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Ce n’est peut-être qu’une perception, mais la ruralité semble prendre de moins en moins
de place dans les campagnes électorales. La dernière ne semble pas avoir fait exception.
Il faut dire que le redécoupage des circonscriptions électorales a entraîné le transfert dans les dernières décennies de plusieurs comtés ruraux vers les zones périurbaines de Montréal. De plus, la lutte pour conquérir ces nombreux comtés accapare l’esprit des dirigeants des formations politiques. Enfin, les médias ont délaissé leurs antennes régionales pour se concentrer sur des enjeux de la population urbaine.

Il n’en demeure pas moins que le Québec ne peut se défi nir que par la vitalité de ses villes. L’occupation de notre territoire national exige des villages vivants du Témiscamingue à la Gaspésie. Si les enjeux sont souvent les mêmes pour les résidents des villes et de la campagne – accès aux soins de santé, développement économique, soutien à nos écoles –, les solutions doivent être adaptées pour des contextes fort différents.

Je suis donc curieux de voir les orientations politiques du nouveau gouvernement en matière de développement régional. Si ces orientations demeurent à défi nir, je lève ma main pour sensibiliser les nouveaux élus aux réalités des citoyens ruraux, et plus particulièrement des 134 000 propriétaires forestiers québécois. Les forêts sont un actif extraordinaire puisqu’elles soutiennent le développement économique, génèrent des services environnementaux pour la société et définissent un mode de vie pour leurs propriétaires que l’on retrouve dans tous les villages du Québec. Encore faut-il que les politiques gouvernementales appuient judicieusement le dynamisme des propriétaires forestiers et la mise en valeur du potentiel de leurs actifs.

Cependant, avant d’établir de nouvelles politiques, le premier geste à poser par l’équipe du nouveau premier ministre sera de mandater des interlocuteurs au sein du gouvernement pour discuter du détail de ces enjeux avec les représentants du monde rural.

Cela passe par des ministres forts et des conseillers politiques soucieux de comprendre cette réalité que j’ai hâte de rencontrer.

Je pourrai alors retirer le point d’interrogation dans le titre de cet éditorial.

Pierre-Maurice Gagnon
Producteur et Président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec

Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de novembre 2018.