Éditorial extrait du journal L’Information du forestier – Avril 2017
Je me permets de vous poser une question sans détour : êtes-vous engagé ? Comme propriétaire et comme producteur, vous sentez-vous vraiment engagé dans la défense de vos intérêts et dans la production de bois ? Est-ce important pour vous ou est-ce quelque chose du passé ou un simple passe-temps ? Pourquoi poser cette question ? Trois raisons se profilent derrière mon interrogation.
Le début de l’année est l’occasion pour les membres du Syndicat de renouveler leur adhésion. C’est un test d’engagement très concret, car les membres doivent maintenant payer une cotisation annuelle pour devenir membre. Quarante dollars pour soutenir une organisation qui défend l’intérêt des propriétaires dans des dossiers complexes comme la taxation foncière, la réglementation municipale, les obligations environnementales et bien d’autres, ce n’est pas beaucoup pour quelqu’un d’engagé. Vous êtes plusieurs milliers conscients de toutes les pressions qui s’exercent sur vos droits de propriété et qui réalisez que les gains à faire dans la défense de ces dossiers ne peuvent s’obtenir que par le travail collectif. Cet appui des membres est précieux pour une organisation comme la nôtre et j’espère que nous saurons le conserver. Le revers de cette médaille, c’est que vous êtes aussi des milliers à ne plus adhérer au Syndicat ou à ne jamais en avoir été membre. Pourquoi ce désengagement ? Pourquoi ce désintéressement ? Les raisons sont multiples et varient d’un propriétaire à l’autre. Adhérer au Syndicat est une action volontaire qui appartient à chacun et je n’ai pas l’intention de vous confronter sur vos choix personnels. Je souhaite tout de même lancer une invitation à tous les propriétaires qui ne l’ont pas déjà fait à s’engager comme membre du Syndicat. C’est de nos membres que nous tirons notre force et c’est à leurs intérêts que nous consacrons nos énergies.
L’engagement est aussi d’actualité dans la mise en marché du bois. Si la production est à la hausse dans les dernières années, on constate que le nombre de producteurs actifs est moindre qu’il ne l’était dans le passé. Il est évident que des centaines, sinon des milliers de producteurs se sont désengagés des marchés. C’est un phénomène qui nous préoccupe et dont nous devrons mieux comprendre les raisons. Il faut que la production forestière demeure une activité courante pour les propriétaires de forêt privée. Être producteur de bois ne doit pas devenir une exception, mais être considéré comme normal et souhaitable. Stimuler cet engagement pour la production est un chantier important. Pour réussir à mobiliser le bois des forêts privées, il faut mobiliser les propriétaires et pour réussir, il faut réunir de nombreux intervenants autour de cet objectif commun. Déjà, le gouvernement provincial a mis en branle un Plan d’action national pour mobiliser le bois des forêts privées. Des Plans régionaux sont aussi en confection et le Syndicat a décidé d’y jouer un rôle très actif. Nous ferons avec nos partenaires la promotion d’actions ayant un effet à court terme sur la mobilisation de bois. Mais nous accorderons surtout beaucoup d’importance à des actions capables de mobiliser à long terme, d’engager un plus grand nombre de propriétaires dans la gestion active de leurs forêts.
Toujours dans le domaine de la mise en marché, l’engagement des producteurs à réellement produire le bois pour lequel ils demandent un contingent et à respecter les normes de production est également d’actualité. Pour produire du bois de quatre pieds, les producteurs doivent maintenant, s’engager à respecter plusieurs conditions. Et pour profiter de meilleurs prix pour le bois expédié chez Domtar, les producteurs peuvent maintenant prendre des engagements fermes sur des volumes à livrer. Si certains peuvent y voir de nouvelles contraintes, je crois plutôt qu’il faut y voir de l’innovation, axée sur l’importance de répondre aux exigences des marchés, dont la régularité et la fiabilité des livraisons.
Je n’attends pas vraiment de réponses individuelles à ma question du début, « êtes-vous engagé ? ». Mais j’espère que vous prendrez le temps de réfléchir à cette question et d’y répondre, pour votre bénéfice individuel. J’espère surtout que vous serez nombreux à vous considérer comme engagés. C’est pour vous que nous travaillons !
Jean-Pierre Dansereau, ing. f.
Directeur général