Au cours de la dernière année, des voix se sont élevées pour exprimer le souhait de tenir une rencontre ou un sommet des partenaires de la forêt privée. Ces rencontres nationales se veulent un lieu d’échange permettant aux principaux intervenants du secteur de définir des orientations quant au développement des politiques gouvernementales liées à la gestion des forêts privées.
Le Sommet de la forêt privée de 1995, la rencontre des partenaires en 2006, suivis de leur rendez-vous en 2011, auront permis entre autres de mettre au monde les agences régionales de mise en valeur, de partager les coûts des programmes d’aide et d’améliorer le programme de remboursement des taxes foncières. Ils auront surtout permis aux partenaires de mettre cartes sur table, puis l’épaule à la roue, pour faire progresser la forêt privée.
Douze ans plus tard, le temps est-il venu de réunir les propriétaires forestiers, le monde municipal, l’industrie forestière et le gouvernement du Québec autour de la table? Après mûre réflexion, et bien que des risques existent toujours à vouloir brasser le statu quo, je crois qu’il est temps que je joigne ma voix à la leur pour réclamer la tenue d’une nouvelle rencontre des partenaires. Il reste en effet trop de choses à accomplir en forêt privée.
À titre d’exemple, le cadre réglementaire dans lequel nous sommes empêtrés doit être revu pour permettre aux propriétaires forestiers de mettre en valeur le potentiel de leurs boisés. Notre coffre à outils est parfois si réduit que j’entrevois mal comment nous pourrons aménager nos forêts pour faciliter leur adaptation aux changements climatiques, pour séquestrer davantage de carbone atmosphérique ou créer des habitats diversifiés au profit de la biodiversité. Les propriétaires forestiers peuvent affronter ces défis du 21e siècle, à condition qu’on leur fournisse la latitude pour intervenir.
Je pense aussi que les partenaires pourraient trouver le moyen de s’entendre sur la nécessité d’accroître et de pérenniser les programmes et mesures destinés à la mise en valeur des forêts privées. Nous l’avons échappé belle cette année alors que des annonces tardives auront permis de sécuriser les budgets destinés à la sylviculture des forêts privées. Toutefois, un précipice se dresse devant nous puisque les budgets pourraient chuter de près de 30 M$ dès l’année prochaine si rien n’est fait.
Par la présente, j’invite mes homologues des partenaires de la forêt privée à faire preuve encore une fois d’ouverture pour amener la forêt privée à un autre niveau. Et si rencontre il y a, j’espère que nous serons tous capables de trouver le moyen de favoriser un printemps des idées au détriment d’un débat stérile.
Gaétan Boudreault
Producteur et président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec
Éditorial paru dans la revue Forêts de chez nous, édition de septembre 2023.