La dernière année en fut une de grands changements pour les producteurs impliqués comme moi. Les rencontres fréquentes en personne à travers la province se sont métamorphosées en réunions virtuelles. Les rendez-vous avec les partenaires, les rencontres avec les élus et ministres, les parutions en commission parlementaire et même l’assemblée générale annuelle de la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) se sont tous déroulés par vidéoconférence. Heureusement, nous avons pu continuer à aménager nos lots à bois et à visiter nos forêts afin d’égayer nos esprits et parfois même oublier la pandémie.

Nous avons tous dû, d’une façon ou d’une autre, apprendre à vivre, travailler et communiquer différemment. Je ne veux surtout pas laisser l’impression que nous devons envisager un futur uniquement virtuel. Bien au contraire, le contact humain qui nous rapproche des gens demeure irremplaçable, alors que le langage non verbal qui en découle nous permet toujours de mieux comprendre nos interlocuteurs.

À défaut de n’avoir pu célébrer adéquatement le 50e anniversaire de la FPFQ en 2020, nous trouverons une occasion pour le souligner. Ainsi, nous entamons ce deuxième cinquantenaire avec la même conviction profonde que notre grande organisation doit poursuivre la promotion des intérêts de tous les producteurs forestiers du Québec, notamment en ce qui a trait à la commercialisation ordonnée du bois.

Ce fut une année charnière pour ce dernier dossier qui a occupé de plus en plus l’esprit de bon nombre de producteurs forestiers. Cette année, la situation s’est avérée très favorable pour les scieurs alors que le prix du bois d’oeuvre s’est hissé à un niveau record. Bien sûr, certains acheteurs se sont montrés à quelques égards friands du bois des producteurs, mais parfois moins enclins à rémunérer le travail exigeant de ceux-ci. Nul doute que la situation a nourri un sentiment d’insatisfaction chez de nombreux producteurs qui ne négocient pas collectivement la mise en marché du bois de sciage résineux.

Pourtant, de nombreux outils sont mis à la disposition des producteurs et de leurs plans conjoints pour assurer la prévisibilité de la mise en marché, et ce, au bénéfice des producteurs, de l’industrie forestière, des communautés rurales et de l’État. C’est pourquoi la FPFQ a mis autant d’efforts au cours des dernières années pour soutenir les ambitions des producteurs qui désirent parachever ce projet afin d’établir un partenariat d’affaires solide, mais équitable, avec l’industrie forestière.

Au cours de la dernière année, les producteurs forestiers de la Côte-du-Sud et du Sud du Québec ont mis en branle des chantiers pour étendre la couverture de la mise en marché collective au bois de sciage résineux, comme le font déjà les producteurs de plusieurs régions. Après de multiples contestations, les audiences devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec sont maintenant complétées.

Après tant de travail et d’attente, nous espérons une décision favorable dans ces deux dossiers. Peu importe le résultat des décisions attendues, je demande à tous les syndicats de producteurs forestiers de s’impliquer activement dès maintenant dans une mise en marché collective et ordonnée de tout le bois.

Pierre-Maurice Gagnon
Producteur et président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de mai 2021.