Au cours des dernières années, nous avons su convaincre les élus provinciaux de l’importance d’améliorer les mesures de soutien aux producteurs forestiers dans l’optique d’accroître l’approvisionnement en bois des usines de transformation et de contribuer ainsi au développement économique de plusieurs régions. Mais, au-delà de ce coup de pouce, les producteurs doivent également pouvoir compter sur un régime d’aménagement qui encourage la mise en valeur de leurs boisés.

Le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation élabore présentement une Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires afin d’actualiser les orientations d’aménagement du Québec. L’occasion est belle pour notre organisation de proposer des solutions afin d’accroître la cohérence entre les politiques de soutien à la production de bois et le régime d’aménagement des forêts privées.

Par contre, je m’inquiète que le message que nous véhiculons ne trouve pas partout écho, notamment dans le milieu municipal où la complexification du contexte réglementaire mine les efforts d’aménagement durable du territoire forestier. En effet, je me désole de constater que la production forestière y est parfois découragée.

Les élus municipaux ont un rôle significatif à jouer pour simplifier la réglementation en forêt privée puisque ce sont les municipalités qui y régissent l’abattage d’arbres et la protection du couvert forestier. Ils devraient reconnaître et soutenir le travail des 134 000 propriétaires forestiers du Québec qui sont des gestionnaires locaux responsables de la mise en valeur de la majorité du territoire municipalisé du Québec. 

Plusieurs pistes de solution doivent être portées à leur attention. Ils peuvent appuyer l’adoption de dispositions réglementaires simples qui favorisent l’aménagement durable de la forêt privée et répondent aux besoins des producteurs forestiers. Plus simple encore, ils peuvent transférer le pouvoir d’établir des réglementations sur les activités forestières de leur municipalité à leur MRC afin de se doter d’une réglementation uniforme, cohérente et conciliante à l’échelle régionale. Encore mieux, ils peuvent diminuer le taux des taxes foncières de la nouvelle catégorie d’immeubles forestiers afin de soutenir le travail des producteurs forestiers qui vitalisent le tissu économique de leur municipalité.

À l’aube des élections municipales qui auront lieu cet automne, il est temps pour tous les producteurs forestiers d’amorcer un dialogue constructif avec les candidats aux élections municipales. Nous ne pourrons être trop nombreux à sensibiliser les quelque 8 000 élus dans plus de 1 100 municipalités du bienfait de nous appuyer dans la mise en valeur de nos boisés.

Pierre-Maurice Gagnon
Producteur et président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de septembre 2021.