorque, tel que VTT, tracteur ou camion, le type et l’intensité du travail qu’ils effectuent, comme l’entretien d’érablière, le jardinage, la coupe intensive, et les essences de leur forêt.

La force du tracteur que Michel Pigeon possède a été le premier critère sur lequel il s’est basé pour choisir sa chargeuse. Il a jeté son dévolu sur le modèle Woody 130 HD, qu’il considérait comme idéal pour son tracteur de 65 chevaux. Ce sont toutefois la conception des cylindres à l’huile insérés à l’intérieur des pattes des stabilisateurs télescopiques (pattes d’ancrage au sol) et la facilité de manipulation de la chargeuse qui ont séduit le propriétaire forestier. La proximité de l’entreprise Les équipements Woody, localisée dans la municipalité où demeure M. Pigeon, s’avérait aussi intéressante.

La chargeuse de Michel Pigeon est munie d’un mât d’une portée maximale de 4 m (13 pi), dont la capacité de levage est de 635 kg (1 400 lb) lorsqu’il est complètement étendu. L’ouverture maximale du grappin (la pince au bout du mât) est de 91 cm (36 po). La chargeuse est montée sur une remorque tandem de 188 cm (74 po) de large. « J’y entasse trois quarts de corde de billes de 12 pi [3,7 m], raconte le producteur. Du moment que j’ai eu cette machine, j’ai arrêté de faire du 4 pi [1,2 m], car c’est plus payant de faire du 8, du 9 ou du 12 pi [2,3 m, 2,7 m ou 3,7 m]. »

« Le modèle 130 que M. Pigeon a choisi ainsi que le modèle 115, juste un peu plus petit, sont nos deux chargeuses pour tracteurs les plus populaires, affirme Sébastien Labbé, copropriétaire avec son frère Jérôme des Équipements Woody. Mais notre plus gros vendeur depuis deux ans, c’est notre chargeuse pour VTT. » M. Labbé explique cette nouvelle situation par l’explosion du nombre de baby-boomers retraités qui ont comme passe-temps l’entretien d’un boisé. Une chargeuse leur permet d’alléger leurs tâches.

Sébastien Labbé est propriétaire des Équipements Woody avec son frère Jérôme. Crédit photo : Denis Marois
La manipulation des chargeuses est d'une grande simplicité. Crédit photo : Denis Marois

Débarder sans chargeuse

Tous les propriétaires forestiers n’ont pas envie d’investir dans l’achat d’une chargeuse ou ne sont pas en mesure de le faire. Certains endroits sont aussi trop accidentés pour permettre une utilisation sécuritaire de cette machine. Le treuil hydraulique ou mécanique peut alors s’avérer une bonne solution. Installé derrière le tracteur, il sera utilisé pour tirer un arbre de son point d’abattage jusqu’au chemin de débardage, puis pour le transporter en bordure d’une route. Le travailleur forestier doit d’abord dérouler le câble du treuil, qui fait généralement 30 m (100 pi) et plus. Par la suite, il fixe un ou plusieurs troncs d’arbres au câble à l’aide d’élingues. Remorqués jusqu’au point d’arrivée, il sont alors détachés et tronçonnés.

Un treuil pour VTT ou une arche de débusquage conviennent pour les propriétaires d’une petite terre forestière ou dans le cas où peu d’arbres doivent être débardés. Une chaîne retient la bille qui est soulevée du sol à une extrémité pour éviter l’accumulation de boue lors du transport. Sur certains modèles, une roue positionnée de chaque côté de la bille procure plus de stabilité et aide à franchir les obstacles au sol.

Travailler avec une chargeuse rend la vie de producteur forestier plus facile, selon Michel Pigeon. Crédit photo : Denis Marois

Câble synthétique et pattes télescopiques

Le câble d’acier fait face à un rival imposant depuis peu. La corde synthétique enduite d’uréthane, beaucoup plus légère et plus résistante, remplace graduellement le câble d’acier de même dimension sur les treuils des chargeuses et des autres treuils forestiers. « Depuis un an, tous nos modèles de chargeuses et de treuils sont munis de câbles synthétiques. En plus d’avoir une plus grande force de rupture, ce câble ne s’emmêle pas », assure Sébastien Labbé, des Équipements Woody. Il est possible de se procurer de la corde synthétique de différents diamètres chez certains fournisseurs d’équipements agricoles et forestiers.

Les stabilisateurs télescopiques pour l’ancrage des chargeuses au sol ne représentent pas une innovation récente, mais ils tendent à s’imposer fortement par rapport aux pattes papillon. Ces dernières, levées vers le ciel lorsque la chargeuse est au repos ou en déplacement, sont déployées au sol pour stabiliser la chargeuse et la remorque lors du chargement. Elles sont requises sur les chargeuses pour VTT afin d’être en mesure d’aller chercher un large écartement. « Lorsque nous avons acheté l’entreprise, il y a 13 ans, toutes les chargeuses étaient fabriquées avec des pattes papillon, mentionne Sébastien Labbé. Maintenant, il n’y a plus que notre modèle pour VTT. Nos chargeuses pour tracteurs sont munies de pattes télescopiques. Celles-ci ont une plus grande durabilité et elles n’arracheront pas si on oublie de les remonter en partant avec la chargeuse. Elles ont moins de portée, mais lorsqu’on attache la remorque sur la barre de tir comme le font maintenant la majorité des producteurs plutôt que sur la barre hydraulique, l’ancrage au sol des pattes télescopiques fait lever l’arrière du tracteur, ce qui procure une excellente stabilité à la remorque. »

La corde synthétique, plus légère et plus résistante, remplace avantageusement le câble d'acier des treuils de chargeuses et d'autres machines. Crédit photo : Denis Marois
Les pattes télescopiques procurent une grande stabilité à la chargeuse, tout en offrant commodité et durabilité. Crédit photo : Denis Marois
Depuis deux ans, la chargeuse pour VTT vole la vedette aux Équipements Woody. Elle fait le bonheur des baby-boomers qui entretiennent un boisé. Ce modèle est muni de pattes papillon. Crédit photo : Denis Marois

Article paru dans le Forêts de chez nous de mai 2015.