L’univers de la tronçonneuse est vaste, mais votre magazine Forêts de chez nous a demandé à quelques experts d’évaluer des scies mécaniques destinées aux forestiers aguerris. Quels sont les bons modèles? Voici les réponses.

Rien de tel qu’un dépositaire qui vend sous un même toit les marques Stihl, Husqvarna et Echo pour établir des comparaisons. Et c’est le cas de Marco Resendes, conseiller et mécanicien spécialisé en scies mécaniques à la Coop Nutrinor de Chicoutimi. Celui-ci précise d’entrée de jeu qu’il n’y a pas, selon lui, de différences majeures entre Stihl et Husqvarna. « Ces deux compagnies proposent une gamme de scies professionnelles avec des technologies similaires. Elles sont équipées de carburateurs contrôlés électroniquement, de systèmes antivibration et de freins semblables. Les deux misent sur des châssis en magnésium et offrent l’option « hiver » avec poignées et carburateur chauffants, etc. En règle générale, les scies professionnelles de ces deux manufacturiers se situent dans la même fourchette de prix ». résume M. Resendes. Mais il y a de légères différences… 

Husqvarna

« Les Husqvarna sont conçues pour être plus étroites. L’ergonomie de la scie donne une meilleure prise en main et l’impression d’avoir une machine plus légère. La chaîne de certains modèles tourne aussi un peu plus vite que celle d’autres marques. Alors au final, même si la différence est mince, je dirais que les Husqvarna sont un peu plus performantes », explique M. Resendes.

Jonsered, le retour

La marque Jonsered appartient à Husqvarna (Husqvarna a été elle-même achetée par Electrolux en 1978). Or, les scies mécaniques Jonsered misent sur la même technologies que les Husqvarna et, malheureusement pour les adeptes de la marque, les efforts de mise en marché ont diminué chez Jonsered ces dernières années. 

Ainsi, plusieurs boutiques spécialisées pour forestiers ont pris la décision de délaisser cette marque pour se concentrer sur Husqvarna. Mais la situation changera, assure Stephen Clark, directeur de la marque Jonsered. « La marque a souffert dernièrement, c’est vrai. Mais nous désirons regagner les parts de marché chez la clientèle professionnelle. Nous rebâtirons le réseau de concessionnaires. C’est le retour de Jonsered », affirme-t-il.

Crédit photo : Martin Ménard

Stihl

« Les Stihl offrent de bonnes performances tout en étant un peu plus fiables. À vrai dire, chez Husqvarna, on constate parfois de petits bris. Par exemple, les clips qui retiennent le capot vont briser plus souvent, ou les vis du silencieux vont prendre du jeu; des problèmes que tu vois moins chez Stihl », fait remarquer M. Resendes. Son collègue Philippe Potvin, de la succursale d’Alma, précise que les pièces d’usure chez Stihl sont bien situées et se changent facilement. 

 

Echo

Les scies Echo comportent d’excellentes composantes, mentionne Marco Resendes. « Mais elles sont fabriquées un peu plus à l’ancienne. Sans être nécessairement plus lourdes, les scies paraissent plus imposantes et leur conception est moins ergonomique. Les deux points forts des tronçonneuses Echo sont sans contredit leur prix [presque la moitié de celui des Stihl et Husqvarna comparables] et la garantie de cinq ans, tout simplement la meilleure. » Le conseiller de Chicoutimi mentionne que les Echo démarrent facielement, peu importe les conditions : « Tu peux les faire dormir dehors à -20 °C, et le lendemain, elle « décollent » sans problème. » Les Echo ne possèdent pas l’option des poignées chauffantes ni le carburateur contrôlé électroniquement.

Éric Viens, propriétaire de Laganière Mini-Moteur à Saint-Hyacinthe, abonde dans le même sens. Les scies Echo affichent une technologie moins avancées et elles sont moins orientées vers la performance que les Stihl et Husqvarna, mais « elles ne sont vraiment pas chères [450 $ pour une 60 cc], elles sont simples d’utilisation et fiables mécaniquement. En un mot, un gars qui achète une Echo n’est pas toujours rendu au garage et il en a pour son argent », indique-t-il.

Laganière Mini-Moteur

Shindaiwa

La marque Shindaiwa appartient maintenant à Echo. En entrevue avec Forêts, Pascal Thivierge, directeur de territoire pour Echo, explique que les scies mécaniques Shindaiwa ne respectaient pas les normes de pollution américaines. Pour continuer à les vendre, la compagnie utilise des modèles Echo aux couleurs de Shindaiwa. « Pour l’instant, il n’y a donc pas de différence entre les deux marques. C’est exactement la même conception et les mêmes moteurs Echo, qui sont d’ailleurs les seuls de l’industrie à être garantis cinq ans et testés pour 2 500 heures », révèle M. Thivierge. Éventuellement, la conception pourrait différer entre les tronçonneuses Echo et Shindaiwa, souligne Pascal Thivierge. 

Une 42 cc pour les forestiers professionnels!

Le bûcheron professionnel a le réflexe d’opter pour une scie puissante. Un modèle avec de la « gâchette », de 61 cc par exemple. Mais oublions la virilité et concentrons-nous sur la maniabilité afin de gagner du temps en forêts, dit Yann Allard, gérant des services techniques et de la formation chez Stihl. « Je propose souvent la scie de 42 cc, plus légère et maniable. Elle entraîne moins de fatigue chez l’opérateur, ce qui lui permet de garder un bon rythme de travail tout au long de la journée », décrit M. Allard. Ce dernier affirme que les techniques d’abattage et d’ébranchage enseignées dans les écoles spécialisées du Québec font appel à des techniques scandinaves qui préconisent l’usage de petites scies. C’est pourquoi on remarque de plus en plus de bûcherons au Québec qui se tournent vers des scies de plus faible cylindrée dotées d’une lame courte. « Pour diminuer la fatigue lors de l’ébranchage et accroître la rapidité d’exécution [ainsi que la sécurité du bûcheron], l’une des techniques scandinaves consiste à faire constamment porter la scie par le tronc. Avec un long guide-chaîne de 51 cm [20 po], si tu t’appuies sur le tronc, ta lame touchera le sol. D’où l’avantage d’une lame courte, par exemple de 38 cm [15 po] », précise-t-il.

Plusieurs bûcherons préfèrent un long guide-chaîne qui leur évite de se pencher lors de l’ébranchage. « C’est moins pénible pour le dos », arguent-ils. Yann Allard préconise l’inverse. « Avec un long guide-chaîne, tu déportes le poids de la scie loin de ton corps, ce qui accroît les efforts lombaires. Et tu t’obliges à soulever la scie inutilement à répétition. La chaîne déraille aussi plus facilement », explique celui qui est bûcheron à ses heures. Même parmi les faibles cylindrées comme celles de 42 cc, il existe des modèles de grade professionnel.

Évidemment, ce type de scie n’est pas appropriée pour tous les travaux. « Si tu coupes de l’érable gelé, une machine de 42 cc sera limitée en termes de rendement. J’opterais alors pour une 50 cc. Et pour débiter une pile de bois [grumes], une scie de plus de 60 cc est de mise », explique M. Allard.

Article paru dans la revue Forêts de chez nous, édition février 2016.