Éditorial – Forêts de chez nous – novembre 2014
 
En novembre 2013, le gouvernement a mis sur pied trois chantiers de réflexion pour améliorer le régime forestier québécois. Le 16 octobre dernier, deux rapports ont été rendus publics et le troisième le sera d’ici la fin de décembre.
 
Ces rapports contiennent des dizaines de recommandations qui seront débattues et améliorées au cours des prochains mois. Nous pouvons nous réjouir de certaines d’entre elles qui rejoignent nos préoccupations.
 
En premier lieu, la présidente du Chantier sur les améliorations à apporter à la mise en œuvre du régime forestier, Mme Paule Têtu, recommande que « le MFFP mette en place un mécanisme robuste afin de s’assurer que les demandeurs aient épuisé toutes les sources d’approvisionnement prioritaires (dont la forêt privée) avant de leur octroyer des volumes additionnels de gré à gré ». Les volumes de bois de la forêt publique non récoltés au cours des dernières années et devant être mis aux enchères font l’objet d’une recommandation similaire. Considérant que le Bureau du Forestier en chef a rendu disponible, le 25 septembre dernier, 36 Mm3 de bois supplémentaires pour la récolte sur les terres publiques, dont 11 Mm3 avec peu de contraintes opérationnelles, cette recommandation n’est pas anodine pour les producteurs des forêts privées. Si cette recommandation n’est pas suivie par le MFFP, la vente de ces nouveaux volumes de bois de la forêt publique entrainera à des endroits précis la réduction des parts de marchés détenues par les producteurs en forêt privée.
 
En second lieu, le président du Chantier sur l’efficacité des mesures en forêt privée, M. Michel Belley, recommande diverses mesures pour réduire les frais d’administration du Programme d’aide à la mise en valeur des forêts privées, ce qui permettra d’augmenter les sommes allouées aux travaux sylvicoles. Il propose également des mesures pour accroître la concurrence entre les organisations offrant leurs services en aménagement forestier, ce qui replace le propriétaire au centre des décisions touchant ses boisés.
 
Nous espérons que le troisième rapport portant sur la production forestière misera sur les potentiels des forêts privées, tout en tenant compte des particularités propres à ce mode de tenure pour mobiliser les bois.
 
Avons-nous oublié que le législateur souhaitait un régime forestier québécois s’appuyant sur un partenariat avec les 130 000 propriétaires forestiers pour répondre à une partie des besoins en bois de l’industrie forestière et autres demandes de la société? Le gouvernement a adopté des dispositions législatives pour favoriser l’achat de bois en provenance des forêts privées et a mis en œuvre des programmes de soutien financier pour favoriser la sylviculture, la protection d’écosystèmes forestiers et la gestion intégrée des ressources chez les propriétaires forestiers. Les recommandations émises dans le cadre des chantiers de réflexion viennent confirmer la nécessité du soutien gouvernemental pour favoriser la sylviculture et maintenir l’accès aux marchés pour les bois des forêts privées. Leur application ne fera qu’accroître le rôle des propriétaires forestiers dans la relance de notre secteur forestier.
 
Pierre-Maurice Gagnon
Président et producteur forestier