Depuis son assermentation, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, M. Laurent Lessard, n’a cessé de dire qu’il souhaite mobiliser davantage de bois des forêts privées. Voilà qui devrait être une bonne nouvelle pour les producteurs forestiers du Québec.

Cependant, les gestes posés par le ministère de M. Lessard en 2014 génèrent l’effet contraire. La réduction des budgets des programmes de mise en valeur des forêts privées, la hausse des mêmes budgets pour les terres publiques, l’augmentation des allocations de bois des forêts de l’État, l’absence de discussion à propos des autres facteurs qui freinent cette mobilisation, telles une fiscalité inadaptée à la production de bois ou une bureaucratie environnementale en progression, n’encouragent guère les producteurs à accroitre leur production, et ce, malgré le climat de reprise du secteur forestier.

Il y a bien eu plusieurs consultations visant différents éléments du régime forestier québécois au cours de la dernière année, mais celles-ci ne se sont pas encore traduites en une amélioration du climat d’affaires des producteurs forestiers.

Qu’espérer alors pour 2015?
Une meilleure évaluation de l’état des marchés avant l’allocation de nouveaux volumes de bois de la forêt publique serait la bienvenue. Pour certains produits, les industriels ont des besoins que les producteurs en forêt privée ne peuvent combler, mais pour d’autres les nouvelles allocations réduisent la capacité des producteurs à négocier des conditions qui devraient normalement refléter le prix des produits manufacturés sur les marchés et favoriser la mobilisation en générant une redevance raisonnable pour le propriétaire forestier. Je l’ai déjà écrit, tant les industriels que leurs fournisseurs de biens et services doivent faire des profits pour que la filière soit viable.

La confirmation des budgets de mise en valeur des forêts privées avant le printemps permettrait de mieux planifier les travaux de l’été et l’ajout d’argent pour les régions qui ont subi des baisses critiques en 2014 est nécessaire pour mettre à profit leurs ressources. Une réflexion sérieuse sur l’effet de la fiscalité et de la réglementation municipale sur la production de bois devra être amorcée. D’autres juridictions expérimentent des formules qui auraient le mérite d’être regardées. Pour notre part nous avons proposé plusieurs idées à considérer, notamment par le biais de nos mémoires.

Les producteurs forestiers représentent des milliers de petites entreprises, bien implantées dans toutes les communautés rurales du Québec. L’incertitude dans leur environnement économique produit le même effet que sur les grandes compagnies : moins d’investissements et moins de retombées. Le Portrait économique des activités sylvicoles sur les terres privées publié en 2014, montre pourtant que la création de 5 000 emplois supplémentaires, incluant ceux que l’on retrouve en usine, serait possible grâce à une récolte de bois similaire à 2006, effectuée sur ce territoire. Cette réalité devrait faire réfléchir le ministre Lessard sur l’appui à donner aux producteurs de bois en forêt privée en 2015.

Pierre-Maurice Gagnon
Producteur et Président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

. Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de février 2015