L’économie mondiale fait face à une forte hausse de l’inflation ces derniers mois. Une inflation trop élevée est évidemment risquée. Si les prix grimpent rapidement, ils deviennent moins prévisibles, ce qui est source d’incertitudes pour plusieurs agents économiques.

Causes

Les derniers événements mondiaux (pandémie de la COVID-19 et guerre en Ukraine) sont principalement responsables de cette crise d’inflation. D’une part, l’injection massive d’argent par les différents gouvernements pour contrer la pandémie et les problématiques d’approvisionnement qui en ont découlé ont créé un déséquilibre des marchés. Une demande supérieure jumelée à une offre réduite se traduit par une hausse des prix; le prix record du bois d’œuvre atteint récemment illustre parfaitement ce propos.

D’autre part, le conflit russo-ukrainien a fait exploser le coût du pétrole. L’invasion en Ukraine, au début 2022, s’est étendue sur les plans militaires, mais aussi d’un point de vue économique. Certains pays, en boycottant les produits russes, ont créé une pénurie d’approvisionnement qui a fait augmenter les prix de certains produits, comme ceux pétroliers.

Actuellement, l’inflation au Canada se chiffre à 6,9 %, bien au-delà du rythme connu depuis les années 1980.

Solutions

Afin de juguler l’inflation, les banques centrales mettent en place des politiques monétaires strictes, au risque d’une récession. L’augmentation des taux directeurs par les banques centrales accroît le coût d’emprunt et incite à l’épargne. Depuis mars 2022, la Réserve fédérale des États-Unis et la Banque du Canada ont ajusté à maintes reprises leur taux d’intérêt afin de contrôler l’inflation. En ce début novembre, le taux directeur américain a atteint des niveaux records depuis 2008. Présentement situé entre 3,75 % et 4,00 %, les experts pensent qu’il serait nécessaire d’anticiper de nouvelles hausses du taux directeur dans un futur rapproché.

Bien que les signaux penchent pour un ralentissement des hausses de taux, le président de la Réserve fédérale des États-Unis a avisé qu’il faudra du temps pour contenir l’inflation. Ce faisant, les coûts d’emprunts resteront élevés un certain temps, ce qui entraînera un ralentissement généralisé de l’économie, voire une récession. Les dépenses des ménages diminueront, tout comme leur capacité à investir en immobilier.

Ralentissement du secteur immobilier

L’augmentation des prix est la première préoccupation des foyers nord-américains. En augmentant le taux directeur, la Réserve fédérale des États-Unis fera également pression sur le marché immobilier puisque les taux hypothécaires suivent une tendance parallèle. À cela s’ajoute la progression rapide des coûts de construction (matériaux et main-d’œuvre) qui effrite la capacité des ménages à poursuivre le rêve de l’accès à la propriété.

Déjà, la construction résidentielle aux États-Unis ralentit, accusant un retard de 8,8 %. Le rythme de construction des résidences unifamiliales, baromètre de la demande pour les matériaux de construction en bois, a même chuté de 21 % en octobre 2022.

À court terme, l’agence fédérale (U.S. Census Bureau) précise que la demande de nouveaux permis de construction résidentielle est en baisse de 10 %, raffermissant l’hypothèse d’une diminution des activités de construction au cours des 3 à 4 prochains mois. D’après les prévisionnistes, les mises en chantier pourraient terminer l’année avec un retard de 3,4 %, puis baisser de 13 % en 2023. En parallèle, les dépenses en rénovation fléchissent.

On constate alors que l’augmentation des taux d’intérêt freine la construction et la rénovation, impactant la demande de matériaux de construction en bois. Heureusement, la formation de ménages en Amérique du Nord nécessite la création de nouveaux logements, ce qui permet de circonscrire le problème.

Quel impact pour le marché des matériaux de construction en bois?

La baisse de la demande des matériaux de construction en bois découlant du ralentissement de la construction et de la rénovation entraîne des conséquences sur l’offre. À cela s’ajoutent des contraintes de main-d’œuvre, amplifiant la baisse de la production du bois d’œuvre. Après 8 mois cette année, la production canadienne de bois d’œuvre résineux a chuté de 8,9 %, alors que celle du Québec a diminué de 6,8 %. À l’échelle de l’Amérique du Nord, on anticipe une baisse de 3,0 % cette année et de 3 à 5 % en 2023.

Quant aux panneaux de construction en bois, la production nord-américaine accuse cette année un retard de 1,4 % après 3 trimestres. Les producteurs canadiens de panneaux OSB (Louisiana-Pacific, Forex, West Fraser, Arbec, etc.) font toutefois mieux, avec une hausse de production se chiffrant à 1,9 %.

Ce ralentissement de la demande supprime la pression existante depuis la pandémie sur les matériaux de construction et fait baisser les prix du bois d’œuvre et des panneaux OSB. Les prix connus en 2021-2022 suivent déjà un parcours de normalisation. Dans l’ensemble, ces prix devraient chuter de moitié en 2023 par rapport aux prix moyens obtenus en 2022.

Avec le risque d’une récession qui se présage et crainte par de nombreux agents économiques, un ralentissement de l’industrie du bois pourrait bien se maintenir pour les prochains mois. Bien que la question sur la récession reste à débattre, il semblerait que l’inflation prenne du temps à diminuer et que l’économie demeure au ralenti. Une diminution éventuelle de l’inflation, puis des taux d’intérêt sera nécessaire pour inciter de nouvelles mises en chantier. Ainsi, il est probable que l’industrie du bois connaisse une période postpandémique plus tranquille après une croissance vigoureuse.