Le travail d’élagage est un art, et les producteurs de bois ont tout intérêt à le maîtriser en sachant quand et comment exécuter le travail et en utilisant des outils appropriés et de qualité.

L’ingénieur forestier Patrick Lupien, du Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie, coauteur du Guide sylvicole du Québec (tome 2), a plusieurs fois constaté que la méconnaissance et les erreurs peuvent être coûteuses pour les producteurs forestiers. « Un jour, un producteur a voulu me montrer le travail qu’il avait effectué sur sa plantation. J’ai convenu qu’il avait beaucoup travaillé, mais qu’il avait complètement manqué son coup et compromis la rentabilité de sa plantation en n’effectuant pas les bonnes opérations », raconte M. Lupien.

L’élagage consiste à couper les branches mortes ou vivantes dans la partie inférieure de la tige d’un arbre afin de réduire la formation de noeuds dans la production de bois d’oeuvre de qualité pour le sciage ou le déroulage.

La taille de formation, pratiquée dans la partie supérieure de l’arbre, est effectuée de deux à trois ans après la plantation, pour corriger les malformations en supprimant les branches qui déforment le tronc : fourches ou branches latérales qui concurrencent la cime. L’opération permet d’assurer la rectitude de la bille et de faciliter l’élongation de la tige, en somme de lui garantir une structure solide.

Faire une bonne coupe pour des branches de 3 cm et moins

De la bonne façon et au bon moment

La première intervention d’élagage à proprement parler devrait être réalisée au plus de cinq à sept ans après la plantation.

Ce premier élagage sera suivi d’un ou de deux autres au cours de la croissance de l’arbre. Ces interventions hâtives sont moins laborieuses, moins coûteuses et réduisent le risque d’infection du bois par des champignons de pourriture.

« Pour produire du bois de qualité, on doit viser une hauteur d’élagage d’au moins 10 à 16 pieds (3 à 4,9 mètres). L’élagage permettra de réduire la quantité de noeuds, assurant ainsi une plus grande valeur au bois », explique M. Lupien.

Le producteur qui effectue lui-même ses travaux devra respecter quelques règles pour ne pas nuire à la croissance de ses arbres. Avant de procéder, il est recommandé de bien s’informer en lisant les fiches explicatives ou en suivant les formations. Le producteur trouvera ces informations sur le site foretprivee.ca.

Il lui faudra éviter de réaliser l’opération lors de périodes de grands froids ou de grandes chaleurs et, bien sûr, durant la période de montée de la sève. Les mois de mai et juin demeurent le moment idéal pour la coupe de branches de faible diamètre de 2,5 cm et moins. La croissance de l’arbre pendant l’été permettra de refermer les plaies.

Le producteur devra aussi se garder de prélever plus de 30 % de branches pour éviter de nuire à la croissance de l’arbre en raison de la réduction du feuillage permettant la photosynthèse.

Pour une cicatrisation rapide, la coupe doit être effectuée à un angle qui respecte la limite de l’arête et du collet situés à l’assise de la branche et, bien sûr, sans endommager l’écorce.

Pour les branches les plus grosses, de 4 cm et plus de diamètre, une coupe d’allègement doit être faite à 30 cm du tronc pour éviter les déchirures de l’écorce du tronc.

Pour effectuer ce travail, il est fortement recommandé d’utiliser des outils bien affûtés et de les désinfecter avec de l’alcool à 70 % lorsqu’on coupe une branche contaminée ou entre chaque arbre pour éviter de propager des maladies.

Les bons outils

Pour que le travail soit exécuté efficacement et de façon sécuritaire, il importe aussi d’utiliser les bons outils et de l’équipement de qualité. Il existe plusieurs marques dont la qualité est variable. Les experts recommandent de se fier aux marques renommées offrant des outils faits en acier et munis de poignées de qualité.

Dans son coffre à outils idéal, pour faire ses travaux d’élagage, le producteur devrait retrouver l’équipement suivant :

Le sécateur (environ 40 $) est adapté à la main de l'utilisateur. Les modèles à poignées de métal avec enduit en PVC sont conseillés. Pour l'entretien, il est recommandé d'affûter la partie bombée de la lame et de nettoyer les pièces métalliques avec un chiffon imbibé d'un mélange pour tronçonneuse afin de prévenir la rouille. Il faut éviter les sécateurs avec système de type lame sur enclume.
Le sécateur (environ 40 $) est adapté à la main de l'utilisateur. Les modèles à poignées de métal avec enduit en PVC sont conseillés. Pour l'entretien, il est recommandé d'affûter la partie bombée de la lame et de nettoyer les pièces métalliques avec un chiffon imbibé d'un mélange pour tronçonneuse afin de prévenir la rouille. Il faut éviter les sécateurs avec système de type lame sur enclume.
L'ébrancheur (environ 50 $) est utile pour les branches d'un diamètre de 2 à 4 cm. Il faut opter pour les modèles à lame et contre-lame dentées pour éviter l'écrasement de la base des branches. Les modèles avec système de démultiplication sont plus efficaces, bien qu'ils soient sujets à devenir vite fragiles. Là encore, on doit éviter d'utiliser les outils avec système de type lame sur enclume.
L'ébrancheur (environ 50 $) est utile pour les branches d'un diamètre de 2 à 4 cm. Il faut opter pour les modèles à lame et contre-lame dentées pour éviter l'écrasement de la base des branches. Les modèles avec système de démultiplication sont plus efficaces, bien qu'ils soient sujets à devenir vite fragiles. Là encore, on doit éviter d'utiliser les outils avec système de type lame sur enclume.
L'échenilloir (environ 160 $) est très utile, mais si la perche d'aluminium est résistante, elle est également lourde et froide. Les tiges en fibre de verre sont plus légères et inaltérables. Il faut préférer celles d'une longueur inférieure à 2 m. L'échenilloir doit être de bonne qualité et muni de poulies qui réduisent l'effort de tirage de la corde. Quant à cette dernière, elle doit être robuste et de la bonne grosseur. Selon qu'il soit à double ou a tripe démultiplication, l'échenilloir permet de couper des branches de 3 à 4,5 cm.
La scie à élaguer (environ 40 $) permet de supprimer les branches au diamètre important ou à l'angle d'insertion trop aigu. La coupe moins franche engendre des plaies plus larges, provoquant une cicatrisation plus lente. Il faut privilégier les modèles à lame étroite et courbée, plus maniables entre les branches. Le lissage de la lame se fait à la toile d'émeri et l'affûtage à l'étau.
La tronçonneuse perche (ou élagueuse sur perche) (environ 1000 $) facilite grandement le travail d'élagage en permettant de couper des branches de bonne dimension en hauteur tout en demeurant au sol. Il s'agit d'une petite tronçonneuse placée à l'extrémité d'une perche de plus de 2 m (pouvant même dépasser 3 m). Si le moteur est placé en bas, près des mains de l'opérateur, on parlera plutôt d'une perche élagueuse. Évidemment, dans ce dernier cas, le poids est moindre à l'extrémité, ce qui peut faciliter l'utilisation, mais la puissance risque d'être réduite en raison de la présence d'un arbre d'entraînement reliant le moteur à la scie.
La tronçonneuse perche (ou élagueuse sur perche) (environ 1000 $) facilite grandement le travail d'élagage en permettant de couper des branches de bonne dimension en hauteur tout en demeurant au sol. Il s'agit d'une petite tronçonneuse placée à l'extrémité d'une perche de plus de 2 m (pouvant même dépasser 3 m). Si le moteur est placé en bas, près des mains de l'opérateur, on parlera plutôt d'une perche élagueuse. Évidemment, dans ce dernier cas, le poids est moindre à l'extrémité, ce qui peut faciliter l'utilisation, mais la puissance risque d'être réduite en raison de la présence d'un arbre d'entraînement reliant le moteur à la scie.

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition mai 2017.