Le couperet est tombé à Washington. Le 8 août dernier – pour une deuxième fois en l’espace de quelques jours – le Département du Commerce des États-Unis annonçait une hausse de tarifs sur le bois d’œuvre canadien. Ainsi, les droits compensateurs pour la plupart des entreprises canadiennes passeront de 6,74 % à 14,63 %. Cette hausse donne suite à celle du 25 juillet, où les droits antidumping avaient augmenté de 7,66 % à 20,56 %, tel que discuté dans notre article du 5 août 2025.

Ainsi, en l’espace de deux semaines les droits sur le bois d’œuvre sont passés de 14,54 % à 35,19 %. Il s’agit du tarif le plus élevé depuis le début du conflit commercial en 2016, et d’un triste record depuis le début de ce différend au début des années 1980. Ce niveau de tarifs mettra à l’épreuve la résilience du secteur forestier canadien.

Cette double hausse n’a pas tardé à se répercuter sur les marchés. Au Canada, les indices de prix du bois d’œuvre ont enregistré une hausse d’environ 8 %, traduisant une réaction rapide des acheteurs américains face à la nouvelle structure tarifaire. Toutefois, cette augmentation demeure modérée en comparaison avec la hausse des tarifs, suggérant que les consommateurs n’ont pas absorbé l’intégralité de la hausse. Cette situation pourrait entraîner une fragilisation des marges pour les scieries canadiennes, déjà confrontées à une demande fragile en raison des mises en chantier décevantes. Il faut dire que les politiques économiques et commerciales du président Trump ne font rien pour rassurer les ménages.

En réponse, le gouvernement canadien a mis en place une stratégie ambitieuse pour transformer l’industrie du bois d’œuvre face aux mutations mondiales. Il prévoit 700 M$ en garanties de prêts pour soutenir les entreprises, 500 M$ pour diversifier les produits et les marchés, ainsi que des mesures favorisant l’usage de bois canadien dans les infrastructures publiques. Le gouvernement souhaite également élargir les exportations vers des marchés internationaux durables et investir 50 M$ pour former et accompagner les travailleurs affectés. Ces initiatives visent à renforcer la compétitivité, à moderniser l’industrie et à stimuler la croissance économique à long terme. Toutefois, ces mesures éludent la part de la filière qui s’occupe de l’approvisionnement en bois, dont les producteurs de bois œuvrant en forêt privée et leurs sous-traitants.