Un nouvel envahisseur a fait son apparition dans les boisés du Québec : le longicorne brun de l’épinette (Tetropium fuscum) a été détecté pour la première fois en Beauce durant l’été 2024. Cet insecte forestier exotique s’attaque aux épinettes matures, surannées ou affaiblies en creusant des trous sous l’écorce, occasionnant une mortalité au bout de quelques années.

Comment le reconnaître?

Les larves qu’on retrouve sous l’écorce sont d’un blanc crémeux et mesurent 15 à 25 mm. Les adultes, quant à eux, font de 10 à 15 mm de long, ont le ventre brun et la tête et le thorax de couleur brun foncé à noir. Le longicorne brun de l’épinette peut facilement être confondu avec le longicorne cannelle. Des analyses en laboratoire peuvent s’avérer nécessaires pour confirmer l’espèce.

Les arbres infestés présentent de la résine le long du tronc et des trous dans l’écorce de forme ovale, de 4 à 6 mm de diamètre. En général, les dommages sont concentrés sur la partie inférieure du tronc. Certains arbres peuvent présenter une cime clairsemée et desséchée s’ils ont été infestés plusieurs fois.

En cas de détection, les propriétaires forestiers doivent noter la localisation exacte (coordonnées GPS), prendre des photos, prélever un spécimen et faire un signalement à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).

Les mesures mises en place

Depuis 2019, l’ACIA a mis en place des enquêtes par piégeage autour des usines, des ports, des fournisseurs de bois de chauffage et des terrains de camping. Pour prévenir la propagation du longicorne brun de l’épinette, le déplacement des billes d’épinette et du bois de chauffage hors de la zone réglementée est restreint. Ainsi, dès l’été 2024, l’ACIA a envoyé des avis d’interdiction de déplacement des bois aux propriétaires de terrains situés près des endroits où l’insecte a été capturé dans les municipalités de Saint-Honoré-de-Shenley et de Saint-Martin de Beauce.

Bien qu’il existe une période de faible risque de propagation qui s’étend de la mi-septembre à la fin avril, l’interdiction de déplacer le bois s’applique en tout temps, à moins d’avoir un certificat de circulation. Seule l’ACIA peut lever les avis d’interdiction ou donner l’autorisation de déplacement aux propriétaires. En date de décembre 2024, aucune usine de transformation ne s’était encore manifestée pour participer au programme d’atténuation des risques et ainsi recevoir le bois soumis aux interdictions de déplacement. Les propriétaires ayant reçu un avis ne peuvent pas commercialiser le bois des lots infestés tant qu’aucun établissement ne peut le recevoir.

En 2025, l’ACIA prévoit concentrer les pièges à proximité de la zone réglementée et continuer les inspections visuelles. Pour l’instant, il serait possible de diminuer, voire d’éradiquer le ravageur sans envisager de coupe systématique d’arbres.

Un peu d’espoir

La détection du longicorne brun de l’épinette durant l’été 2024 s’avère précoce et aucun insecte n’a été observé dans les arbres. La population est actuellement assez basse pour ne pas causer de dommages aux arbres. De plus, le longicorne brun de l’épinette ne se déplace pas sur de longues distances, soit moins de 2 km sur sa durée de vie qui est de 1 à 2 ans. Cette propagation lente est une bonne nouvelle pour le contrôle de ce ravageur. D’ailleurs, le Nouveau-Brunswick a réussi à l’éradiquer en utilisant des interventions locales et des stratégies dont le Québec pourra s’inspirer si l’insecte continue d’être présent dans le futur.