Q : Quelle est la différence entre le bois scié artisanalement et celui produit par les scieries et acheté en quincaillerie?

R : De façon générale, le bois scié artisanalement ne fait pas l’objet d’un classement de sa qualité et n’est pas estampillé selon la norme de la Commission nationale de classification des sciages (NLGA). Selon ces règles, les pièces sont alors placées dans les bonnes catégories en fonction des groupes d’essences reconnus par le Code de construction du Québec (CCQ) pour les applications en structure, par exemple Sapin-Épinette-Pin (SPF). À noter que l’épinette de Norvège peut être utilisée dans le bois de structure pour la construction au Canada depuis 2019. Elle est toutefois classée avec le groupe d’essences « Essences nordiques (N-species) » puisque ses propriétés mécaniques, comme la résistance aux tensions, sont différentes. De plus, le CCQ spécifie que la teneur en humidité doit être sous la barre des 19 % lors de la mise en place afin de contrôler les changements volumétriques provenant du retrait du bois et de minimiser la présence de moisissures dans l’enveloppe du bâtiment. La présence de la mention S-dry ou KD-HT sur l’estampe, démontre que cette vérification de la teneur en humidité a été contrôlée selon le système d’inspection en vigueur. Sinon, il portera la mention S-grn (green) et devra être surdimensionné pour tenir compte de l’effet du retrait lors du séchage des pièces.
Q : Que peut-on faire avec du bois scié par une scierie mobile? Bois d’apparence, petits bâtiments de ferme, abri forestier, autre?
R : Cela dépend s’il est estampillé ou non. Le bois peut être scié par une scierie mobile sans problème. Comme tout sciage provenant d’un procédé dit industriel, il doit aussi être inspecté sur les différents côtés afin d’être classifié et estampillé par une agence certifiée. Pour les applications en structure, le bois doit porter l’estampe de qualité indiquant la catégorie, le groupement d’essences et les conditions d’humidité. Certains types d’ouvrages permettent l’utilisation de bois ayant une teneur en humidité au-dessus de la limite de 19 % du CCQ. Toutefois, les dimensions et les calculs doivent en tenir compte (ponts, structures extérieures non chauffées ou fermées, etc.).
Le bois non estampé peut être utilisé dans toutes les applications non structurales ne mettant pas à risque l’occupant (clôtures, fabrication de porte et de plancher de terrasse extérieure, terrassement, meubles, etc.).

Q : Qu’arrive-t-il si nous voulons l’utiliser pour la construction de la charpente d’un bâtiment? Est-ce légal? Le bois doit-il être estampillé?
R : Selon le Code de construction du Québec, partie 4 ou 9, le bois de structure doit faire l’objet d’une inspection et doit être estampillé par un classificateur à l’emploi d’une des 11 agences canadiennes faisant partie du Conseil canadien d’accréditation des normes du bois d’œuvre (CLSAB). De plus, le bois utilisé en structures de bâtiments doit être séché à 19 % et moins d’humidité avant sa mise en place dans le bâtiment.
Q : Est-ce possible de faire estampiller le bois produit artisanalement?
R : Oui, le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) effectue ce genre de service pour une somme forfaitaire à la charge du demandeur voulant faire classifier son bois avec notre équipe d’inspecteurs. Cette inspection s’effectue sur les quatre faces et les deux extrémités de chacune des pièces pour confirmer l’essence de bois et les caractéristiques autorisées selon les règles NLGA applicables. L’estampe est appliquée de façon individuelle sur chacune des pièces inspectées. Il n’y a pas de volume minimal requis pour utiliser ce service.
Q : Les règles sont-elles les mêmes pour une cabane à sucre?
R : La réponse usuelle est oui, car les cabanes à sucre sont souvent des bâtiments couverts par le CCQ. Les limites d’applications du CCQ ou autres codes pouvant être utilisés dans une construction doivent être validées par l’autorité ayant juridiction. Au Québec, ceci relève souvent de la municipalité lors de l’émission du permis de construction.
DU BOIS SOUMIS AUX PLANS CONJOINTS?
Un producteur qui scie lui-même ou fait scier directement son propre bois rond n’est pas visé par les plans conjoints puisque le bois rond n’est pas mis en marché par le producteur, mais plutôt directement transformé par ce dernier, explique M. Vincent Miville, directeur-général de la Fédération des producteurs forestiers du Québec. « En revanche, le bois d’un producteur qui serait acheté par le propriétaire d’une scierie mobile est soumis au plan conjoint puisqu’il s’agit effectivement d’une mise en marché du produit visé. Dans plusieurs régions, des scieurs mobiles travaillent de concert avec les syndicats de producteurs forestiers pour obtenir des approvisionnements pour leurs opérations », précise-t-il. Ceci étant dit, ces règles peuvent différer d’un plan conjoint à l’autre et la prudence suggère de s’informer au préalable auprès du syndicat de la région où le bois est récolté.

ATTENTION AUX ASSURANCES
Un bâtiment construit avec du bois non estampillé peut-il être assuré? La réponse varie d’une compagnie d’assurance à l’autre. « Règle générale, nous n’acceptons pas de couvrir un bâtiment avec du bois scié artisanalement, sauf si un ingénieur peut l’évaluer et émettre une opinion technique pour attester que le matériau répond aux mêmes critères que le bois estampillé », informe M. Guy Naud, directeur technique, prévention, chez Estrie-Richelieu. « Pour les petits bâtiments agricoles, on évaluera au cas par cas, mais en ce qui a trait aux grands bâtiments comme une étable, nos critères sont plus élevés. »
Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de septembre 2021.