Même si les entreprises s’activent de plus en plus à assurer la sécurité des employés, le travail en forêt demeure dangereux. En 2016, 311 accidents ont été recensés par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). C’est une amélioration marquée par rapport aux 380 occurrences de 2012, mais du travail reste à faire.

Crédit photo Guillaume Roy
Pour éviter les accidents, il est recommandé de suivre des formations offertes en abattage d'arbres.
La section formation du site foretprivee.ca contient le calendrier des formations offertes aux producteurs forestiers.

En amorçant sa journée le 24 mars 2016, un opérateur a été avisé de la présence d’un problème d’encodeur dans le système de mesurage de la tête multifonctionnelle de l’abatteuse avec laquelle il travaillait. Pour effectuer la réparation, il s’est dirigé vers la tête multifonctionnelle alors que le moteur de l’engin tournait et que l’ordinateur était ouvert. Le fait de manipuler l’encodeur a fait en sorte d’envoyer un signal à l’ordinateur, ce qui a déclenché la fermeture des couteaux d’ébranchage qui ont écrasé mortellement le travailleur contre les rouleaux d’entraînement.

Selon Geneviève Trudel, porte-parole de la CNESST, l’employé n’aurait pas dû se trouver dans la zone de coincement des couteaux d’ébranchage lors de la réparation de la tête multifonctionnelle de l’abatteuse alors que le moteur était en marche, car la manipulation de l’encodeur déclenche la fermeture des couteaux d’ébranchage, ce qui a causé la mort du travailleur.

Comme on le voit dans 16,6 % des cas, l’employé a été heurté par un objet. C’est d’ailleurs le type d’accident le plus fréquent, devant ceux liés aux réactions du corps (13,4 %) et aux chutes (13 %).

Les abatteurs manuels qui utilisent leur scie à chaîne sont aussi confrontés à de nombreux dangers, ajoute Geneviève Trudel. La présence de chicots, la technique d’abattage et le sol forestier peuvent constituer des risques importants, surtout lorsque les conditions météorologiques altèrent l’état des lieux et rendent le sol glissant. « Ces risques ne sont pas spécifiques aux abatteurs manuels, mais à tous les travailleurs forestiers, mentionne-t-elle. L’arbre à abattre peut être une source de danger selon sa situation sur le terrain, son inclinaison et ses dimensions. Les chicots sont aussi extrêmement dangereux, car leur comportement est imprévisible en cas de contact avec l’arbre abattu. »

Crédit photo Guillaume Roy

Pour éviter les accidents, il est recommandé de suivre des formations offertes en abattage d’arbres. La section formation du site foretprivee.ca contient le calendrier des formations offertes aux producteurs forestiers. La CNESST a également rédigé le guide de référence Abattage manuel, qui explique la mise en oeuvre de méthodes sécuritaires.

La prévention gagne du terrain

Un accident mortel est toujours de trop, mais il n’empêche que la culture des entreprises forestières a grandement évolué au cours des 20 dernières années, estime Frédérick Villeneuve, conseiller en prévention chez Prévibois, une mutuelle de prévention spécialisée dans la santé et sécurité au travail en forêt. « Il y a une belle amélioration en ce qui a trait au nombre d’accidents, car la prévention fait de grands pas, dit-il. Pour être concurrentielles et réussir, les entreprises n’ont pas le choix d’être performantes, pas seulement en ce qui concerne la production et la qualité, mais aussi en santé et sécurité. »

Quelques conseils

Étant donné que le secteur forestier demeure dangereux, quelques conseils clés, prodigués par Frédéric Villeneuve, sont de mise.

D’emblée, les formations sont particulièrement importantes quand on parle de sécurité, et ce, notamment dans le domaine de l’abattage manuel, remarque le conseiller. « Dans la majorité des accidents, les gens n’avaient pas suivi de cours et utilisaient une mauvaise technique d’abattage », mentionne-t-il. La Fédération des producteurs forestiers du Québec a d’ailleurs produit une vidéo intéressante, disponible à l’adresse https://youtu.be/SAZrnEMr7bk, qui démontre comment couper un arbre de manière sécuritaire. 

En ce qui concerne les machines, les accidents surviennent principalement lors de leur maintenance ou de leur réparation. « En automne et en hiver, les chenilles et les surfaces sont très glissantes, note Frédérick Villeneuve, ce qui cause souvent des chutes. Il est important de se déplacer en maintenant toujours trois points d’appui pour prévenir les blessures. » Un autre conseil : on ne saute pas en bas d’une machine.

Les risques sont aussi nombreux pour les aménagistes forestiers, mais il existe tout de même des techniques qui permettent de les diminuer, soutient l’expert en prévention. « Les accidents surviennent souvent lors des ravitaillements ou en fin de journée, dit-il. On encourage donc les employés à se dégager un bon sentier pour accéder à leur équipement et à faire plus attention à la fin de leur quart de travail, lorsque la fatigue s’installe. »

Crédit photo Guillaume Roy

Lors de l’abattage d’un arbre, on doit avoir recours au code de sécurité de l’abatteur, le D.I.S.Ec.O. En voici la signification.

D – Danger. On détermine les éléments qui pourraient constituer des sources de danger, dont les chicots.
I – Inclinaison. On repère les éléments susceptibles d’influencer la direction de la chute de l’arbre.
S – Sortie de secours. On prévoit des sorties de secours vers l’arrière à 45 degrés.
Ec – Épaisseur de la charnière. On fait en sorte que celle-ci corresponde à 1/10 du diamètre de l’arbre à abattre.
P – Plan d’abattage. On élabore un plan d’abattage sécuritaire.

Documents à consulter

 

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de février 2018.