L’arrivée du printemps signifie, pour de nombreux propriétaires forestiers, un retour sur le terrain pour l’entretien de leur boisé. Si la scie à chaîne a été remisée selon les règles de l’art à la fin de l’automne, elle repartira au quart de tour lorsqu’on tirera sur la poignée du démarreur. Dans le cas contraire, des ajustements sont à prévoir.
S’il y a encore de l’essence dans le réservoir, il faut le vider et repartir avec un mélange tout neuf », prévient François Bourdoncle, formateur à l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce. Les moteurs à deux temps exigent un mélange d’essence sans plomb et d’huile (50 pour 1), mais il est recommandé de ne pas le conserver plus de trois mois parce que le taux d’octane contenu dans l’essence s’évapore avec le temps.
Un nettoyage des réservoirs à essence et d’huile, de même que des filtres à air et à essence, est de mise avant de commencer la saison, à moins qu’il n’ait été fait avant le remisage.
Routine d’entretien
En fait, l’entretien d’une scie à chaîne devrait faire partie d’une routine quotidienne. « Pour quelqu’un d’habitué, c’est un 30 à 40 minutes tout au plus », souligne Jacquelin Lalancette, un formateur accrédité en abattage manuel sécuritaire de la région du Lac-Saint-Jean. Les deux formateurs s’entendent pour dire que la fin de journée est le meilleur moment pour effectuer cette routine d’entretien afin que l’équipement soit déjà prêt à reprendre du service le lendemain.
Les détenteurs d’une scie munie d’un dispositif hiver/été doivent d’abord s’assurer de le régler à la bonne saison.
« Comme la scie refroidit à l’air, il faut éviter de propulser de l’air chaud dans le filtre à air », explique François Bourdoncle.
Il est aussi recommandé de démonter son guide-chaîne afin de vérifier l’état d’usure du frein à chaîne.
Attention au pignon d’entraînement
Autre élément important : derrière le pignon d’entraînement, il faut s’assurer de bien graisser le système d’embrayage. François Bourdoncle suggère de le faire une fois par semaine en cas d’usage quotidien, et aux deux mois en cas d’usage occasionnel.
Ce pignon d’entraînement doit aussi faire l’objet d’une attention constante. « S’il est usé ou craqué, il vaut mieux le changer tout de suite. Pour une pièce de moins de 10 $, ça vaut la peine, sinon tu vas user prématurément tes nouvelles chaînes sans t’en rendre compte. » Même si certains fabricants comme Oregon recommandent de changer le pignon après chaque deux chaînes, François Bourdoncle estime qu’il est suffisant de le faire lors de l’installation de la quatrième chaîne.
Quant à l’affûtage, on ne devrait jamais attendre que la scie ne coupe plus avant de s’y mettre, recommande François Bourdoncle. Ce dernier juge qu’un minimum d’une ou deux fois par jour est nécessaire. Indice à surveiller : une chaîne bien aiguisée produira de beaux copeaux, tandis qu’une chaîne émoussée donnera de la sciure de bois.
D’ailleurs, c’est souvent sur les chaînes et les guides-chaînes que les ateliers de réparation constatent le plus de dégâts. Un dépositaire des marques Husqvarna, Echo et Shindaiwa à Lac-aux-Sables, en Mauricie, Gilles Champagne, note que bien des clients arrivent quand leur scie est rendue dans un très mauvais état. « Ils attendent à la dernière minute. Ils ont frappé des roches, coupé des arbres pleins de sable. Leur filtre à air est mal entretenu ou leur chaîne a été mal affilée, mais ils nous disent que leur scie coupe bien », affirme-t-il.
Et les débroussailleuses?
Dans le cas des débroussailleuses, l’entretien des différents filtres et réservoirs demeure le même que celui d’une scie à chaîne. Une attention particulière doit toutefois être apportée au pare-étincelles situé à l’extrémité du pot d’échappement. Son emplacement près du moteur génère des résidus d’huile qui peuvent graduellement le boucher et diminuer la performance du moteur, qui finira par étouffer. « L’erreur des gens est souvent d’aller en acheter un neuf, mais c’est facile à nettoyer, explique François Bourdoncle. Il suffit de le démonter, de le mettre dans un étau et de brûler avec une torche au propane les résidus de carbone qui l’obstruent. On passe un coup d’air avec le compresseur et le tour est joué. »
Que ce soit avec un couteau à taillis ou une lame circulaire, le travail avec une débroussailleuse est exigeant pour les pièces. « Quand je travaille avec cet équipement, je lime toutes les heures ou aux deux heures tout au plus, mentionne Jacquelin Lalancette. Dès que tu vois que ça n’entre pas tout seul, tu arrêtes et tu limes. Tu vas le regagner en temps. »
Une coupe moins rapide, des coincements de la lame ou une odeur de brûlé sont autant de signes qu’il est temps de prendre une pause et d’utiliser ses limes. De plus, une lame mal aiguisée augmentera la fatigue du travailleur forestier et l’exposera à des problèmes musculaires causés par un effort excessif pour compenser la mauvaise qualité d’affûtage.
Une question de production et de sécurité
En raison de la loi, les travailleurs forestiers sont obligés de suivre une formation en abattage manuel de 16 heures encadrée par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Outre les règles de sécurité, l’entretien de la scie et les techniques d’affûtage y sont abordés.
« La plupart des gens qui ont suivi cette formation me disent que c’est le jour et la nuit, raconte François Bourdoncle. On démonte et on remonte la scie au complet. À la fin, ils sont capables de faire eux-mêmes leur entretien et économisent en évitant de payer pour qu’un professionnel le fasse à leur place. »
L’entretien de ses équipements sur une base régulière a évidemment une incidence positive sur la production, mais également sur la sécurité de l’opérateur. Une chaîne insuffisamment tendue pourra par exemple dérailler et causer des blessures graves, voire mortelles. Une lame de débroussailleuse fissurée qu’on aura négligé de remplacer par mesure d’économie pourrait voler en éclats et provoquer de sérieuses coupures.
Des formations sont offertes aux propriétaires de boisés par les syndicats et offices de producteurs forestiers régionaux. Pour connaître le lieu de la prochaine formation, consultez le calendrier des formations provincial des formations sur le site Web de la Fédération des producteurs forestiers du Québec.
Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition mai 2019.
• Filtre à air
• Filtre à essence
• Guide-chaîne : retourner pour répartir l’usure et limer les bavures sur les côtés
• Chaîne et guide-chaîne à huiler
Avant d’entamer la journée, une revue des dispositifs de sécurité sur la scie s’impose, de même que le resserrement des écrous. Une routine que tout producteur
forestier ne devrait jamais négliger, estime Jacquelin Lalancette.
• Étrier de protection actionnant le
frein de chaîne
• Dispositif de blocage de la commande de gaz
• Protection main arrière
• Attrape-chaîne
• Silencieux et pare-étincelles
• Amortisseurs de vibration