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Les besoins exprimés à l’État sont infinis : plus d’argent pour nos écoles, du soutien pour nos aînés, la rénovation des infrastructures routières, sans compter notre réseau de santé qui manque de ressources.

Inscrire les préoccupations des producteurs forestiers dans les priorités gouvernementales
est conséquemment une course à obstacles entre tous les groupes sociaux, qui défendent leur cause respective avec acharnement auprès d’un nombre restreint de politiciens et de hauts fonctionnaires. Au Québec, on retrouve 12 120 groupes et individus actifs au Registre des lobbyistes, qui tentent d’influencer les décisions de 25 ministres et d’une
cinquantaine de hauts fonctionnaires.

Convaincre les autorités politiques du bien-fondé de nos revendications devient un exploit qui nécessite davantage qu’un simple rapport de force. Il faut préalablement établir un consensus au sein de sa propre organisation sur les positions à défendre. Par la suite, il faut développer des arguments solides qui s’appuient sur des études rigoureuses, réunir des coalitions d’intervenants qui partagent nos convictions sur un sujet donné, et prêcher, prêcher et prêcher. En groupe, individuellement, à Québec, en région. Loin d’être négligeable, la fonction publique devra aussi croire au développement de notre secteur d’activité pour faire cheminer une idée dans
l’appareil de l’État.

Il faut se réjouir des décisions gouvernementales visant à soutenir les producteurs forestiers. Tout récemment, nos représentations ont convaincu nos dirigeants de consacrer 10 M$ à un programme d’arrosage d’insecticides biologiques pour protéger
des forêts privées qui ne peuvent être récoltées en raison de leur jeune âge, mais qui sont menacées par la tordeuse des bourgeons de l’épinette. L’an dernier, le gouvernement a accepté d’améliorer plusieurs mesures fiscales pour encourager la production forestière et la récolte de bois. Le maintien des budgets des programmes de mise en valeur des forêts privées est un autre exemple de gain dont il faut se féliciter.

Ces décisions ont demandé des années d’efforts de persuasion : 5 ans pour la lutte contre la tordeuse et 20 ans pour les mesures fiscales. Une éternité pour les producteurs forestiers à l’oeuvre sur le terrain.

Si on souhaite maintenir et améliorer le soutien de l’État, les actions à prendre sont connues. Il faudra continuer de définir des propositions qui susciteront l’intérêt des acteurs forestiers, développer des arguments qui rallieront les intervenants de toutes
les régions, et mettre sur pied des coalitions qui démontreront un consensus aux yeux des autorités politiques. Dans le monde politique d’aujourd’hui, il s’agira de mettre notre corporatisme de côté pour travailler des causes communes où chacun peut trouver son compte.

Pierre-Maurice Gagnon
Producteur et Président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de mai 2017