Mise à jour sur le marché américain de l’habitation

Le marché de l’habitation joue un rôle crucial pour l’économie américaine. Effectivement, plusieurs retombées économiques importantes découlent de ses activités. Ainsi, plusieurs statistiques et rapports sont publiés de façon périodique afin de prendre le pouls de ce secteur. Récemment, le dernier rapport sur le marché de l’habitation du US Census Bureau a dressé le bilan du mois de novembre. Ce dernier était très attendu considérant le ralentissement du secteur des derniers mois jumelé aux inquiétudes grandissantes reliées à la croissance économique américaine. Pour les producteurs forestiers, le segment des maisons unifamiliales est beaucoup plus crucial que celui des logements collectifs considérant que la construction d’une résidence dans la première catégorie consomme deux fois plus de bois.

Points positifs

Selon le plus récent rapport du US Census Bureau, la construction résidentielle aux États-Unis a augmenté de 3,2 % en novembre par rapport au mois précédent. Sur une base annualisée, les mises en chantier américaines ont atteint 1,26 million d’unités, dépassant légèrement les 1,23 million d’unités prévues par le consensus de Bloomberg. Cette augmentation provient presque en totalité du segment des logements collectifs, beaucoup plus volatil que celui des maisons unifamiliales. Effectivement, cette catégorie a crû de 22 % par rapport au mois d’octobre, pour atteindre 417 000 unités, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis le mois de mars 2018. Plus spécifiquement, le Sud des États-Unis a largement contribué à ce bilan positif en enregistrant une hausse de 15 % des mises en chantier. Selon la Banque TD, cette forte augmentation est en partie causée par la reconstruction des zones affectées par les ouragans Florence et Micheal. Néanmoins, la robustesse de l’activité de cette région permet d’espérer que le ralentissement de la construction résidentielle américaine observé durant les derniers mois n’est peut-être que passager.

De plus, les demandes de permis ont fait un bond de près de 5 % pour atteindre 1,33 million. Tout comme la hausse des mises en chantier, cet essor dans les demandes de permis provient essentiellement du segment des logements collectifs. En effet, une augmentation en novembre de près de 15 % a été observée par rapport au mois d’octobre. Selon Wells Fargo, les demandes de permis permettent de prévoir que la tendance se maintiendra dans ce segment.

Par ailleurs, la récente annonce du ralentissement dans les hausses de taux d’intérêt par la banque centrale américaine prévu pour 2019 est bien accueillie aux États-Unis. Effectivement, cet assouplissement de la politique monétaire expansionniste pourrait grandement aider à la stabilisation de l’accessibilité au logement. La majorité des économistes s’entendent sur le fait que la récente hausse des taux d’intérêt est l’un des facteurs principaux qui ont réduit l’accessibilité au logement dans les dernières années. Selon la banque JP Morgan, l’impact de la hausse des taux hypothécaires des deux dernières années a grandement réduit la demande pour les maisons. À titre d’exemple, un acheteur avec un paiement mensuel de 2 500 $ US au mois d’octobre 2016 pouvait se qualifier pour un prêt allant jusqu’à 500 000 $ US. Au mois d’octobre 2018, ce même paiement lui permettait un prêt de 443 000 $ US. Même si les taux d’intérêt restent à des niveaux historiquement bas, cette diminution du pouvoir d’achat de près de 10 % impacte négativement le dynamisme du marché de l’habitation aux États-Unis. À cet effet, JP Morgan précise qu’une fois l’ajustement aux nouvelles conditions de marché, le secteur de la construction devrait se redresser.

Points négatifs

En ce qui concerne les mises en chantier de maison unifamiliale, la tendance baissière entamée depuis le mois de septembre se poursuit. Selon le US Census Bureau, ce segment a enregistré une diminution de 5 % par rapport au mois d’octobre. Il s’est construit seulement 824 000 unités, soit la statistique la plus basse depuis 18 mois. Wells Fargo estime que le ralentissement de la construction résidentielle unifamiliale des derniers mois aurait notamment été causé par les feux de forêts en Californie. Effectivement, la région de l’Ouest américain a vu ce type de construction se contracter de près de 25 % en un mois. En raison de la faible augmentation des demandes de permis pour les constructions résidentielles unifamiliales, la banque Wells Fargo prévoit que la croissance pour ce type de bâtiment sera très faible ou nulle pour 2019.

Dans le même ordre d’idée, l’indice de confiance de la National Association of Home Builders (NAHB) a poursuivi sa chute du mois de novembre (-8 points) pour atteindre 56 points au mois de décembre (-4 points). Cette récente baisse de la confiance des deux derniers mois est la plus importante depuis 2001. Une donnée au-dessus de 50 points indique que la majorité des constructeurs perçoivent les conditions du marché de la construction résidentielle comme étant meilleures que mauvaises. Ce niveau reste donc relativement élevé. Cependant, les acteurs du marché seront très sensibles aux prochaines données de ce sondage afin de voir si la tendance baissière de la confiance persiste chez les constructeurs de maison.

À plus long terme, il est important de mentionner que certains changements structurels affectent le marché de l’habitation aux États-Unis. Habituellement, une forte croissance économique jumelée à un faible taux de chômage pousse la demande de maison unifamiliale vers la hausse. Cependant, la croissance limitée des derniers mois dans ce type de bâtiment semble remettre en question cette relation. Selon la banque Wells Fargo, la faiblesse de la corrélation provient d’un changement structurel et non cyclique dans le comportement des consommateurs. Effectivement, la génération des milléniaux retarde davantage l’achat d’une première maison et privilégie les logements locatifs. Plusieurs facteurs expliquent ce comportement qui réduit la demande de maison unifamiliale. L’un des plus importants est certainement un niveau d’endettement anormalement élevé relié aux études postsecondaires qui réduit considérablement le revenu disponible de ce groupe de consommateurs. De plus, ceux-ci ont gradué lorsque le taux de chômage était considérable et n’ont pas encore bénéficié d’une hausse de salaire substantielle leur permettant l’achat d’une première propriété.

Prévisions

Les prévisions des différentes institutions bancaires américaines et canadiennes tablent pour une croissance modeste des mises en chantier pour 2019 aux États-Unis. En effet, même si la plage de prévision est assez large, la médiane des prévisions cible 1,28 million de mises en chantier pour cette année. Une légère hausse par rapport au 1,26 million atteint jusqu’à présent en 2018. Pour l’année 2019, la prévision la plus pessimiste provient de la Banque TD avec 1,24 million et la plus optimiste provient de la banque RBC avec 1,31 million. Basé sur ces estimations, il est possible de conclure que le rythme de production des manufacturiers de produits de construction de bois à destination des États-Unis continuera sans changement majeur pour les prochains trimestres de 2019.

Sources

[The New York Times] 2018. Shiller,Robert The Housing Boom is already Gigangtic. How Long Can it Last? The New York Times. Repéré à https://www.nytimes.com/2018/12/07/business/housing-boom-how-long-can-it-last.html, 3 janvier 2019

[NASDAQ] 2018. 3 Funds to buys as U.S. Housing Gathers Steam. National Association of Home Builders. Repéré à https://www.nasdaq.com/articles/3-funds-to-buy-as-u.s.-housing-gathers-steam-2018-12-27, 3 janvier 2019

[TD] 2019. U.S. Housing Starts and Permits. Repéré à https://economics.td.com/us-housing-starts-and-permits, 4 janvier 2019

[BBG] 2018. U.S. Housing Starts Top Forecasts, Permits Rise to Seven-Month High. Bloomberg. Repéré à https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-12-18/u-s-housing-starts-top-forecasts-on-boost-from-multifamily, 3 janvier 2019

[NAHB] 2019. Economic and Housing Forecast. Repéré à https://www.nahb.org/en/research/housing-economics/economic-and-housing-forecasts.aspx, 4 janvier 2019

[FREDDIE MAC] 2018. Expect Modest Housing Market Growth in 2019. Repéré à http://www.freddiemac.com/research/forecast/20181127_economic_growth.html, 4 janvier 2019

[TD] 2019. Long-Term Forecast. Repéré à https://economics.td.com/ca-long-term-forecast, 4 janvier 2019

[Desjardins] 2018. The Global Economy Continues to Expand in Spite of Numerous Tensions. Repéré à https://www.desjardins.com/ressources/pdf/peft1812-e.pdf?resVer=1545141469000, 4 janvier 2019

[RBC] 2018. Economic and Financial Market Outlook. Repéré à http://www.rbc.com/newsroom/_assets-custom/pdf/fcst-dec2018.pdf, 4 janvier 2019

[CIBC] 2018. Eyeing What comes Next, Next. Repéré à https://economics.cibccm.com/economicsweb/cds?ID=5929&TYPE=EC_PDF, 4 janvier 2019

[Scotiabank] 2018. Uncertainty on the Rise as Trump’s Policies Start to Hurt. Repéré à https://www.scotiabank.com/content/dam/scotiabank/sub-brands/scotiabank-economics/english/documents/forecast-tables/forecast_20181207.pdf, 4 janvier 2019

[Wells Fargo] 2018.Housing Chartbook: December 2018. Repéré à https://www08.wellsfargomedia.com/assets/pdf/commercial/insights/economics/real-estate-and-housing/housing-chartbook-20181205.pdf, 4 janvier 2019

[US CENSUS BUREAU] 2018.Monthly New Residential Construction, November 2018. Repéré à https://www.census.gov/construction/nrc/pdf/newresconst.pdf, 4 janvier 2019

[NAHB] 2018.Housing Market Index (HMI), December 2018. Repéré à https://www.nahb.org/en/research/housing-economics/housing-indexes/housing-market-index.aspx, 4 janvier 2019

[JPM] 2018. The Housing Sector’s Slowdown, November 2018. https://commercial.jpmorganchase.com/pages/commercial-banking/executive-connect/housing-sector-slowdown, 4 janvier 2019

Le point sur les négociations avec les États-Unis dans le dossier du bois d’œuvre

La ministre des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland, et le secrétaire au Commerce des États-Unis, Wilbur Ross, tentent toujours de convenir des termes généraux d’un accord sur les exportations de bois d’œuvre canadien vers les États-Unis. Le maintien du canal diplomatique entre les deux États voisins doit être perçu comme une bonne nouvelle malgré l’absence de résultats. Effectivement, les négociations n’ont finalement pas été interrompues par les tractations entourant le renouvellement de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

construction_FPFQActuellement, les discussions portent sur les termes généraux d’une entente déterminant la part de marché réservée au bois d’œuvre canadien sur le marché américain. À cela, s’ajouteraient diverses exemptions et exclusions devant être négociées. En août dernier, les deux parties ont convenu d’une entente de principe immédiatement rejetée par le lobby américain, composé de scieurs et grands propriétaires forestiers américains ayant déposé la plainte, qui milite plutôt pour un système ferme de quotas ne prévoyant aucune exclusion.

Malgré l’opposition de la coalition américaine, le Canada souhaite convenir des modalités devant prévaloir lorsque la demande sur le marché est forte. Il serait effectivement absurde que les États-Unis augmentent leurs achats de l’étranger, sauf du Canada, lorsque la demande ne peut être comblée par l’industrie américaine et les parts de marché réservées au Canada. Le gouvernement canadien souhaite également convenir d’exemptions sur des produits, des usines et espérons-le, certaines sources d’approvisionnement particulières. À ce propos, la forêt privée fait-elle partie des discussions à propos des exemptions? Probablement pas encore à ce stade-ci.


 

Une exemption revendiquée

La Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) continue de revendiquer une exemption pour le bois d’œuvre produit à partir de bois rond issu des forêts privées. Consultez les 10 arguments mis de l’avant pour revendiquer cette exemption.

Le gouvernement du Québec a déjà indiqué qu’il défendrait une exemption pour la forêt privée ainsi que pour les scieries frontalières bénéficiant historiquement d’une exemption puisqu’elles s’approvisionnent majoritairement en forêt privée. L’équipe de négociateurs fédéraux s’est également montrée sympathique à la cause de la forêt privée. La FPFQ a de nouveau rencontré les autorités politiques fédérales le 15 septembre pour convaincre ces derniers de cette vision où la forêt privée canadienne est sur un pied d’égalité avec la forêt privée américaine. Les producteurs forestiers devraient souhaiter que ce message trouve ensuite écho chez leurs vis-à-vis américains.


Au moment de mettre sous presse, les droits compensateurs préliminaires moyens de 19,88 % sur le bois d’œuvre canadien sont suspendus jusqu’au 14 novembre. À ce moment, le Département américain du Commerce devra annoncer les droits compensateurs définitifs qui pourraient ainsi être appelés à varier en fonction des résultats de l’enquête menée. Quant à eux, les droits antidumping préliminaires de 6,87 % continueront de s’appliquer sans intermittence d’ici janvier 2018.

On peut anticiper une hausse des expéditions de bois d’œuvre canadien à destination des États-Unis cet automne puisque les taxes sur le bois d’œuvre n’atteindront que 6,87 %, comparativement à 26,75 % au cours de l’été dernier. Espérons que cela permettra aux producteurs forestiers d’augmenter temporairement leurs livraisons de bois rond aux scieries. La suspension des droits compensateurs permettra également aux deux parties de poursuivre les négociations, car une fois ces droits finalement déterminés, le Canada pourrait décider d’emprunter la voie juridique. Les actions américaines pourraient être contestées devant les tribunaux commerciaux américains, devant un panel bilatéral tel que stipulé dans l’ALENA ou même devant l’Organisation mondiale du commerce.

Étonnamment, ce conflit n’est plus la seule préoccupation de l’industrie forestière québécoise. Dernièrement, une autre plainte commerciale a été déposée par une compagnie américaine sur les importations canadiennes de papiers non couchés. Ceci pourrait dégénérer en un conflit commercial similaire à celui du bois d’œuvre puisque 10 usines de pâtes et papiers du Québec seraient visées par cette nouvelle enquête. Un jugement négatif occasionnerait un effet domino sur les scieries qui approvisionnent ces papetières en copeaux. L’industrie forestière canadienne pourrait être prise en étau sous le feu nourri des tribunaux commerciaux américains advenant que ces plaintes sur le bois d’œuvre et le papier non couché canadien se concrétisent simultanément.

Vincent Miville, ing. f. M.Sc.
Économiste forestier
2017-09-18

Présentation: évolution de la demande pour le bois de la forêt privée de 1970 à 2020

Alors que la mise en marché du bois rond était presque exclusivement orientée vers la production de bois à pâte, les producteurs forestiers vendent désormais majoritairement du bois de sciage.

Consultez une présentation réalisée dans le cadre du congrès de la FPFQ 2017 portant sur l’évolution de la demande pour le bois de la forêt privée de 1970 à 2020. Cette présentation vous donne un aperçu des volumes de bois disponibles en forêt privée et de l’évolution du marché du bois d’ici à 2020.

Lire la présentation en format PDF.

Le prix du bois d’œuvre décolle

Le Pribec décolle cette semaine alors qu’il enregistre de très forts gains. Cet indice de prix du bois d’œuvre publié par le Conseil de l’industrie forestière (CIFQ) a gagné 35 $/MPMP en une semaine. À titre indicatif, un gain de 20 $/MPMP est considéré comme excellent. Cette augmentation permet à l’indice Pribec de franchir le cap des 500 $/MPMP, exprimant une demande soutenue pour le bois d’œuvre.

2017-02-10 Prix BO

Ce gain pourrait s’expliquer par la taxe sur le bois d’œuvre qui sera vraisemblablement appliquée par les Américains ce printemps. Bien que ces droits compensateurs et antidumping ne soient déterminés qu’à la fin avril ou début mai, ils pourraient être appliqués de manière rétroactive sur les expéditions du début février. La hausse du prix du bois d’œuvre pourrait permettre aux scieurs canadiens de provisionner les frais reliés à l’application potentielle de cette taxe sur le bois d’œuvre.

Les gains semblent gagner toutes les catégories de produits, mais plus particulièrement celles liées au bois de colombage 2×4 de 8 pi (+40 $/MPMP), de 9 pi (+65 $/MPMP) et de 10 pi (+55 $/MPMP). Ceci s’explique par le fait que les scieries québécoises occupent une part non négligeable du marché nord-américain du bois de colombage.

Cette hausse indique pour l’instant que les producteurs canadiens sont en mesure de refiler le futur coût de la taxe aux acheteurs. L’imposition de tarifs douaniers sur le bois d’œuvre canadien aura pour effet d’accroître le prix moyen sur le marché nord-américain. Les taxes préliminaires n’ont pas encore été dévoilées et les marchés s’ajustent par anticipation. Le marché du bois d’œuvre risque d’être volatil à court terme.

Vincent Miville, ing. f. M.Sc.
Économiste forestier
2017-02-14


Sources:
 [PRIBEC] 2017. Marché nord-américain de sciage résineux. Pribec CIFQ. Vol.42 no.6. 10 février 2017.
[PRIBEC] Années multiples. Prix composé Pribec. Pribec CIFQ. Années multiples.

L’impact d’une taxe du bois d’oeuvre sur le prix du bois rond

Les dés sont joués. L’industrie canadienne du bois d’oeuvre se verra sans doute imposer des droits compensateurs et/ou antidumping au cours du printemps sur les expéditions de bois d’oeuvre destinées au marché américain. Déjà, les acteurs du milieu anticipent une taxe de l’ordre de 25 % qui marginalisera les scieurs canadiens, eux qui sont les plus grands compétiteurs des scieurs américains. Les consommateurs américains, les scieries canadiennes, les fournisseurs de bois résineux canadiens et les gouvernements se partageront vraisemblablement la hausse de coût créée par cette barrière tarifaire.

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Les producteurs de bois de la forêt privée subiront assurément des dommages collatéraux, eux qui contribuent à 16 % des approvisionnements des scieries québécoises de bois d’oeuvre. En 2015, ces expéditions de sapins, d’épinettes et de pins gris à destination des scieries ont représenté presque 3 Mm³, soit environ 58 % du volume de bois vendu en forêt privée. Les producteurs forestiers ont raison d’être inquiets.

L’industrie canadienne joue un rôle prépondérant dans le marché américain du bois d’oeuvre. Au cours des trois premiers trimestres de 2016, la demande américaine de bois d’oeuvre a été comblée principalement par les scieurs américains (65 %) et canadiens (34 %). L’imposition d’une taxe aura pour conséquence immédiate de gonfler artificiellement le coût du bois d’oeuvre en provenance du Canada. Cela provoquera une hausse du prix moyen sur le marché américain, à moins que les scieurs américains ne comblent rapidement l’offre. Ce dernier scénario demeure improbable dans la mesure où la production américaine ne peut pas s’accroître substantiellement du jour au lendemain.

Du bois d’œuvre plus cher pour les consommateurs américains

Outre la réduction des parts de marché des scieurs canadiens aux États-Unis, cette hausse de prix du bois d’œuvre est un deuxième objectif poursuivi par les scieurs américains. Ils vendront alors davantage de bois d’œuvre à un prix plus élevé, ce qui décuplera leurs marges de profit. C’est sans compter qu’une proportion des taxes payées par les scieries canadiennes pourrait retourner dans les poches des scieurs américains ayant déposé la plainte. Lors du dernier conflit, les plaignants ont récolté environ 10 % des 5 G$ qui ont été prélevés. Ces éléments justifient amplement la récurrence des accusations portées par les scieurs américains envers leurs concurrents canadiens.

Qui se partagera la facture?

À ce stade, quatre scénarios peuvent être envisagés.

1. Les consommateurs américains pourraient absorber la hausse du coût du bois d’œuvre canadien. La National Association of Home Builders évalue qu’une taxe de 25 % sur le bois d’œuvre canadien aurait pour conséquence d’accroître de 1 300 $ US, en moyenne, le coût de construction d’une résidence unifamiliale. Or, il ne faut pas sous-estimer la plasticité des marchés; d’autres sources d’approvisionnement moins onéreuses surgiront et permettront aux consommateurs d’atténuer la hausse de prix. D’ailleurs, les scieries américaines bénéficieront d’un avantage sur les scieries canadiennes, en raison de la taxe supplémentaire, ce qui leur donnera la possibilité
de vendre en deçà du prix des producteurs canadiens, et ainsi, d’accentuer leur production et d’accroître leur part de marché.

parts de marché - impact bois oeuvre FCN fév 2017

2. Les gouvernements québécois et canadiens pourraient décider d’absorber les coûts de la taxe en mettant en place un système de garanties de prêts à l’industrie dans l’espoir que les tribunaux internationaux statuent en faveur de la position canadienne. Ce soutien permettrait à l’ensemble de la filière de conserver sa structure de coût. Toutefois, est-ce que les gouvernements accepteront de supporter cette facture pendant les années nécessaires à la contestation judiciaire?

3. Les scieries pourraient assumer directement ces coûts. L’ampleur de la taxe anéantira leur marge bénéficiaire et elles essuieront temporairement des pertes. Pas question cette fois-ci de compter sur les sous-produits du sciage tels que copeaux, planures et sciures pour compenser la perte de revenus de bois d’œuvre; il y a déjà trop de stocks de copeaux sur les marchés et la demande pour ces derniers flanche alors que les papetières ferment. Les scieurs miseront sur leurs actifs les plus rentables. Ils scieront le bois le moins cher de leur panier d’approvisionnement. Ils réduiront leur production, mais devraient accroître leur efficacité.

4. Les scieries pourraient refiler une partie des coûts supplémentaires à leurs fournisseurs en exigeant une baisse de prix du bois rond. C’est justement là que le bât blesse pour les producteurs de bois, puisque l’approvisionnement et la manutention du bois rond représentent 59 % de l’ensemble des frais d’exploitation des scieries québécoises. Il y a fort à parier que la chaîne d’approvisionnement en bois (propriétaires forestiers, producteurs/entrepreneurs forestiers et transporteurs) sera appelée à assumer une partie non négligeable des coûts associés à la taxe.

La combinaison de ces scénarios constituera la réalité des prochaines années. Toutes les parties impliquées, à l’exception des scieries américaines, subiront le choc provoqué par la taxe sur le bois d’œuvre. Les consommateurs américains paieront celui-ci plus cher, les gouvernements viendront en aide à l’industrie, les scieurs canadiens verront leurs marges s’effriter et leurs volumes de vente chuter.

Finalement, les producteurs de bois participeront, malgré eux, à l’effort de guerre alors que la capacité de payer des scieries diminuera drastiquement. La demande de bois rond devrait suivre la même tendance que la production canadienne de bois d’œuvre; elle chutera à mesure que les scieurs américains et d’outre-mer accroîtront leurs parts de marché au détriment du Canada. Il y a peu de marché de substitution existant pour ces volumes.

La Fédération des producteurs forestiers du Québec a proposé une approche originale pour éviter une baisse de revenus des producteurs. Elle milite pour une exemption du bois des forêts privées dans le cadre des négociations entourant le dossier du bois d’œuvre.

D’ici là, l’ensemble de la filière devra faire preuve de résilience et la coopération entre les partenaires sera de mise pour se dresser contre cet acte de protectionnisme américain.

Quel impact pour les emplois au Québec ?

Une taxe sur le bois d’œuvre provoquera une réduction de la récolte de bois rond et une baisse du chiffre d’affaires des producteurs de bois.

À titre d’exemple, une baisse de la récolte d’un million de m³ de bois de sciage résineux en forêt privée se traduirait par une baisse de 550 emplois à temps complet dans les sous-secteurs de l’aménagement forestier, de la récolte et du transport de bois. Parallèlement, le chiffre d’affaires reculerait de 66 M$.

En incluant les activités de première et de seconde transformation du bois, on estime à 2 200 les pertes d’emplois à temps complet. Le chiffre d’affaires de la filière chuterait de 606 M$.

Vincent Miville, ing. f. M. Sc.
Économiste forestier

Lire en version PDF:infolettre de février 2017 – Quel sera l’impact d’une taxe du bois d’oeuvre sur le prix du bois rond? + Dates des assemblées de nos syndicats et offices

Modeste progression du rythme des mises en chantier aux États-Unis en 2016

Le rythme des mises en chantier a progressé de 6 % en 2016 aux États-Unis pour atteindre 1,17 million d’unités. Ces résultats confirment une progression modeste, mais durable de la construction résidentielle américaine. Un fait d’armes fut accompli au cours du mois d’octobre lorsque le rythme a fracassé le niveau de 1,3 million d’unités, du jamais vu depuis 2007. Toutefois, la reprise est encore une fois plus lente qu’anticipée, alors que les prévisionnistes tablaient sur une hausse du rythme de 100 000 unités en 2016 plutôt que les 68 000 enregistrées.

2017-01-18 Graph chantier

Le rythme des mises en chantier pour le mois de décembre atteint 1,23 million d’unités, en hausse de 11 % sur le mois précédent et de 6 % par rapport à décembre 2015. La volatilité s’est installée dans ce marché depuis la fin de l’été. En effet, le rythme des mises en chantier a chuté de 10 % en septembre. Il a ensuite repris 25 % en octobre, pour perdre 17 % le mois suivant et terminer l’année avec une hausse de 11 %.

2017-01-18 Tableau chantier

La volatilité des mises en chantier provient principalement du segment des logements multiples. Au cours du deuxième semestre, ces constructions ont oscillé entre 0,26 million et 0,47 million d’unités. Parallèlement, le rythme des mises en chantier de résidences unifamiliales a poursuivi sa croissance de manière beaucoup plus constante. Le rythme de construction des résidences unifamiliales a crû de 10 % en 2016, pour atteindre 0,78 million d’unités, alors que le rythme de construction de logements multiples a plutôt baissé de 3 % cette année, pour atteindre 0,37 million d’unités. C’est donc dire que la croissance des mises en chantier en 2016 fut exclusivement réalisée dans la catégorie des résidences unifamiliales.

Cette statistique est très intéressante puisqu’elle confirme la confiance des Américains dans le marché immobilier, et elle reflète la capacité des ménages à réinvestir le marché des résidences unifamiliales plutôt que le marché des copropriétés. Même si globalement la croissance des mises en chantier est au-deçà des attentes, le fait est que la résilience du marché des résidences unifamiliales est beaucoup plus intéressante pour l’industrie forestière. En fait, la construction d’une résidence unifamiliale multiplie l’utilisation de produits du bois comparativement à la construction d’une unité résidentielle dans un complexe à logements multiples.

La Banque de Montréal s’attend à ce que le rythme des mises en chantier aux États-Unis atteigne 1,32 million d’unités en 2017, en hausse de 0,15 million d’unités sur un an. La forte croissance anticipée en 2017 contrastera avec 2018 qui devrait se solder par une croissance de seulement 0,04 million d’unités.

Du côté canadien, le rythme annuel des mises en chantier en 2016 a atteint 198 000 unités, en hausse de 4 000 unités par rapport à 2015. Ceci ne cesse d’étonner les économistes alors que les provinces de l’Ouest sont durement touchées par la crise pétrolière. La Banque de Montréal entrevoit une baisse du rythme des mises en chantier à court-terme. Ce rythme devrait osciller entre 180 000 et 185 000 unités en 2017 et 2018.

Vincent Miville, ing. f. M. Sc.
Économiste forestier


Sources:
[BMO] 2016. Canadian Economic Outlook. BMO Capital Markets. 13 janvier 2017.
[BMO] 2016. United States Economic Outlook. BMO Capital Markets. 13 janvier 2017.
[SCHL] 2016. Le marché de l’habitation : Données provisoires sur les mises en chantier. Société canadienne d’hypothèques et de logement. Janvier 2017.
[USCB] 2016. New Residential Construction. United States Census Bureau. 19 janvier 2017.

Le Québec enregistre la plus forte hausse de production de bois d’œuvre en Amérique du Nord

De janvier à septembre 2016, la production nord-américaine de bois d’œuvre a atteint 46,2 G PMP, en hausse d’un peu plus de 5 % comparativement à la période correspondante l’année dernière. La production américaine s’est chiffrée à 3,4 %, tandis que la production canadienne a grimpé à près de 8 %.

Le Québec a encore une fois fait bonne figure en enregistrant une hausse de plus de 16 % sur un an, pour atteindre une production de 4,9 G PMP en l’espace de neuf mois. Cette hausse est de loin la meilleure enregistrée parmi toutes les régions d’Amérique du Nord. Toutes les provinces canadiennes, à l’exception de l’Alberta, ont surpassé la croissance de production survenue dans toutes les régions des États-Unis.

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À pareille date l’an dernier, la production du Québec équivalait à 21 % de la production canadienne et à 10 % de la production nord-américaine. Ces parts de marché sont passées respectivement à 23 % du Canada et 11 % de l’Amérique du Nord. Le Québec a connu une croissance de production de 0,67 G PMP (670 M PMP) en neuf mois. À titre indicatif, cette production supplémentaire équivaut à trois fois la capacité de production annuelle d’une scierie de grande taille, telle que celle d’Arbec à Péribonka, ou plus de sept fois la capacité de Clermond-Hamel.

Vincent Miville, ing. f. M.Sc.
Économiste forestier


Sources:
[RL] 2016. Canada sets the pace in lumber production increase. Random Lengths 72(50). 9 décembre 2016.
[RL] Années multiples. North American Lumber Output. Random Lengths. Années multiples.
[SC] Années multiples. CANSIM 303-0064 – Production, livraisons et stocks de bois d’oeuvre, selon le Canada et les provinces. Statistique Canada. Années multiples.

Les mises en chantier fracassent la barre des 1,3 M d’unités en octobre

Les mises en chantier fracassent la barre des 1,3 M d’unités en octobre pour la première fois depuis août 2007. Plus précisément, les mises en chantier aux États‑Unis ont atteint un rythme annualisé de 1 323 000 unités en octobre 2016 après avoir essuyé un mois de septembre plus que décevant.

La cadence a rebondi de 26 % sur une base mensuelle alors qu’elle avait plutôt ralenti de 9 % au cours du mois précédent. Sur une base cumulative, le rythme des mises en chantier augmente pour l’instant de 7 % en 2016, comparativement à 2015 alors que la majorité des analystes tablaient plutôt sur une croissance avoisinant les 10 %.

Ces nouvelles données encourageront l’industrie forestière, car la construction résidentielle est un vecteur important du marché des produits forestiers générant 28 % de la demande de bois d’œuvre et 50 % de la demande de panneaux OSB aux États-Unis.

Mises en chantier (milliers d’unités)

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Le rythme de construction des unités résidentielles en logements multiples s’est rattrapé après avoir trébuché le mois précédent. Celles-ci sont  passées de 422 000 unités en août à 255 000 unités en septembre, pour ensuite rebondir de 75 % et revenir à un seuil plus normal de 445 000 unités en octobre. Ce rythme est supérieur de 29 % à celui du mois d’octobre 2015. Globalement, le rythme des mises en chantier de logements multiples est demeuré sensiblement le même en 2016 qu’en 2015 (-1 %). C’est donc dire que la hausse des mises en chantiers aux États‑Unis est principalement attribuable à l’augmentation de la cadence de constructions résidentielles unifamiliales.

Le rythme annuel des mises en chantier de résidences unifamiliales a atteint 869 000 unités, en progression de 26 % par rapport au mois précédent. La demande pour les résidences unifamiliales poursuit sur sa lancée, alors qu’il s’en construit 11 % de plus en 2016 par rapport à 2015. Il s’agit là d’une bonne nouvelle pour les manufacturiers de produits de construction en bois puisque la construction de ces résidences génère une demande accrue comparativement aux résidences à logements multiples.

Mises en chantier (milliers d’unités)

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Une région de prédilection pour les exportations québécoises de bois d’œuvre, le nord-est des États-Unis, a vu ses mises en chantier de résidences unifamiliales augmenter de 11 % sur une base mensuelle. Encore mieux, la progression atteint 18 % en 2016 comparativement à 2015. Les mises en chantier, incluant celles de logements multiples, ont atteint 139 000 unités en octobre dernier, soit un rythme plus de deux fois supérieur à celui enregistré pendant la crise immobilière. Les mises en chantier de logements multiples y ont redécollé plus rapidement à compter de 2013, mais maintenant, celui des mises en chantier de résidences unifamiliales se raffermit. 

Mises en chantier dans le nord-est des États-Unis (milliers d’unités)

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Les demandes de permis aux États-Unis ont, pour une deuxième fois consécutive, atteint la barre des 1,2 M d’unités. Il s’agit d‘une bonne nouvelle, car ces demandes reflètent généralement le rythme de construction résidentielle qui aura lieu dans trois ou quatre mois. Les demandes de permis ont atteint 1 229 000 unités désaisonnalisées en octobre, ce qui est actuellement inférieur aux mises en chantier, mais tout de même mieux que le rythme enregistré en début d’année.

Du côté canadien, le rythme annuel des mises en chantier a régressé de 12 % au cours du dernier mois, pour atteindre 193 000 unités. Le rythme des mises en chantier demeure stable sur une base annualisée (+2 %), et ce, malgré la récession ayant cours dans les provinces productrices de pétrole.
Vincent Miville, ing. f. M. Sc.
23 novembre 2016


Source:
[SCHL] Société canadienne d’hypothèques et de logement. 2016. Le marché de l’habitation : Données provisoires sur les mises en chantier. Novembre 2016.
[USCB] United States Census Bureau. 2016. New Residential Construction. 17 novembre 2016.

L’épinette de Norvège approuvée pour la construction aux États-Unis

L’American Lumber Standards Commitee (ALSC) a approuvé l’utilisation de l’épinette de Norvège dans la construction aux États-Unis. Le bois d’œuvre de cette essence pourra dorénavant servir pour du colombage, pour les planchers, pour les solives de plafond et pour différentes applications industrielles. Fait étonnant, aucune autre essence d’arbre n’avait été certifiée depuis les années 1920.

C’est la Northeastern Lumber Manufacturers Association (NELMA) qui est à l’origine des tests réalisés sur cette essence présente dans le nord-est américain. Au total, 1 320 pièces de 2×4, 2×6 et 2×8 furent examinés. Or, il appert que 65 % des pièces relevaient d’une qualité #2 et mieux, ce qui permettra à cette essence d’intégrer le groupe d’essences de qualité SPF-S (spruce-pine-fir south), une combinaison d’essences de bois d’origine américaine. Ce groupe d’essences présente une qualité inférieure en résistance mécanique comparativement aux essences de bois généralement retrouvées au Québec, soit SPF (spruce-pine-fir). Six ou sept scieries québécoises détiennent actuellement l’étampe SPF-S leur permettant de transformer ces essences et de vendre ce bois d’œuvre aux États-Unis.

Groupe d’essence pour la classification du bois d’œuvre

SPF SPF-S
Épinette blanche Épinette blanche
Épinette noire Épinette d’Engelmann
Pin gris Épinette de Norvège*
Sapin baumier Épinette noire
Épinette de Sitka
Pin gris
Pin rouge
Pin tordu
Sapin baumier

Cette intégration à la classification du bois d’œuvre est un débouché intéressant pour les plantations d’épinette de Norvège du nord-est de l’Amérique du Nord. En premier lieu, ces plantations furent établies pour approvisionner l’industrie papetière. Depuis la dégringolade de cette industrie, l’épinette de Norvège avait perdu son utilité, outre quelques utilisations sporadiques, et se trouvait donc sans preneur.

Pour l’instant, seule l’épinette de Norvège du nord-est des États-Unis peut être intégrée à la classification SPF-S. Les producteurs de bois québécois devront attendre la fin de tests sur l’épinette de Norvège en provenance du Québec avant de pouvoir espérer trouver un débouché pour leurs nombreuses plantations. Ces tests, entrepris par FPInnovations de concert avec le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), devraient être complétés au printemps 2017. Au moment de réaliser le dernier calcul de possibilité forestière en forêt privée, on dénotait un volume d’au moins 1,5 Mm³ de bois marchand d’épinette de Norvège en forêt privée au Québec.

Volume de bois marchand d’épinette de Norvège par territoire d’agence régionale de mise en valeur des forêts privées
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Vincent Miville, ing.f. M.Sc.
Économiste forestier


Sources : [BDC] 2016. Norway spruce approved for wall studs, floor and ceiling joists, industrial applications. Building Design + Construction. 1er novembre 2016.
[CIFQ] 2016. Estampille de qualité. Conseil de l’industrie forestière du Québec. 3 novembre 2016.
[CIFQ] 2016. Communications personnelles – Denis Rousseau. 8 novembre 2016.
[NELMA] 2016 a. Norway Spruce Q&A. Northeastern Lumber Manufacturers Association. 27 octobre 2016.
[NELMA] 2016 b. NELMA announces addition of new species to SPFs grouping – Norway spruce inclusion represents industry firts. Northeastern Lumber Manufacturers Association. 27 octobre 2016.
[QWEB] 2016. The SPF Group. Quebec Wood Export Bureau. 3 novembre 2016.
[WCLIB] 2004. Standard grading and dressing rules for lumber. West Coast Lumber Inspection Bureau. 1er janvier 2004.
[WSP et FPFQ] 2015. Détermination de la possibilité de récolte forestière régionale. Rapports multiples produits pour les Agences régionales de mise en valeur de la forêt privée. 2014-2015.

Les scieurs de résineux québécois maintiennent leur production

La production québécoise de bois d’œuvre poursuit sur sa lancée. De janvier à août 2016, les scieries résineuses québécoises ont augmenté de 17 % la cadence de leur production, comparativement à 2015. Au cours des huit premiers mois de 2016, pas moins de 4,29 G PMP ont été sciés au Québec. Si le rythme des scieries se maintient, la production atteindra 6,71 G PMP cette année. Ce rythme, le meilleur en une décennie, ne représente pas encore tout-à-fait la cadence de l’industrie avant qu’elle ne soit secouée par la crise forestière.

Le Québec est la province ayant le mieux fait à ce chapitre en 2016. Dans son ensemble, la production canadienne a augmenté de 8 % en 2016. Plus spécifiquement, l’Alberta (+ 2 %), la Colombie-Britannique (+ 4 %) et les autres provinces canadiennes (+ 12 %) ont toutes vu leur production augmenter en 2016, mais à un degré moindre que le Québec (+ 17 %). La part du Québec dans la production canadienne de bois d’œuvre atteint désormais 23 % après avoir périclité quelquefois sous le seuil des 16 % pendant la crise du bois d’œuvre.

Au mois de mai 2016, les inventaires québécois de bois d’œuvre atteignaient 0,90 G PMP, en baisse de 2 % par rapport au mois précédent, mais en hausse de 5 % sur une période d’un an. Pour l’instant, ces inventaires représentent 1,76 fois la production mensuelle actuelle. Les inventaires du Québec sont plus élevés en moyenne qu’au Canada, alors que la moyenne nationale des inventaires de bois d’œuvre s’élevait en août à 1,21 fois la production mensuelle.

La demande soutenue, un prix intéressant sur les marchés et la période de libre-échange d’un an entre les États-Unis et le Canada sur le bois d’œuvre ont tous grandement stimulé la production québécoise. Les scieurs canadiens tenteront de poursuivre la cadence au cours des prochains mois afin d’écouler un maximum de leur production avant l’imposition de droits compensateurs par les États-Unis.

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Vincent Miville, ing.f. M.Sc.
Économiste forestier


Sources : [SC] 2016. Cansim 303-0064 Production, livraisons et stocks de bois d’œuvre. Statistique Canada. 2 novembre 2016.
[CIFQ] 2016. Pribec – Marché nord-américain de sciage résineux. Conseil de l’industrie forestière du Québec. Années multiples.

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