La situation vécue par les producteurs forestiers québécois pourrait devenir une fable : celle d’un gouvernement à la recherche d’investisseurs pour créer des emplois, qui parcourait le monde en oubliant les ressources de son propre pays.

Les activités sylvicoles en forêt privée et la récolte de bois qui en découle pourraient créer l’équivalent de 4 087 nouveaux emplois directs à temps complet. De ce nombre, 1 037 seraient associés aux travaux forestiers et 3 050 à la transformation des bois, selon une étude sur les scénarisations économiques effectuées par la Fédération des producteurs forestiers du Québec. Ces scénarios reposent sur une récolte annuelle passant de 6 à 8 Mm3 et une hausse de 10 M$ de la contribution gouvernementale au budget annuel des programmes d’aide à la mise en valeur des forêts privées. Des hypothèses qui apparaissent bien réalistes.

Évidemment, 4 000 emplois directs ne règleront pas tous les problèmes des communautés rurales du Québec, mais aideront celles qui misent sur les ressources forestières de leur territoire.

Pour se concrétiser, ce scénario de création d’emplois nécessite l’amélioration de l’environnement d’affaires des producteurs forestiers. À cet égard, nos propositions ne manquent pas : stabiliser les budgets des programmes de mise en valeur des forêts privées selon une moyenne historique, finaliser la révision du programme de remboursement des taxes foncières, transférer le pouvoir de réglementer la protection du couvert forestier aux MRC, moduler l’application de la législation sur la protection des milieux humides en fonction du risque environnemental de l’intervention, mettre en oeuvre un régime d’épargne et d’investissements sylvicoles, réduire les frais de financement pour renouveler les équipements forestiers par le biais du Programme de financement forestier et mieux coordonner les ventes de bois des forêts publiques avec celles des forêts privées.

À nos yeux, ces mesures apparaissent bien modestes lorsqu’on les compare au pont d’or souvent consenti par le gouvernement aux investisseurs étrangers contre la promesse de venir bâtir une usine et créer quelques centaines d’emplois.

Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, aura donc besoin de l’aide de ses collègues des Finances, du Trésor, des Affaires municipales et de l’Environnement s’il souhaite matérialiser des hypothèses en emplois bien réels. L’entendront-ils? La Fédération des producteurs forestiers du Québec poursuivra, quant à elle, la tournée de ces ministères au cours de l’automne.

Pierre-Maurice Gagnon
Président et producteur forestier de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

. Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de septembre 2015

* Portrait économique des activités sylvicoles en forêt privée