Le 4 novembre dernier, le ministre des Finances du Canada, François-Philippe Champagne, a présenté le budget fédéral 2025, le premier sous l’ère du premier ministre Mark Carney. Ce budget, déposé à l’automne pour la première fois, contient quelques mesures susceptibles d’influencer le secteur forestier.

Parmi ceux-ci, notons la fin du programme 2 milliards d’arbres, qui, malgré ses défauts, représentait un investissement majeur de 3,16 G$ en sylviculture. Les engagements existants seraient respectés, ce qui permettrait au fédéral de viser la plantation d’un milliard d’arbres seulement plutôt que les deux milliards prévus. L’année dernière, les gouvernements du Québec et du Canada ont toutefois sécurisé un investissement de 43,3 M$ sur six ans à compter de 2024 pour réaliser des plantations en forêt privée. Cette entente devrait donc limiter les pertes pour la forêt privée québécoise, quoiqu’il est nécessaire de déplorer la fin du seul véritable programme sylvicole du gouvernement fédéral.

Le budget prévoit également jusqu’à 700 M$ sur deux ans en garanties de prêts via la Banque de développement du Canada pour soutenir les entreprises forestières dans leur restructuration. De plus, un montant de 500 M$ sur trois ans sera accordé à partir de 2027 pour renouveler et élargir les programmes forestiers de Ressources naturelles Canada, axés sur la diversification des produits et des marchés, incluant de nouvelles initiatives à l’exportation. Le gouvernement s’engage aussi à privilégier les matériaux canadiens dans les marchés publics et à modifier les processus d’approvisionnement pour exiger l’utilisation de bois canadien. Ces enveloppes monétaires font écho à l’annonce communiquée en grande pompe par le premier ministre Carney en août dernier pour soutenir le secteur forestier.

Pour renforcer la lutte contre les incendies forestiers, 258 M$ sur quatre ans seront alloués à Ressources naturelles Canada pour la location d’appareils aéronautiques afin d’appuyer les provinces et les territoires dans la protection des communautés.

Ces annonces sectorielles illustrent que les producteurs forestiers et la forêt privée demeurent dans l’angle mort du gouvernement fédéral lors du développement de politiques publiques. La Fédération des producteurs forestiers du Québec en collaboration avec Propriétaires forestiers du Canada avait pourtant multiplié les démarches au cours des derniers mois afin d’éclairer les décideurs sur les enjeux vécus en forêt privée dans le contexte actuel. Il faudra maintenant voir si le gouvernement du Québec pourra proposer une approche globale et structurante pour soutenir tout le secteur, incluant les producteurs forestiers, les camionneurs et les entrepreneurs œuvrant en forêt privée.