Sur le radar en 2025

Comme chaque début d’année, la FPFQ retrace les grands enjeux susceptibles d’avoir des impacts sur les activités des producteurs forestiers. Voici une vingtaine de dossiers à surveiller en 2025.

Activités syndicales
  • 1

    La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Mme Maïté Blanchette Vézina, envisage la refonte du régime forestier au printemps 2025. La FPFQ a proposé une réflexion collective sur l’avenir des forêts privées mariant l’avenir de la production de bois, des écosystèmes forestiers et de la biodiversité en forêt privée. La mise en application de cette vision nécessitera des propriétaires forestiers mobilisés, des acteurs du secteur forestier engagés et un gouvernement suffisamment convaincu pour insérer la gestion des forêts privées au cœur du régime forestier, plutôt qu’en périphérie ou en opposition à la forêt publique.

  • 2

    Le 20 octobre 2025 auront lieu les prochaines élections générales du Canada, à moins que le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau ne soit renversé avant… Il s’agira d’un moment privilégié pour convaincre les candidats de tous partis politiques confondus sur l’importance de soutenir les 450 000 propriétaires et producteurs forestiers. Depuis plusieurs années, Propriétaires forestiers du Canada multiplie les efforts pour améliorer l’environnement fiscal des producteurs en préconisant l’instauration d’un Régime d’épargne et d’investissement sylvicole personnel.

  • 3

    Le 2 novembre 2025 auront lieu les prochaines élections municipales du Québec. La campagne électorale sera l’occasion pour nos délégués de discuter avec les milliers de candidats aux élections de l’importance de soutenir le travail des producteurs forestiers, en préconisant une réglementation sur la protection du couvert forestier adaptée à la sylviculture ainsi qu’une baisse du taux de taxation des producteurs forestiers. En effet, la catégorie des immeubles forestiers permet aux municipalités de diminuer les taxes foncières des boisés sous aménagement comparativement à ceux qui ne le sont pas. Les producteurs forestiers intéressés à discuter de cette mesure ont tout intérêt à mettre la main sur notre étude quantifiant les économies appréciables proposées comparativement au faible coût d’implantation pour les municipalités.

  • 4

    Le congrès de la FPFQ aura lieu le 29 mai 2025 à l’Hôtel Gouverneur de Trois-Rivières. Réunis sous le thème « L’Avenir de la forêt privée », près de 100 délégués et de nombreux intervenants du secteur seront présents. Organisé en partenariat avec le Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie et le Syndicat des producteurs de bois du Centre-du-Québec, notre congrès sera l’occasion pour nos membres et plusieurs intervenants du secteur de réfléchir à l’avenir de la forêt privée. L’Assemblée générale annuelle aura lieu le lendemain, soit le 30 mai. Réservez ces dates!

  • 5

    À l’aube de la révision des planifications forestières régionales par les agences de mise en valeur de la forêt privée, l’actualisation du portrait des propriétaires forestiers aux échelles régionale et provinciale est nécessaire pour adapter les programmes gouvernementaux visant à stimuler l’aménagement forestier et la récolte de bois sur leurs terres. En 2025, la FPFQ souhaite réamorcer une enquête sur les propriétaires forestiers qui permettra de suivre l’évolution de leur profil sociodémographique et de caractériser les enjeux contemporains qui leur sont propres, à l’image de l’enquête sociodémographique de 2012.

Revenus des producteurs forestiers et marché des produits forestiers
  • 6

    Les banques centrales ont entamé l’année dernière des baisses de taux directeur pour stimuler l’économie. Ces mesures devraient doper à retardement le marché immobilier et, par ricochet, la demande pour les matériaux de construction en bois. Néanmoins, le marché des produits forestiers devrait demeurer fragile en 2025 avant de prendre de la vigueur en 2026 avec des fondamentaux plus solides. Ces prévisions pourraient évidemment voler en éclats si Donald Trump confirme son intention d’imposer de nouveaux tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens, comme le craint Propriétaires forestiers du Canada (voir le communiqué). Pour suivre les tendances et anticiper les évolutions du marché, abonnez-vous à notre veille économique lors de votre inscription sur Prixbois.ca.

  • 7

    L’automne dernier, le Canada s’est vu imposer une hausse des droits sur le bois d’œuvre résineux exporté aux États-Unis, avec des taux combinés passant de 7,99 à 14,40 %. Selon nos estimations, les droits perçus auprès de l’industrie forestière québécoise totalisent 2 G$ depuis 2017. Le conflit du bois d’œuvre peut bien inquiéter l’industrie forestière, d’autant plus qu’une hausse encore plus marquée de taux est redoutée pour 2025. La FPFQ espère toujours que les négociateurs canadiens retiendront la demande d’exemption des Propriétaires forestiers du Canada pour que le bois d’œuvre transformé à partir du rond bois de forêts privées soit exempt de taxes et quotas, car après tout ce sont les redevances sur le bois des forêts publiques canadiennes qui sont à la source de ce conflit.

  • 8

    Le niveau de récolte en forêt privée s’est amélioré au cours des trois premiers trimestres de 2024, après une année 2023 marquée par des feux de forêt. Toutefois, le marché du bois rond commence à se dégrader depuis que les tarifs sur le bois d’œuvre ont été haussés en août dernier et que s’est amorcée la récolte de 1,24 Mm³ supplémentaire de bois issu d’un chablis en forêt publique bas-laurentienne. Un marché saturé et des baisses de prix diminueront-ils les revenus des producteurs en 2025? Abonnez-vous à nos alertes de prix du bois sur PrixBois.ca.

  • 9

    Le dossier de la résidualité préoccupe les producteurs forestiers depuis des lustres comme nous le rappelle l’ex-directeur général de la FPFQ, M. Marc-André Côté, dans l’article La longue lutte pour protéger l’accès au marché pour le bois de la forêt privée ou l’histoire du principe de la «résidualité». En octobre dernier, la FPFQ et l’UPA lançaient un cri du cœur alors que la récupération de bois de chablis de forêt publique au Bas-St-Laurent s’effectuait au détriment de ce principe (visionner la conférence de presse). Alors que se trame un projet de nouveau régime forestier, les producteurs pourront-ils espérer le renforcement de la mécanique de ce principe en 2025?

  • 10

    À l’été 2024, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) a rendu deux décisions favorables au Syndicat des producteurs forestiers du Sud du Québec et au Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud afin de leur permettre d’organiser la mise en marché collective du bois de sciage. Le Conseil de l’industrie forestière du Québec et les deux syndicats devront négocier rapidement et conclure une convention de mise en marché dans les meilleurs délais puisque la date d’entrée en vigueur des nouveaux règlements est fixée au premier trimestre de 2025.

  • 11

    La Commission européenne a adopté une nouvelle législation qui entrera en vigueur le 30 décembre 2025 : le Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts, communément appelé European Union Deforestation Regulation (EUDR). Le bois et ses dérivés importés par l’Union européenne devront éviter d’être à l’origine de toute déforestation, être produits conformément à la législation du pays d’origine et être accompagnés d’une déclaration de diligence raisonnable incluant une chaîne de traçabilité (consulter notre infolettre sur le sujet). La Fédération et les syndicats de producteurs de bois développent des solutions pour répondre à cette norme en collaboration avec les partenaires et les industriels visés qui achètent du bois de la forêt privée.

Aménagement et mise en valeur des forêts
  • 12

    Une annonce de taille attendait les producteurs forestiers le 12 mars 2024 quand le Gouvernement du Québec a annoncé qu’il injectera une somme de 147 M$ sur une période de cinq ans pour soutenir les investissements sylvicoles en forêt privée. Cette annonce répond en partie à l’appel de la FPFQ puisque ces sommes assurent une prévisibilité budgétaire pour les activités de mise en valeur des forêts privées jusqu’en 2028-2029 (consulter notre infolettre sur le sujet). En novembre dernier, une entente fédérale-provinciale dans le cadre du programme de reboisement de 2 milliards d’arbres est venue ajouter un soutien additionnel de 42,3 M$ sur 6 ans. Ces annonces sécurisent les programmes de sylviculture en forêt privée pour les prochaines années dans un contexte budgétaire de plus en plus difficile pour le gouvernement.

  • 13

    Les municipalités ont la possibilité de moduler le taux de taxation des boisés à l’intérieur d’une fourchette de 66,6 à 100 % du taux de base afin d’encourager la mise en valeur des forêts privées. En 2023, quelque 42 municipalités du Québec ont diminué en moyenne de 18 % le taux de taxation foncière de la catégorie des immeubles forestiers de leur territoire. Les producteurs forestiers sont invités à promouvoir cette mesure auprès de leurs élus municipaux en utilisant un guide conçu à cet effet par la FPFQ et disponible sur notre page Web sur les immeubles forestiers.

  • 14

    Les nouvelles Orientations gouvernementales en aménagement du territoire (OGAT) sont entrées en vigueur en décembre dernier. Elles guideront la révision des schémas d’aménagement et de développement des MRC, en intégrant la protection des milieux naturels et en favorisant l’aménagement durable des forêts privées. Bien que ce processus de révision soit long, les futurs schémas pourraient avoir une incidence déterminante sur la capacité des producteurs à aménager leurs boisés.

  • 15

    Depuis deux ans, la FPFQ a débuté une nouvelle ronde de calculs de possibilité de récolte forestière en forêt privée alors que deviennent disponibles les données du 5e inventaire écoforestier (voir notre infolettre). Pour l’instant, les calculs de possibilité forestière ont été complétés pour sept agences régionales de mise en valeur des forêts privées, mais plusieurs autres s’ajouteront en 2025. Déjà, nous remarquons une augmentation significative des volumes de bois sur pied, ce qui témoigne des efforts d’aménagement forestier et d’investissements sylvicoles réalisés ces dernières décennies.

Lutte contre les changements climatiques
  • 16

    Le ministère responsable de l’environnement a adopté le Plan nature 2030 le 7 octobre 2024. Cette stratégie gouvernementale vise à atteindre les objectifs du gouvernement du Québec en matière de lutte contre les changements climatiques et de conservation de la biodiversité. Le plan prévoit un appui de 7 M$ pour la réalisation de plans d’aménagement forestier bonifiés identifiant les éléments relatifs à la biodiversité, aux milieux humides et aux espèces à statut précaire en forêt privée. Les producteurs pourront-ils compter sur cette avancée dès 2025? Autre élément notable, le gouvernement souhaite développer plusieurs types d’aires protégées et conservées afin de respecter les engagements de protection de 30 % de protection du territoire québécois. En ce sens, la FPFQ avait soumis la proposition de servitudes forestières, qui pourraient constituer une solution efficace pour accroître rapidement les superficies soumises à des engagements légaux de conservation, tout en permettant l’utilisation durable des ressources forestières et acéricoles ainsi qu’une reconnaissance des efforts du propriétaire (consulter notre infolettre).

  • 17

    Le gouvernement du Canada a réalisé un processus de consultation devant mener à l’adoption d’un décret d’urgence pour imposer des restrictions dans l’habitat du caribou forestier au Québec. Bien que cette espèce soit quasi absente du territoire forestier privé, l’adoption de nouvelles orientations d’aménagement forestier dans son habitat pourrait modifier substantiellement l’attribution de bois des forêts publiques et incidemment le portrait du secteur forestier dès 2025.

  • 18

    La forêt privée aura encore droit à des changements dans la réglementation sur les traverses de cours d’eau et la gestion des milieux hydriques (cours d’eau, bandes riveraines, plaines inondables). Le ministère responsable de l’Environnement adoptera le régime permanent, un règlement provincial d’application municipale. La FPFQ revendique avec vigueur des modifications puisque le projet de loi présenté en juin dernier risque d’alourdir inutilement autant les activités administratives des municipalités que celles des acteurs de la forêt privée. Des ajustements devront être apportés au projet de règlement pour assurer la cohérence de l’action gouvernementale et municipale et le maintien des activités forestières en forêt privée.

  • 19

    En 2024, les superficies affectées par l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette ont doublé par rapport à l’année précédente pour atteindre 1,39 Mha (voir notre infolettre). À cela s’ajoute une forte hausse de l’intensité des dégâts : les superficies affectées par une défoliation grave à modérée représentaient 90 % des superficies touchées en forêt privée en 2024, alors qu’elles comptaient pour un tiers en 2023. Dès 2025, les opérations d’arrosage d’insecticide dans le cadre du programme de protection n’auront lieu qu’une année sur deux ce qui permettra d’améliorer la rentabilité des traitements sans pour autant nuire aux résultats.

  • 20

    Un nouvel envahisseur a fait son apparition dans les boisés du Québec : le longicorne brun de l’épinette a été détecté pour la première fois en Beauce durant l’été 2024 (consulter notre page Web). Cet insecte forestier exotique s’attaque aux épinettes matures, surannées ou affaiblies en creusant des trous sous l’écorce, occasionnant une mortalité au bout de quelques années. Des avis d’interdiction de déplacement des billes d’épinette et du bois de chauffage ont été envoyés aux propriétaires de terrains situés près des endroits où l’insecte a été capturé. Le piégeage de l’insecte et les inspections visuelles continueront en 2025 dans le but de l’éradiquer grâce à une détection précoce.

  • 21

    Les gouvernements du Québec et du Canada se sont entendus dans le cadre du programme 2 milliards d’arbres. Les deux paliers ont conclu une entente où ils prévoient chacun débourser 220 M$ pour procéder au reboisement de 100 millions d’arbres d’ici 2031. Sur les 440 M$ prévus, nous anticipons que la forêt privée bénéficiera d’un soutien additionnel de 42,3 M$ sur 6 ans, soit environ 7,0 M$ par année. Les sommes pourront servir à accentuer le reboisement, notamment des sites improductifs ou des zones touchées par des perturbations naturelles, de même qu’à assurer l’entretien des plantations.

  • 22

    Les premiers projets de crédits compensatoires de carbone forestier réglementés devraient se concrétiser en 2025. La FPFQ suit de près ces initiatives qui pourraient permettre de compenser les propriétaires qui luttent contre les changements climatiques à l’aide du carbone forestier. De plus, le Centre d’enseignement et de recherche en foresterie (CERFO) proposera prochainement une formation payante et ouverte à tous pour approfondir la compréhension du carbone forestier. Pour les ingénieurs forestiers, cette formation mènera à l’obtention d’une reconnaissance de formation continue pour leur ordre professionnel.