La production nord-américaine de bois d’œuvre a baissé de 2,2 % au premier semestre de 2025 par rapport à l’année antérieure. Cette diminution est principalement due au fort déclin de la production canadienne ce premier semestre, alors qu’aux États-Unis la production est légèrement en hausse.

D’après Statistique Canada, la production canadienne de bois d’œuvre a fortement diminué (-5,8 %), pour totaliser 10,12 milliards de pieds mesure de planche (G PMP) après 6 mois en 2025. La production a chuté dans toutes les provinces canadiennes.

Une légère baisse a été observée en Alberta (-0,4 %), au Nouveau-Brunswick (-1,1 %) et dans les autres provinces (-3,1 %). Mais ailleurs le recul est majeur, notamment en Colombie-Britannique (-7,1 %) et en Ontario (-7,5 %). Au Québec, la chute observée est la plus importante avec une baisse de (-8,8 %), soit environ 265 MPMP, ce qui équivaut à la capacité de production annuelle d’une scierie de bonne envergure. Ce recul est exacerbé par le fait que le premier semestre 2024 avait été marqué par une performance robuste au Québec.

Notons aussi que les livraisons québécoises ont fortement baissé (-9,0 %), tout comme les inventaires (-17 %).

La détérioration récente de la production canadienne et québécoise s’explique en partie par l’anticipation d’une hausse brutale des droits américains sur le bois d’œuvre canadien. Cette hausse s’est concrétisée en août 2025, les droits passant de 14,54 % à 35,19 % en l’espace de deux semaines. Ce niveau tarifaire, inédit depuis le début du conflit commercial en 2016 et record depuis les années 1980, met à rude épreuve la résilience du secteur forestier. Le différend entre le Canada et les États-Unis continue de peser lourdement sur les perspectives du secteur, alors que près de 38 % de la production québécoise de bois d’œuvre résineux est destinée au marché américain.

Les conséquences sont immédiates et préoccupantes : après plusieurs annonces de fermetures et de ralentissements, une nouvelle vague frappe. L’usine Domtar de Maniwaki suspendra ses opérations dès le 10 octobre, la Scierie St-Michel, principal employeur de Saint-Michel-des-Saints, a annoncé l’arrêt de ses activités, tout comme Arbec Port-Cartier. Dans ce contexte, il est raisonnable de penser que la situation risque de continuer à se dégrader d’ici la fin de l’année, alors que les effets des droits américains plus élevés se font sentir.

Ces fermetures montrent la fragilité croissante des entreprises face à la pression commerciale, et rappellent l’urgence d’une action politique et économique pour soutenir les emplois, les communautés et la filière bois.